"Ces revêtissements ne s’aperçoivent guere aujourd’hui, par la quantité d’échopes et autres petits bâtiments qu’on a laissé construire autour des murs. Insensiblement on se laisse gagner par l’importunité ou la commisération, en sorte que par succession de temps on oublie la bienséance. Le Spectateur se trouve choqué, principalement, l’Etranger, de voir à l’entrée de nos Maisons Royales, un ridicule amas d’échopes, de baraques, etc. qui en nuisant au coup d’oeil, altère la beauté des formes, et s’oppose à la convenance qu’on devrait observer essentiellement dans tout ce qui concerne les Palais des Grands, et qu’on ne néglige même que trop souvent dans les monuments élevés à la piété des fidèles.
Certainement c’est un grand obstacle pour l’aspect de l’entrée du Château de Versailles, d’une structure d’ailleurs assez irrégulière, que d’y remarquer tant d’objets vils et méprisables qui s’accordent si peu avec la majesté des lieux. Qu’on ne s’y trompe pas, les dehors d’un Palais de cette importance exigent de l’attention. Ordinairement l’impression qu’on se fait de l’entrée d’un Edifice, nous suit dans le dedans. De cette impression naît plus ou moins de satisfaction, et lorsque l’ame se trouve mieux disposée par des dehors heureusement conçus et dirigés par un oeil surveillant, l’esprit prend plus de part à l’examen des choses qu’il contemple, d’où il résulte toujours un bien réel par les connaissances que l’Amateur et l’Artiste veulent acquérir."
Jacques François Blondel
Architecture française - Livre VII - Chapitre II
Novembre 1755
Pour découvrir l’histoire de ces échoppes, lire le chapitre « Les boutiques du château de Versailles » in « Les inconnus de Versailles » par Jacques Levron, Ed. Perrin, 1968.