Le musée est-il… une entreprise comme les autres ?
par Jean-Michel Tobelem | 24.10.06
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Ce texte nous a été adressé par Jean-Michel Tobelem, docteur en gestion, spécialiste de l’économie des musées, auteur de nombreux ouvrages sur la question, notamment « Le nouvel âge des musées », ed. Armand Colin, 2005. Si J.M. Tobelem réfute ici l’assimilation de l’institution muséale à une entreprise commerciale, il constate l’accroissement récent de son prix d’accès « bien au-delà de l’inflation », le jugeant dommageable à l’accès du plus grand nombre. Il se prononce pour une modération de la tarification et se dit favorable à « jouer la carte de la gratuité », « quand cela est possible ». Nous remercions vivement Monsieur Tobelem pour sa contribution.
Nos dirigeants pensent comme Robespierre
"Gros problème : on n’a même pas pris le temps de restaurer des plafonds dont les peintures s’écaillent (Pavillon Français, Laiterie de propreté du Hameau). Il fallait aller vite. Pourquoi ?... Mais surtout, on se moque du visiteur... à une époque où l’on ne parle que de respect. Il n’a qu’à prendre ce qu’on lui donne, et surtout payer.
C’est cela la culture !
Les grands hommes du dernier XXe siècle doivent se retourner dans leur tombe. Je pense à des savants comme Dumézil, à des écrivains comme Camus, même si l’on est loin de Versailles. Il est vrai que l’Europe et la finance qui nous gouvernent n’ont que faire de grands hommes. Trop dangereux. Ils pensent ! Ils voient, comprennent et jugent (ordre défini par Kant). Mais ne jugeons pas nos gouvernants, ni nos dirigeants. Ce sont de bons vieux jacobins. Robespierre ne disait-il pas : « Le peuple veut le bien mais il ne le voit pas toujours », à charge pour lui de « l’éclairer ». Je pense qu’à Versailles, on veut s’aligner sur cette fine réflexion... Alors on lui donne à voir, on l’éclaire."
Un conservateur du patrimoine | 27.09.06
Nous publions avec d’autant plus d’intérêt cette réaction vive qu’elle émane d’un homme de la profession dont comprennons qu’il préfère garder l’anonymat. Cela démontre que la dérive commerciale des musées nationaux, ici Versailles, est loin de faire l’unanimité parmi ceux qui ont la charge d’étudier notre patrimoine avec le souci de le transmettre intact aux générations futures.
Encore un deuil à faire...
"En effet je me suis cassé le nez fin août. C’est très désagréable ; une escapade au Hameau était toujours un moment de bonheur .. encore un deuil à faire. Les aménagements marketing pour canaliser et faire payer les visiteurs font une horrible protubérance à côté du Petit-Trianon, dont la perfection vient en grande partie de la pureté du volume, appréhendable dans sa totalité de bien des points.
Je conçois assez bien que les musées soient payants, à un niveau mesuré, mais les domaines nationaux étaient en principe dédiés à l’usage gratuit de tous."
Dominique Césari | 22.09.06
D.Cesari est l’auteur de l’incontournable guide « Les jardins des Lumières en Ile-de-France », 2005, éd. Parigramme.
Il est également à l’origine d’un site très complet sur les parcs à fabriques
Rendre la liberté au Domaine de la Reine
"L’idée de faire payer, pour un prix modeste, l’accès au Domaine du Petit Trianon, dans un souci de protection et de conservation était une bonne idée sur le papier. Mais refuser l’accès le matin au Domaine, réserver une seule entrée par le Petit Trianon provoquant des soucis de circulation et ne permettant plus l’accès par la belle porte de la Ferme avec la rencontre pour tous des animaux .... n’est pas acceptable.
De plus, la « marée » des touristes se groupant à l’entrée du Domaine, et de nombreux visiteurs ne connaissent point l’histoire des lieux n’apportent aucune nouveauté à la visite.
Je suggère de rendre la liberté au Domaine de la Reine toute la journée et organiser à des heures régulières avec soit des conférenciers du château, soit des personnes privées spécialistes du sujet qui se feraient un plaisir de conduire, gracieusement, des visiteurs en racontant la vie et les traditions de la fin du XVIII° siècle montrant le véritable visage de Marie-Antoinette. Je pense que les Conservateurs du Château après ces trois mois d’ouverture feront le bilan de cette saison d’ouverture et proposerons une autre manière de conduire le circuit pour 2007.
Merci d’avoir lu ces quelques impressions d’une modeste spécialiste de la Reine Marie-Antoinette."
Michèle Lorin, Paris | Association Marie-Antoinette
Non, la gratuité ne nuit pas...
Lire la réaction de Jean-Louis Sagot-Duvauroux , homme de théâtre et auteur notamment d’un ouvrage de réflexion sur le thème de la gratuité