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Les musées de Lyon vers toujours plus de gratuités

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Bernard Hasquenoph | 2/10/2009 | 18:10 |


Faute d’opter pour une gratuité totale, la ville dirigée par le socialiste Gérard Collomb déploie un arsenal de mesures tarifaires pour faciliter l’accès de tous dans ses musées, sans presque oublier personne

Dispositif supprimé en septembre 2015, avec la fin de la gratuité des 18-25 ans, remplacée par une carte destinée à un public d’habitué(e)s. Il parait que c’est un progrès… Plusieurs formules de cartes sont proposées : www.lyon.fr

02.10.09 | JUSQUE LÀ, les six musées gérés par la municipalité lyonnaise étaient gratuits pour tous les habitants de... Marseille. Et ils le resteront. Cette cocasserie née d’une charte de coopération inter-villes il y a dix ans [1] s’ajoute au même bénéfice accordé aux ressortissants de la dizaine de villes jumelées avec l’ancienne capitale des Gaules parmi lesquelles Birmingham, Leipzig ou encore Yokohama. S’il n’est pas sûr que la mesure soit très légale [2] ni forcément bien perçue par les autochtones, c’est le signe certain que la Ville de Lyon sait recevoir ses hôtes.

Les Lyonnais se consolent en sachant qu’ils privilégient réciproquement de la gratuité, à 300 km, des musées marseillais et peut-être des villes amies. Dans l’attente d’une gratuité dans leur ville, sans doute se réjouissent-ils de la carte annuelle qui leur donne pour 20 euros, depuis le 1er octobre 2009, l’accès libre aux collections permanentes et expositions temporaires de leurs musées municipaux (Voir la liste ci-dessous) [3].

Dommage qu’une formule semblable ne couvre pas la trentaine de musées existant dans la ville, aux divers statuts juridiques. Départemental comme le musée gallo-romain de Fourvière, relevant de la Chambre de Commerce comme les musées du Tissu et des Arts décoratifs, de l’OPAC comme le Musée urbain Tony Garnier ou privé comme le Musée Africain. La plupart se retrouvent pourtant dans la formule LYON CITY CARD proposée, pour un à trois jours, aux visiteurs de passage par l’Office de Tourisme, montrant qu’une entente commerciale est possible par delà les statuts [4]. Même regret pour l’Ile-de-France qui propose le PARIS MUSEUM PASS pour les touristes et rien à l’année pour les franciliens.

Outil de fidélisation à un prix abordable et au slogan qui sonne un peu comme une offre culinaire, la CARTE MUSÉES de la Ville de Lyon n’est cependant pas tout à fait une nouveauté puisqu’elle se substitue à la carte d’abonnement qui octroyait auparavant les mêmes avantages, pour deux fois plus cher, intégrant des réductions sur les activités culturelles et conférences des musées, ce qui n’est plus le cas [5].

Dans le même temps, la municipalité a opéré un toilettage de la grille tarifaire de ses musées, pour certains inchangée depuis dix ans. À la hausse. Des tarifs raisonnables pour la plupart quand le musée des Beaux-Arts, lui, devient sensiblement plus cher : 7€ pour ses collections permanentes au lieu de 6, 9€ pour une exposition temporaire au lieu de 8 et 12€ musée + expo au lieu de 10. L’explication : l’intégration au prix du billet de l’audioguide auparavant en libre service pour 2 à 3€. Le Musée d’Art Contemporain est également concerné par la mesure. Dès lors qu’un audioguide sera proposé pour une exposition, son tarif plein passera de 6 à 7 €, et de 8 à 9 € dans le cas de grande exposition, ce qui, d’autant plus pour un événement contemporain pas toujours populaire, nous semble excessif.

Cette faible différence d’un euro autorise la Ville à présenter ce service comme offert désormais gratuitement alors qu’il s’agit en fait d’une majoration de prix dûe à un service supplémentaire imposé. Au motif que cet outil d’aide à la visite, conçu « pour apporter une information essentielle et un réel confort à la visite » selon la prose officielle [6], n’était jusqu’alors sollicité que par 6% du public, il faudrait l’inciter à en user davantage alors que ce faible score révèle plutôt un désintérêt des visiteurs pour un objet qui ne fait qu’isoler chacun dans sa bulle. Mouais...

DÉJÀ GRATUITS POUR LES NON IMPOSABLES
Plus intéressant en terme d’échanges, les visites guidées individuelles sont accessibles pour seulement 3 euros, et, mieux encore, gratuites pour les publics bénéficiant déjà d’exonération. Et, dans ce domaine, on peut dire que la Ville de Lyon mène une politique plutôt généreuse en faisant bénéficier déjà de la gratuité de ses musées, expositions temporaires comprises, non seulement les catégories sociales habituelles (demandeurs d’emploi, Rmistes, Rsastes, etc.) mais aussi les personnes non imposables ce qui est une mesure plutôt originale, équitable et unique en France à notre connaissance.

De même les étudiants de moins de 26 ans profitaient déjà de ces avantages. Ils sont rejoints désormais par tous les jeunes de la même tranche d’âge, 18-25 ans, sans restriction de nationalité contrairement à la décision présidentielle s’appliquant dans les musées et monuments nationaux, mais, ici, avec l’anormalité de ne pas pouvoir en bénéficier pour les expositions temporaires ce dont profitent pourtant les étudiants. Dommage, alors que c’est certainement parmi les jeunes ne fréquentant pas le banc des facultés qu’on trouve les plus grands freins à se rendre dans les lieux culturels.

