21.09.11 | UNE PREMIÈRE QUESTION toute simple nous taraude : pourquoi le Château de Versailles est-il si peu transparent sur ces questions alors qu’il s’agit d’un établissement public ? En 2008, les manifestations d’art contemporain à Versailles ont pris de l’ampleur sous l’impulsion de son nouveau président Jean-Jacques Aillagon. Depuis, leur coût est relativement élevé, entre 2 et 2,5 millions d’euros, dépassant le budget des expositions classiques qui s’y tiennent parfois concomitamment tournant autour des 2 millions d’euros [1]. Cela est dû à la notoriété des artistes choisis, à leur cote sur le marché de l’art, à la démesure de certaines installations, à la durée d’exposition pour peu d’oeuvres exposées, enfin aux frais de transport et d’assurance qui en découlent [2]. Comparativement, on ne peut que constater le « faible » coût de ce qui se pratique dans le même genre au musée du Louvre depuis 2004, le budget des événements d’art contemporain y dépassant très exceptionnellement les 100 000 euros pour environ 1,5 millions pour les grandes expositions classiques [3]. L’exposition contemporaine la plus onéreuse au Louvre restera celle de Jan Fabre en 2008, artiste belge qui, dans le monde de l’art, n’est pas vraiment un inconnu. Elle s’y est tenue durant trois mois, présentant une quarantaine d’oeuvres dans le département des Peintures de l’école du Nord, et aura coûté très exactement 377 738 euros dont 152 760 en mécénat et parrainage comme nous en informe en toute transparence le musée parisien [4]. En revanche, le Louvre s’est attaché les services d’une conservatrice pour l’art contemporain en la personne de Marie-Laure Bernadac, ce qui n’est pas le cas de Versailles qui fait appel à un commissaire uniquement le temps de l’élaboration de l’exposition contemporaine [5].
D’autres opérations de ce type ont été menées ailleurs, entre établissements publics ou assimilés ce qui en limite les coûts. On pense au Château de Fontainebleau qui a accueilli en 2008 une exposition d’art contemporain intégralement financée par une entreprise mécène en partenariat avec le Palais de Tokyo (association largement subventionnée par le ministère de la Culture), puis une autre en 2009 cette fois en partenariat avec le Centre national des arts plastiques (CNAP) avec le soutien du même mécène. Il en était de même avec les premiers Versailles Off, entre 2004 et 2007, sous la présidence de Christine Albanel. Ces expositions collectives d’artistes contemporains qui se déroulaient dans le domaine le temps de deux soirées gratuites étaient calquées sur le modèle de la Nuit blanche parisienne et menées en co-production avec le CNAP qui finançait la plupart des oeuvres, l’édition de 2006 reçevant également le concours du Centre Pompidou. Il semblerait que leurs budgets tournaient alors entre 100 000 et 300 000 euros [6].
On notera que l’événement Versailles Off renouvelé durant quatre années n’aura entraîné aucune polémique - à l’exception notable, en 2006, de l’incident grotesque qui empêcha la présentation dans la Chapelle royale de robes de mariée signées Christian Lacroix [7] -, pas plus du reste que la Nuit blanche parisienne, preuve que ce n’est pas tant l’introduction de l’art contemporain dans des lieux anciens ou inhabituels qui pose problème que la manière de le faire.
A l’arrivée de M. Aillagon en 2007, depuis l’exposition Jeff Koons en 2008, l’établissement public du Château de Versailles a cessé toute collaboration extérieure, organisant seul ses manifestations, se tournant essentiellement vers des collectionneurs privés et des galeristes pour les alimenter, ce qui pose un certain nombre de questions éthiques développées dans Libération en janvier dernier par la sociologue Nathalie Heinich, spécialiste de l’art contemporain. Critique une fois de plus éludée par M. Aillagon dernièrement, de manière particulièrement simpliste puisque, émanant selon lui, d’« esprits animés », quand ce n’est pas par haine de l’art contemporain « par le refus radical du monde de l’argent et de sa puissance » [8].
