23 avril 2010 | « IL N’Y A PAS DE GUERRE DES MUSÉES », a pourtant affirmé un responsable du Musée Marmottan-Monet il y a quelques jours au Figaro. C’était au sujet de leur refus de prêter des tableaux appartenant à leur extraordinaire collection Monet, pour la grande rétrospective du peintre qui aura lieu dans cinq mois au Grand Palais. Parmi lesquels l’incontournable « Impression de soleil levant » qui a donné son nom au mouvement même de l’Impressionnisme.
Dans le Figaro, le musée Marmottan se défend en ces termes : « L’Académie des beaux-arts, dont nous dépendons, a jugé qu’il n’était pas dans notre intérêt de nous séparer de nos œuvres pour une année Monet ». Ce qui peut se concevoir puisque c’est l’essentiel de son fond. D’ailleurs, le musée prépare sa propre exposition - « Monet intime » - pour à peu près la même période.
Le musée Marmottan-Monet n’est pas sous la tutelle de la RMN ni du ministère de la Culture, ce qui lui autorise cette attitude de rébellion. La dizaine de musées relevant du docte Institut de France divisé en cinq académies dont celle des Beaux-Arts fait régulièrement bande à part. Par exemple, en refusant d’appliquer la mesure de gratuité décidée tout de même par le président de la République en personne pour les jeunes et les enseignants. Dans les musées de l’Institut, on ne leur accorde qu’une réduction, ne s’estimant pas concernés par la décision présidentielle car ne se considérant pas juridiquement parlant comme nationaux. Ce qui est totalement aberrant. Quant aux artistes, ils n’ont même pas la gratuité dans les musées possédés directement par l’Académie des Beaux-Arts - comme au musée Marmottan -, contrairement à nombre de musées, même municipaux comme à Paris. Un comble.
Mais pour en revenir à la guerre de tranchées autour de Monet, ça la fout un peu mal puisque, pour l’événement du Grand Palais, Guy Cogeval, son commissaire en même temps que président du musée d’Orsay, producteur de la rétrospective avec la RMN, a réussi à rassembler 200 toiles du Maître venues du monde entier... excepté celles d’à quelques centaines de mètres de son propre musée, dans la même ville. Ca fait un peu village d’Astérix non ? Mais, officiellement, il n’y a pas l’ombre d’une guerre entre les deux institutions.
Pourtant il suffit de se rendre au Musée Marmottan où se tient, ces jours-ci, une délicieuse exposition - « Femmes Peintres et salons au temps de Proust » - pour constater le contraire. Les oeuvres présentées, toutes du XIXème siècle, proviennent de collections particulières et de plusieurs musées. A l’exception du musée d’Orsay. En effet, action publique inédite, dans l’une des salles, punaisé au mur, on peut lire sur une affichette, en gros caractère, le texte suivant : « La direction du musée d’Orsay n’ayant pas confirmé ses engagements de prêts, les oeuvres présentées ne sont malheureusement pas celles prévues au catalogue ». Ambiance...