Cette mesure était d’autant plus attendue qu’en province, la générosité présidentielle, selon les régions, concerne parfois très peu d’endroits, l’Ile-de-France concentrant un maximum d’établissements parmi lesquels des lieux emblématiques comme Versailles ou le Louvre. Ainsi, selon le journal lyonnais gratuit LE PETIT BULLETIN, « les deux seuls sites répertoriés en Rhône-Alpes sont le château de Voltaire à Ferney et le Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse ». On comprend alors la déception, dans certaines régions, pour une décision qui apparaît une fois de plus comme parisianniste.

Les personnes handicapées qui ne bénéficiaient jusque là que de réductions pourront enfin également profiter librement des musées municipaux lyonnais, leur accompagnateur bénéficiant déjà d’exonération. Restent les enseignants, grands oubliés de ces gratuités, et les artistes, exceptés ceux rattachés à la régionale MPRA.

Enfin, dans le cadre de la Charte de coopération culturelle qui engage, depuis 2007, les établissements de la Ville envers « les territoires et les personnes en difficultés », Lyon a signé des conventions avec associations et organismes pour faire bénéficier les populations concernées de gratuités d’entrée et, plus encore, de médiation culturelle pour aller notamment dans les musées.

Malgré quelques réserves émises, on peut reconnaître à la Ville de Lyon une réelle politique d’accessibilité de ses musées, montrant qu’entre une gratuité totale et des prix élevés, il y a une marge et de multiples initiatives et opérations à tenter. A regretter que Frédéric Mitterand, venu plusieurs fois à Lyon depuis sa nomination comme ministre de la Culture, [7] ne l’ait pas remarqué. Moralité, il y a ceux qui parlent, dans leur discours, Démocratisation culturelle, et d’autres, loin des ministères et de la Capitale, qui la font. Peut-être.

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:: Bernard Hasquenoph | 2/10/2009 | 18:10 |

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EN COMPLÉMENT

Nos sources pour écrire cet article, outre les sites Internet des musées et de la Ville, ainsi que la presse régionale, proviennent du communiqué de presse officiel « Nouvelle politique tarifaire dans les musées de la Ville de Lyon » et du compte-rendu du Conseil municipal du 8 juin 2009.

MUSÉES GÉRÉS PAR LA VILLE DE LYON
- Musée des Beaux-Arts de Lyon (MBA)
A signaler la possibilité d’entrer et de sortir du musée pendant la journée avec un même billet. Et, idée simple mais rare, les commentaires d’internautes mis en ligne dès la page d’accueil du musée, y compris négatifs. Une intelligente preuve d’ouverture et de volonté d’échanges avec les visiteurs. Si les grandes institutions pouvaient s’en inspirer...
- Musée d’Art contemporain de Lyon (MAC)
- Musées Gadagne : Histoire de Lyon / Marionnettes du monde
- Musée de l’Imprimerie
- Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD)
- Musée de l’Automobile / Henri Malartre

MUSÉES DE LYON GÉRÉS PAR LE CONSEIL GÉNÉRAL DU RHÔNE
Gratuits pour tous le jeudi :
- Musée gallo-romain et Parc archéologique de Fourvière
- Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal
- Domaine de Lacroix Laval au parc gratuit / Château de la Poupée (fermé au public)
- Ancien Muséum d’Histoire Naturelle (fermé au public depuis juillet 2007) / Futur Musée des confluences, ouverture prévue en 2013

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NOTES

[1] Charte d’Alliance de coopération euro-méditerranéenne signée le 9 juillet 1998 entre Barcelone, Gênes, Marseille et Lyon alors dirigé par Raymond Barre.

[2] Si le droit européen interdit une discrimination d’accès à des services fondée sur la nationalité, on ne voit pas bien comment cela serait possible sur un plan municipal, encore plus quand il s’agit de favoriser les habitants d’une ville autre que la sienne. A voir.

[3] 18€ pour un achat groupé de 10 cartes, gratuite pour les publics bénéficiant déjà d’exonérations, ce qui ne nous semble pas anodin car, au lieu de devoir à chaque visite justifier de leurs situations sociales pour entrer gratuitement, ce qui, parfois, peut être vécu comme humiliant, la carte permet d’anonymiser les statuts. Plus d’infos sur la CARTE MUSÉES : cliquez ici.

[4] La LYON CITY CARD vendue par l’Office de Tourisme, place Bellecour propose trois formules d’une durée d’1, 2 ou 3 jours, à partir de 18 euros, intégrant le libre accès à de nombreux musées lyonnais, ainsi que d’autres services, comme le transport.

[5] Ancienne carte d’abonnement annuel aux musées de la ville de Lyon : plein tarif 38,10 € / tarif réduit 19,80 €. Il aurait également existé un temps un Pass musées municipaux à la journée pour 6 €.

[6] Compte-rendu du Conseil municipal de Lyon du 8 juin 2009.

[7] Frédéric Mitterrand est venu au quartier populaire de la Duchère (Lyon IXe) lors des Journées du Patrimoine, le 20 septembre 2009, pour saluer le « premier musée urbain Palissadaire ». Il est revenu, à Lyon, le 1er octobre pour visiter la Xe Biennale d’Art contemporain.



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« La fonction du musée est de rendre bon, pas de rendre savant. » Serge Chaumier, Altermuséologie, éd. Hermann, 2018
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