DES MENSONGES PAR OMISSION
L’interrogation qui revient souvent, chez les perplexes comme chez les détracteurs de ces manifestations, est de savoir comment le Château peut parvenir à rassembler autant d’argent qui, de fait, ne profite pas à l’entretien du domaine. Les responsables du Château se défendent alors, comme sa directrice générale Beatrix Saule, en indiquant que les mécènes d’art contemporain à Versailles sont « des personnes extérieures, qui ne sont pas nos partenaires habituels » et donc, comme le dit M. Aillagon, « la conservation et la mise en valeur du patrimoine » n’en seraient pas dépouillées [9]. Soit mais, même si l’on verra plus loin que ce n’est pas tout à fait exact, ne peut-on craindre l’effet pervers qui ferait que certains d’entre eux, à la recherche de publicité, soient forcément plus attirés par des opérations de ce type largement couvertes par les médias avides de nouveautés, cent fois plus que ce qui entre dans les pleines missions du domaine, déprécié du reste par ses propres responsables quand ils opposent un Versailles contemporain qui serait hype à un Versailles ancien formolisé, ce qui revient à dénigrer la notion même de patrimoine [10]. De façon très paradoxale, Jean-Jacques Aillagon s’en est plaint d’ailleurs lui-même en regrettant qu’on parle moins des expositions classiques dans les médias, sans en tirer aucune conclusion [11].
Evidemment, l’idéal, moralement, eut été que le mécène d’une exposition d’art contemporain à Versailles (qui bénéficie à ce titre d’importants avantages fiscaux et contreparties) participe parallèlement à l’enrichissement du domaine. Mais, à notre connaissance, ce n’est jamais arrivé. A l’exception peut-être du couple Maryvonne et François Pinault, Monsieur ayant été, en 2008, le principal financeur de Jeff Koons Versailles quand Madame qui siège à plusieurs instances liées au Château, avait généreusement participé, mais il y a de cela près de dix ans, en 1999, à l’acquisition pour l’établissement public d’une commode Riesener, vendue chez Christie’s... propriété de son mari. On peut regretter que l’Etat du Qatar, riche à milliards, après avoir pris à sa charge une part importante de la manifestation Murakami en 2010 s’en est allé sans un geste pour le Château comme son président aurait pu l’espérer [12]. Mais pour Alain Baraton, « le jardinier de Versailles », la « couverture médiatique énorme » qui entoure les expositions d’art contemporain à Versailles attirerait les mécènes au bénéfice du domaine [13]. On aimerait bien en connaître les noms.
La preuve du malaise du Château : la part publique du financement des événements d’art contemporain à Versailles est délibérément minorée par ses responsables quand elle n’est pas radicalement niée, comme récemment quand M. Aillagon déclare tout simplement que « les expositions contemporaines ont été financées par des apports extérieurs » [14]. Plus c’est gros, plus ça passe. 30 000 euros, c’est la somme qu’aurait coûté l’exposition Veilhan Versailles au Château en 2009. Peanuts ! En réalité, ce fut dix fois plus, et d’argent public, encore davantage. L’année suivante, Jean-Jacques Aillagon renchérissait à propos de celle consacrée à Murakami à venir, déclarant à l’AFP : « Cela ne pèsera pas sur les comptes de l’établissement » [15]. Mais, une fois l’événement passé, on n’aura jamais su qui avait déboursé les 900 000 euros non pris en charge par le mécénat. Telle est donc la doxa officielle : les expositions d’art contemporain à Versailles, principalement financées par le mécénat, sont des manifestations qui ne coûtent rien aux citoyens. Elles seraient comme offertes aux visiteurs qui, soit dit en passant, dans leur grande majorité, ne demandent rien d’autres que de voir le domaine de Louis XIV et de ses successeurs. Et les responsables du Château de jurer donc fidélité absolue à leur mission première : l’entretien et la restauration du domaine dont le financement reste la priorité. En réalité, ils jouent sur les mots, de la même façon qu’ils le font pour la fréquentation de ces expositions. Ils mentent au moins par omission, en taisant les importantes sommes supportées par la société Château de Versailles Spectacles grâce notamment aux recettes des Grandes Eaux. Une communication basée sur l’omerta, une stratégie de désinformation relayée - encore une fois - par la plupart des médias, volontairement ou par ignorance, avec la bénédiction du ministère de la Culture. Une attitude qui ne manque pas d’interroger de la part de représentants d’institutions publiques.
