24.05.11 | Deux ans plus tard, cet article est toujours d’actualité, lire aussi « Fête des mères, la RMN prend les femmes pour des connes ».
22.05.09 | MÊME SI NOMBRE d’Enseignes de commerce ont pour habitude de véhiculer, tous les ans, les mêmes clichés marketing sur ce que sont censés aimer les hommes et ce que sont censées aimer les femmes, c’est d’autant plus affligeant quand cela émane d’un univers culturel qu’on penserait plus évolué, et d’une structure sous responsabilité de l’Etat qui se devrait exemplaire [1]. La fréquentation des musées, comme de manière plus générale la pratique culturelle, n’a-t-elle pas comme première vertu d’apprendre à voir au-delà des préjugés ? Quid de la fonction émancipatrice de l’Art ?
Visiblement de ce genre de considérations, la RMN n’en a cure et à la direction de ses boutiques dont le slogan est « Ensemble, partageons notre passion de l’art et notre ouverture à la culture », on sait pas tout ça. Quelle que soit la qualité des objets présentés, pour la RMN, Femme égal toujours chiffons, bijoux et niaiseries énamourées quand Homme égal cravates, statues d’Histoire sérieuse et supports intellectuels. Dingue, non ?
Même si, dans nos sociétés modernes, les femmes sont peut-être plus porteuses de bijoux et les hommes de cravates - quoique moi par exemple tu m’offres une cravate... - le pire est de ne proposer, dans la sélection Femme, aucun objet de savoir type livre comme si les créatures aux chromosomes XX étaient de totales écervelées. Comme je sais que la RMN nous lit, dans vos stocks, vous avez bien un abécédaire, même en broderie... Consternant.
En même temps, rien d’étonnant quand on trouve sur sa boutique en ligne ce type d’articles vendus au château de Versailles : pour les petites filles un porte-monnaie en satin rose marquée de l’inscription « Born to be a Queen » (7,50€) et son pendant masculin, un tee-shirt bleu 100% coton illustré d’un homme à cheval « Born to be a King » (12,50€).
Rappelons qu’une des missions de la RMN est de diffuser « de façon commerciale des produits dérivés des oeuvres qui sont conservées [dans les musées nationaux]... ». Là, on a beau chercher, on voit pas.
Pour dire que les boutiques RMN, aux côtés d’objets de valeur et de belle fabrication, vendent de plus en plus tout et n’importe quoi. De pire en pire. On l’a vu, ces dernières années, avec l’exploitation tous azimuts de Marie-Antoinette : parfum, gomme, sac, chapeau, parapluie... Aujourd’hui, la promotion Fête des mères / Fête des pères confirme une stratégie commerciale globale sans aucun rapport avec l’objet initial de l’institution. Le but est clair : faire du fric.
Nous guettons le communiqué d’indignation de Christine Albanel qui ne tardera pas car nous savons la ministre de la Culture extrêmement vigilante sur le sujet du sexisme, ce en quoi nous lui donnons tout à fait raison. Maintenant, croisons les doigts qu’une association féministe comme La Meute ne tombe par hasard sur notre article. Attention la RMN, les filles ça tire les cheveux !
[1] La RMN est un Établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), placé sous la tutelle du ministère de la Culture.