Cher Monsieur,
Depuis le 3 juillet, il est devenu impossible, même en payant, d’ accéder le matin (et vous connaissez la beauté des matins dans ce jardin) à ce qui a été inclus dans le « Domaine de Marie-Antoinette ». De même, l’ une des plus belles promenade du Parc, à mon sens, partant de la ferme du Hameau, passant par l’Orangerie de la Reine, et descendant vers le Grand Trianon puis le Grand Canal est désormais interdite au public.
L’ accès payant ne suffisait pas sans doute, et c’ est donc tout un ensemble de décisions qui ont été prises très discrètement (les multiples émissions TV de « prestige » sur Marie-Antoinette et son Domaine, que nous avons suivi, benêts que nous étions !, avec passion, n’ en ont bien sûr pas soufflé mot.), organisant la fréquentation de cette partie du Parc prioritairement pour les touristes payants (cheminement « radial » depuis le château) et mettant sur la touche les promeneurs gratuits, les familiers, les « comtemplatifs », les rêveurs, dont vous parlez si bien dans votre livre.
Bien sûr je ne sais pas quelle part vous avez pris dans cette décision qui est à coup sûr une mauvaise manière, au sens fort. J’ imagine aussi que vous êtes tenu à un certain devoir de réserve. Mais j’ aimerais tout de même savoir ce que vous en pensez, au nom de l’ amour que vous et moi (et bien d’ autres.) portons au Parc, et plus précisement à ces jardins de Trianon. Est-ce irrémédiable ? Faire payer ces jardins, c’ est déjà une mauvaise décision, mais bien banale.. En bloquer l’ accès dans l’ espace et dans le temps, c’ est incompréhensible car cela va à l’ encontre de toute la logique de ces jardins et surtout de leur inclusion dans l’ ensemble du Parc. Il n’ y a pas forcément loin de la touristification en cours à la « disneylandisation ».
S’ il devait apparaître incontournable de faire payer le cochon de payant, ne pourrait-on pas réserver cette épreuve aux « vrais touristes », qui de toutes façons ont payé pour venir et voir ? Et exonérer via des subventions territoriales les riverains (au niveau des communes, du Département, ou mieux, de la Région). Totalement utopique sans doute.
Ou bien ne faire payer que l’ entrée aux principaux monuments et laisser le jardin ouert à la circulation ordinaire ?
Au moins, ne pourrait-on pas faire un effort et réouvrir (avec guichets.) le passage de la Ferme et celui de l’ Orangerie de la Reine, et ceci toute la journée ? L’ argent récolté aux caisses pourrait au moins servir à payer de jeunes guichetiers qui à leur tour.
Bien à vous, en espérant une réponse,
Merci à Yves de nous avoir autorisé à reproduire sa lettre.