VERSAILLES SPECTACLES, UNE SOCIÉTÉ PARAVENT
Jean-Jacques Aillagon lui-même est on ne peut plus clair, Château de Versailles Spectacles (CVS) est bien une « filiale à 100 % de l’établissement public du Château de Versailles » [16]. C’est en décembre 2003, afin de répondre de manière « souple » à l’obligation statutaire de l’établissement public « d’organiser des spectacles, notamment de musique, de théâtre ou de ballet dans les châteaux et les domaines », que Christine Albanel, alors présidente du domaine, l’a créée, sur les cendres d’une société concessionnaire qui, objet de malversations (ce qui avait valu quelques déboires à son prédécesseur), s’était vu signifier la fin de ses relations avec le Château [17]. Constituée en SASU, c’est-à-dire en société par actions simplifiée - montage juridique considéré par certains comme illégal pour un établissement public [18] -, le Château en tant qu’établissement public en est l’unique actionnaire et en a apporté le capital initial [19]. Autant dire qu’il est le seul maître à bord. Tellement que son président est l’établissement public lui-même (EPV) représenté par son président en exercice - M. Aillagon pour encore quelques jours -, de la même façon que celui-ci préside le conseil d’administration du Centre de recherche du château de Versailles (CRCV) constitué en Groupement d’Intérêt Public (GIP), les deux structures faisant partie intégrante de l’organigramme du Château. CVS qui reverse une partie de ses recettes au Château est pleinement intégré à ses rapports d’activités annuels et son public est comptabilisé dans la fréquentation globale du domaine. Dès lors, considérer que si la société délégataire CVS serait hors périmètre de l’établissement public est une vue de l’esprit. Le véritable commanditaire, décideur et organisateur des expositions d’art contemporain est donc bien l’établissement public lui-même comme le reconnaît d’ailleurs le CNAP [20]. Son argent est celui du Château qui en décide l’usage et la destination [21].
La société Château de Versailles Spectacles (CVS) domiciliée et abritée dans l’enceinte du domaine, actuellement au Pavillon des Roulettes, est « chargée de la réalisation, de la promotion et de la commercialisation de spectacles et manifestations sur le site du château, du musée et du Domaine National de Versailles ». En 2008, Jean-Jacques Aillagon en a confié la direction à Laurent Brunner qui avait été son conseiller au ministère de la Culture pour le spectacle vivant après avoir exercé des responsabilités dans le milieu théâtral de l’Est de la France [22]. A Versailles, celui-ci dirige une équipe de 25 permanents et plusieurs centaines d’autres embauchés au gré des événements. CVS prend en charge l’organisation des traditionnelles Grandes Eaux dont les bénéfices permettent de proposer divers spectacles, en plein air, à l’Opéra royal ou encore dans la Chapelle. A cette fin, la société dispose de la licence d’entrepreneur de tournées ( ?) et celles de diffuseur et de producteur de spectacles. Dès sa création, les activités de CVS se sont étendues à d’autres « manifestations », terme vague introduit dans ses statuts, ce qui a permis de contourner certaines obligations de l’établissement public, d’où la production des expositions d’art contemporain absolument pas prévues dans les missions de l’EPV, pas plus du reste par les licences de CVS [23].
