Novembre 2004. Au moment où nous nous mobilisions contre la suppression de gratuités catégorielles par le Louvre, le Figaro [1] révélait que les 130 000 salariés du groupe TOTAL allaient bénéficier de cette même gratuité pendant dix ans en contrepartie du mécénat de leur entreprise [2].
Nous découvrirons par la suite que des salariés d’autres entreprises privées bénéficient du même passe-droit comme ceux du CRÉDIT LYONNAIS jusqu’en 2009 [3]. La direction du Louvre se fait discrète sur le sujet et refuse de fournir une liste. Tout juste évoque-t-elle sur son site un « accueil privilégié des salariés des entreprises partenaires ». Mais cela doit concerner pas mal de monde si l’on consulte la liste des entreprises mécènes du Louvre qui s’allongent d’année en année, le Musée revendiquant « un service à part entière regroupant une vingtaine de personnes » consacré au mécénat.
Mais ce qui est vrai pour le Louvre l’est pour d’autres sites car ce bénéfice est inscrit comme une contrepartie possible dans la loi en faveur du mécénat du 1er août 2003.
Ainsi, au domaine de Versailles, les salariés de VINCI, mécène pour la restauration de la Galerie des Glaces, bénéficient, de 2004 à 2008, de la gratuité d’accès « aux Grands Appartements, à la Galerie des Glaces et aux jardins ». Mais pas aux autres sites du domaine, ce qui est, du reste, plutôt mesquin.
Ces grandes institutions publiques que sont le musée du Louvre ou le domaine de Versailles, comme gênés, refusent de communiquer sur ces privilèges accordés à des entreprises privées.
Ce type de gratuité est absente des listes des catégories exonérées du droit d’entrée.
[1] « Mais être mécène ne se circonscrit pas à la seule générosité matérielle. Etre mécène, c’est aussi faire comprendre à sa propre entreprise en quoi elle peut être fière d’être ainsi impliquée. Avec le Louvre, ce n’est pas difficile et les heureux salariés de Total (130 000 personnes) vont disposer de privilèges que leur envieront bien des citoyens : pendant dix ans, et sur présentation de leur badge, les »Total« pénétreront gratuitement dans le plus beau musée du monde. Evidemment, cela concerne surtout les 10 000 employés franciliens, mais c’est pas mal pour la reconnaissance des biens fondés et des bienfaits du mécénat, comme le sont les conférences, dont certaines ont lieu au siège, à l’heure du déjeuner, à la Défense, et connaissent un gros succès, les visites spéciales, les rencontres qui sont organisées par les deux parties. » in « Un mécène indispensable et vigilant »par Armelle Héliot, Le Figaro | 26.11.04
[2] TOTAL a financé la restauration de la Galerie d’Apollon du Louvre à hauteur de 4,5 millions d’euros sur un total de 5,2 millions d’euros.
[3] Environ 30 000 salariés