08.12.09 | HIER ENCORE, à l’occasion de la grève au Centre Pompidou, nous rappelions le sort des « vacataires permanents » des monuments nationaux, des salariés hors fonction publique occupant des besoins permanents sur des missions de l’État. Une situation illégale nichée au coeur des trésors de la République. Derrière les vitraux de la Sainte Chapelle, à deux pas de la flamme du Soldat inconnu à l’Arc de Triomphe, ou encore près des tombeaux des grands hommes de la Nation reposant pour l’éternité au Panthéon... Une situation ignorée des millions de touristes et visiteurs, qui ne faisait pas vraiment gloire à la France.
Lors du lancement presse des dernières Journées du Patrimoine, une cinquantaine d’entre eux avaient courageusement manifesté pour dénoncer leurs conditions de misère - 700€ maximum de salaire - au nez et à la barbe du nouveau ministre de la Culture. Ce 18 septembre, Frédéric Mitterrand, la voix presque couverte par les slogans de ces gueux relayés derrière les grilles du Palais-Royal, n’avait pas trouvé mieux que d’ironiser sur un « monument du patrimoine français, les gens qui râlent ». Tandis qu’eux, avec humour et érudition, réclamaient... de la brioche. Le lendemain, ils distribuaient massivement aux portes de leurs monuments des tracts en plusieurs langues et lançaient une pétition en ligne au texte éloquent.
On apprend aujourd’hui avec bonheur que, suite à d’âpres négociations Rue de Valois, sous la menace d’une grève, ces salariés précaires ont fini par gagner. En partie. Dans un communiqué commun, la CGT Culture et SUD Culture ont fait savoir le 23 octobre dernier, qu’un accord avait été trouvé sur les points suivants :
mise en place d’un plan de résorption de la précarité sur trois ans par un recrutement dit « sans concours » pour intégrer les monuments parisiens. Pour 2010 et 2011, 10 postes seront ouverts chaque année avec constitution d’une liste complémentaire.
pendant la période transitoire et en attendant leur titularisation, les vacataires affectés sur besoins permanents se verront proposer des CDI à temps complet, dès décembre 2009.
enfin, le Ministère et le Centre des Monuments Nationaux (RMN) se sont engagés à étudier la situation des vacataires des monuments des autres départements ainsi que celle des vacataires exerçant des missions de billetterie et de comptoir et à leur faire des propositions
S’il faut évidemment se réjouir de cette victoire arrachée grâce à la mobilisation des principaux intéressés, il faut cependant rester prudent, les conditions d’application de cet accord restant encore floues.
RGPP NID À PRÉCAIRES
Cette avancée néanmoins notable rend encore plus absurde la réforme de la RGPP qui exige le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans toute la fonction publique, y compris dans les musées et monuments, point essentiel de la grève actuelle à Beaubourg et ailleurs.
En clair, on fait mine d’embaucher d’un côté pour ouvrir la trappe de l’autre. Et même, si la précarité disparaîtra en apparence de nos beaux monuments, elle réapparaîtra par le biais de l’interim ou de la sous-traitance car les fonctions aujourd’hui occupées par les futurs retraités devront bien être pourvues d’une façon ou d’une autre après eux. Contrairement à l’idée reçue d’une fonction publique obèse de trop de fonctionnaires, faut-il rappeler la situation de sous-effectif dans laquelle se trouve beaucoup de nos musées et monuments. Même le Château de Versailles, le plus prestigieux d’entre eux qu’on penserait à l’abri du problème, n’ouvre pas le matin pour cette raison le Domaine de Marie-Antoinette, Petit et Grand Trianon compris, depuis qu’a été rendu l’ensemble payant.
Enfin, que deviendront les salariés de monuments et musées nationaux transférés aux collectivités territoriales comme l’autorisera l’article 52 de la loi de finances 2010 dénoncé vigoureusement par un défenseur du patrimoine comme Didier Rykner de la Tribune de l’Art ? Disposition de l’actuelle majorité qui a mis en colère jusqu’à Jean-Jacques Aillagon sur son blog, lui qui, alors ministre de la Culture, en avait initié le principe. Embauchons pour mieux ensuite s’en débarrasser, une bien belle politique de l’emploi. Un exemple venu d’en haut.
Signalons la mise en ligne du journal VOIX DU SUD de décembre 2009, émanant du syndicat SUD Culture. Ce numéro traite, sur plusieurs articles, de la précarité dans les domaines de la culture, revenant, notamment, sur la situation des salariés des monuments nationaux.
bonsoir, je sais que cela date un peu, mais je tiens a attirer votre attention sur le fait que RMN c’est la Réunion des Musées Nationaux et non pas le Centre des monuments nationaux et étant vacataire dans ce dernier je ne peux que vous dire que les choses n’ont pas changées.