La société Château de Versailles Spectacles, en prenant en charge le financement des « manifestations » d’art contemporain, a permis au Château, établissement public, de faire croire que cela ne lui coûtait rien. Pourtant, selon Jean-Jacques Aillagon lui-même, dans une interview accordée en toute transparence en 2008 à La Tribune de l’Art, la part financière supportée par l’établissement public pour Jeff Koons Versailles tournait autour des 300 000 euros. L’année suivante, pour Veilhan Versailles, cette part était retombée officiellement à... 30 000 euros ! En réalité, entre temps, seule la communication du Château avait changé. Sans doute pour réduire les critiques et éviter de se voir reprocher de ne pas affecter ces sommes importantes à l’entretien du domaine comme cela a été le cas lors de l’interview de La Tribune de l’Art. Dans la communication, on décide donc de ne plus mentionner que la part revenant stricto sensu à l’établissement public en insistant sur le fait que rien n’est prélevé sur le budget des restaurations ou des acquisitions et de taire celles assumées par Château de Versailles Spectacles comme s’il s’agissait d’une société totalement étrangère ce qui, nous l’avons vu, est totalement faux. C’est même ce que semble croire - ou il répercute ce qu’on lui a dit de dire - le galeriste Emmanuel Perrotin, agent de Xavier Veilhan et l’un des financeurs de l’exposition à Versailles, qui, dans une interview, déclare : « Il faut savoir que Versailles n’utilise pas d’argent du patrimoine. Il y a une association privée, “Versailles Spectacle”, qui lève les fonds pour les expositions » [24].
OPÉRATION CAMOUFLAGE
Dans cette opération de camouflage, le Château peut compter, comme toujours, sur l’AFP qui se contente de relayer sa communication sans investigation ni vérification. Pour le démarrage de Veilhan Versailles, l’agence de presse d’Etat n’évoque même pas la part supportée par l’établissement public : « Le coût de l’opération s’élève à 2 millions d’euros, dont 1,4 million pour la production des oeuvres, le reste pour leur installation. La quasi-totalité du budget est assurée par le mécénat, à l’exception de 250.000 euros pour l’achat par l’Etat de la pièce »Le Carrosse« » [25]. C’est très incomplet pour ne pas dire totalement faux puisque, outre les 30 000 euros de l’EPV, il manque la subvention de 200 000 euros du Conseil général des Yvelines et les 250 000 euros de CVS ce qui, avec l’achat par l’Etat d’une des oeuvres, constitue un total plus de 700 000 euros d’argent public (voir le détail des budgets des expos d’art contemporain) ! La dépêche part dans toutes les rédactions, propageant la fausse information. Le lendemain, sur un grand média comme Europe 1, on entendra Laurent Brunner, directeur de CVS, sommé de détailler la part publique de l’opération par un Marc-Olivier Fogiel pas vraiment hostile puisqu’il avoue « adorer » le concept. Et le responsable de se contenter de mentionner le maigre goût supporté par l’établissement public dont il n’est pourtant même pas employé : « Le contribuable qui paie le château de Versailles, paie 30 000 euros sur 2 millions, ce qui représente une somme très faible » assène-t-il. Une intervention surréaliste et une incroyable démonstration de désinformation puisqu’il ne mentionne même pas les sommes à la charge de la société qu’il dirige au nom du Château - autour de 250 000 euros -, et il faut l’intervention du chroniqueur Guy Carlier pour lui rappeler les 200 000 euros des Yvelines, les 250 000 euros de l’achat par l’Etat du Carrosse passant, elle, à la trappe. Est-ce un hasard si, pour cette édition de Versailles Off qui a coûté le plus d’argent public, Jean-Jacques Aillagon se fera très discret médiatiquement.
L’année suivante, au Château, pour Murakami Versailles, on montera encore d’un cran dans la désinformation, ou plutôt la non-information, le mensonge par omission. La communication sera encore plus élliptique puisque le Château ne donnera plus aucun chiffre, se contentant de mentionner, comme dans le dossier de presse, « un très important mécénat de l’État du Qatar ». Que le citoyen qui souhaiterait savoir comment l’argent d’un établissement public est utilisé passe son chemin. L’AFP toujours aussi précise indiquera un coût « de 2,5 millions d’euros, essentiellement financé par le Qatar » [26]. M. Aillagon confirmera cette somme lors d’un tchat organisé par Libération, évitant de répondre à la question de la répartition détaillée de la somme [27]. Seule Sabine Gignoux du journal La Croix, généralement bien informée, indiquera que le mécénat du Qatar s’élevait à 1,57 million d’euros sur près de 2,5 millions [28]. Mais quid alors des 900 000 euros restant ? Le silence persistant qui entoura la question peut laisser supposer que cette somme encore plus importante qu’auparavant aura été supportée par l’établissement public via sa filiale CVS. Un record.
