24.05.11 | IL N’Y A ÉVIDEMMENT pas mort d’homme comme dirait l’une de nos grandes consciences de gauche mais cela n’en reste pas moins affligeant. C’est le signe anodin, un parmi tant d’autres sur fond de drame strauss-kahnien, que le sexisme est loin d’être remisé dans une vitrine de musée. Une nouvelle fois, la Réunion des musées nationaux (RMN) a omis de glisser dans sa sélection de cadeaux pour l’imminente Fête des mères, ne serait-ce qu’un de ses nombreux catalogues d’exposition, ou même un livre de cuisine comme l’a ironiquement fait remarquer l’un de nos contacts féminins sur Facebook.
Comme nous l’avions déjà dénoncé gentiment il y a deux ans, pour la direction marketing de cette institution nationale sous tutelle du ministère de la Culture, la femme égale toujours bijou, tissu, vaisselle. Objets tous très jolis au demeurant mais rien ne change. Et, dans sa newsletter, pour l’heureuse circonstance, la RMN boutique réserve à ses fidèles abonné(e)s « une remise de 10% sur les accessoires de mode, les bijoux et les objets de décoration » pour l’achat d’« un cadeau inspiré ». Inspiré, le mot est bien choisi.
C’est la même pour la boutique du Château de Versailles qui ne propose pour le sexe enfantant sans doute trop faible pour tenir un livre en mains, que colliers, boucles d’oreilles et l’inévitable housse de coussin brodée. Encore très Ancien Régime mais rien d’étonnant pour un établissement public qui exploite déjà sans complexe commercialement le filon Marie-Antoinette comme figure évanescente de la féminité jusqu’à l’avoir déposée à l’INPI comme une vulgaire marque.
Sûr que comme il y a deux ans, on découvrira dans quelques semaines que pour la Fête des pères à la RMN, l’homme égale cravate, statuette de personnage historique, livre et aussi stylo car l’homme forcément savant, en plus de lire, aime écrire contrairement à la femme forcément précieuse qui, elle, préfère se pomponner. C’est comme ça, chacun son genre et la fréquentation assidue des musées n’y peut rien. Conne tu es, conne tu resteras.
Si la RMN n’a pas l’apanage de véhiculer cette vision sexiste du monde et qu’elle reproduit les stéréotypes qui ont cours dans tous les commerces (même sur notre page à notre corps défendant, la publicité en haut et à droite étant choisie automatiquement par Google AdSense), c’est d’autant plus navrant de la part d’un organisme d’Etat qui possède quelque part encore dans les couloirs du ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale, une mission de défense du droit des femmes. Aussi, a-t-on juste envie de lancer ce cri du coeur : la culture n’est pas que pour chacun, elle est aussi pour chacune, la Barbe ! Un cri de rage qu’aurait pu aussi lancer Séverine (1855-1929), cette journaliste engagée contre toutes les injustices sociales parmi lesquelles celles évidemment touchant les femmes, elle que l’on découvre frondeuse et sans bijoux sur ce magnifique portrait visible au musée Carnavalet, à Paris, peint par une autre femme, Amélie Beaury-Saurel, artiste oubliée.
Effectivement, j’avais été choquée par cette sélection sur le site de la RMN (en fait, ça me rappelait un peu les pubs extrêmement sexistes d’Intermarché). Merci à Louvre pour tous de toujours garder un œil sur ce type d’informations et de les relayer.
Vous avez raison,pas de livre c’est navrant Les hommes gouvernent le monde, j’occupe un poste à responsabilité et j’en sais quelque chose. L’affaire DSK remet le sujet dans l’actualité Merci pour votre article A bientôt, Josiane
Merci beaucoup pour cet article... Du sexisme d’Etat, en plus promu par une organisation prétendant répandre le savoir, c’est juste scandaleux ! Je suis de sexe féminin et je préfère largement recevoir un livre qu’un bijou !