Pour l’expo Bernar Venet qui dure encore actuellement sans qu’on n’entende plus parler, le Château, dans son dossier de presse, ne délivre aucune information. Même la liste des mécènes ne s’y trouve pas. Il faut la chercher, sur place, au bas des panneaux d’information concernant l’exposition. Des informations contradictoires sont parues dans la presse concernant son budget. Valérie Duponchelle du Figaro qui possède ses entrées au Château écrivait en mars 2011 que Bernar Venet « autofinance à 80 % un projet chiffré à 2,5 millions d’euros (en attendant la signature des mécènes pressentis) » avant de préciser en mai que les mécènes « assument près de 85% d’un projet estimé autour de 2 millions d’euros » [29]. Puis, selon l’AFP donnant la parole à Jean-Jacques Aillagon : « »Son coût se monte à environ 2,5 millions d’euros mais nous nous sommes attachés à trouver des mécènes afin que l’on ne puisse pas dire que nous avons soustrait de l’argent qui aurait pu servir à entretenir le patrimoine« , a déclaré l’ancien ministre de la Culture. C’est donc l’artiste, ses partenaires industriels et divers mécènes qui prennent en charge l’essentiel du financement. Pour Versailles, »le coût résiduel est de 200.000 à 300.000 euros« , précise M. Aillagon » [30]« . 300 000 euros, un coût résiduel ! Conclusion : le projet aura coûté entre 2 et 2,5 M€ comme les précédentes expositions d’art contemporain, avec une part supportée par le Château entre 200 et 500 000 euros, probablement encore une fois via sa filiale Château de Versailles Spectacles qui, dans cette dépêche, est bien intégrée dans le périmètre de l’établissement public sous le vocable générique de »Versailles".
Au final, le coût global des quatre expositions Koons, Veilhan, Murakami et Venet se sera élevé à près de 9 millions d’euros, la part supportée par l’établissement public, sur ses fonds propres et via sa filiale CVS, se situant quelque part entre 1,8 et 2,5 millions d’euros. Un coût résiduel comme dirait M. Aillagon. Peut-être plus puisque des sommes restent inexpliquées. Et autour de 3 millions d’euros avec l’argent provenant du Conseil Général des Yvelines et du CNAP. A quoi il faut ajouter le temps de travail passé lors de ces manifestations par les équipes du Château, en plus de celles de CVS, ce que l’établissement se garde bien de chiffrer contrairement à ce que fait en toute clarté le musée du Louvre. Car tous les corps de métier participent bien chaque année à ces événements d’une manière ou d’une autre, comme il est signalé de façon dispersée dans les rapports d’activité du Château : du service presse aux jardiniers particulièrement mobilisés en 2008 pour le montage et l’entretien du Split-Rocker de Jeff Koons, de l’atelier de menuiserie au bureau de la logistique pour l’approvisionnement en supports de visite, du bureau des activités éducatives aux guides-conférenciers, du photographe au service nouveaux médias pour le suivi Internet via des sites dédiés et les réseaux sociaux, sans oublier évidemment les agents de surveillance [31]. Ne serait-ce que par cette mobilisation du personnel du Château, on voit bien que les événements d’art contemporain à Versailles pèsent bien sur les comptes de l’établissement. Durant quatre ans, par sa communication, le Château de Versailles aura mené tout le monde en bateau. Et si la part publique du financement de ces événements a été délibérément minorée et jamais assumée par ses responsables, c’est peut-être parce que ceux-ci entraient en contradiction avec les missions mêmes de l’établissement. Sinon, pourquoi tant de camouflage ?
RESTAURATIONS EN RADE FAUTE D’ARGENT
Si, comme s’en défendent avec raison les responsables du château, aucune des sommes investies dans l’organisation des manifestations d’art contemporain à Versailles n’ont été prélevées sur les crédits affectés à l’entretien et à la restauration du domaine - autour de 25 millions d’euros par an grâce à la subvention d’investissement de l’Etat -, on ne comprend pas pourquoi l’argent provenant de CVS non investi dans les spectacles n’a pas été et n’est pas utilisé pour ces travaux puisque telle est la mission essentielle de l’établissement : « conserver, protéger, restaurer pour le compte de l’Etat et présenter au public les biens culturels qui font partie des collections dont il a la garde ainsi que les châteaux et domaines dont il est doté ou qui sont mis à sa disposition [32]. Sous cet angle, une déclaration comme celle que M. Aillagon a faite dans l’émission des Grosses Têtes de RTL il y a quelques mois pour justifier la tenue de ces expositions d’art contemporain sonne faux : »Une fois qu’on a accompli toutes les autres missions de l’établissement, c’est-à-dire qu’on a restauré le patrimoine, qu’on l’a enrichi, qu’on a fait des expositions historiques, toutes ces missions accomplies, il n’y a pas de raisons..." [33].
Bien des programmes de restauration en attente de financement auraient pu être couverts pour tout ou partie par les sommes engagées pour les événements d’art contemporain. C’est un fait, quoi qu’on pense de la pertinence de ces manifestations. A commencer par les fresques très abîmées du Belvédère, dans les jardins du Petit Trianon, dont le projet de restauration de 1 million d’euros a été abandonné en 2007 suite à la désaffection de la société Breguet qui s’y était engagé pour moitié avec le World Monuments Fund qui n’y renonça pas. Il faudra attendre mai 2010 pour qu’un deuxième partenaire ne soit trouvé (Vinci) à quelques jours du renouvellement du second mandat de M. Aillagon (faisant croire que les deux mécènes avaient été trouvés conjointement ce qui était faux).
Ce choix de dépense non prioritaire ne manque pas d’interroger quand, dans le même temps, l’établissement en vient à mendier auprès des particuliers des sommes comparativement dérisoires, 1000 euros pour adopter un tilleul, 3 800 euros pour restaurer un banc, entre 4000 et 10 000 euros pour une statue. La situation paraît encore plus incompréhensible quand certains éléments anciens et constitutifs du domaine, faute d’argent, sont dans un état critique depuis des années ce dont sont parfaitement conscients les responsables du Château. Autant de situations inquiétantes décrites dans les dossiers d’appel à mécénat disponibles sur le site internet du Château jusqu’à ce qu’on en évoque un jour le contenu et qu’ils en disparaissent, ce qui montre bien l’embarras du Château et son manque totale de transparence sur ces questions (on les tient à la disposition de qui veut).
Dans les jardins, le bassin de Latone, clef du système hydraulique du parc de Versailles tout entier, s’effondre sur lui-même, action invisible à l’oeil nu. Ce n’est pas un scoop. Une urgence déjà en 2003 quand Christine Albanel comme présidente du domaine et M. Aillagon comme ministre de la Culture ont annoncé le programme du Grand Versailles : « Le Bassin de Latone, pièce essentielle de la représentation du mythe solaire, menacée d’affaissement, devra faire l’objet prochainement d’une opération de restauration financée avec un mécénat » [34]. 2011, toujours rien.
Bassin de Latone qui, à en croire M. Aillagon en février 2010, allait enfin être restauré grâce à « une grande entreprise française », devenant ainsi "la plus importante restauration envisagée dans le parc dans les cinq années à venir« [35]. M. Aillagon en rappelait l’importance : »Aujourd’hui de nombreux désordres affectent le bassin de Latone dans ses différentes composantes, et une intervention urgente s’impose sur ses infrastructures, sa fontainerie et ses décors sculptés« . Quelques mois plus tard, lors de sa campagne de reconduction à la tête du domaine de Versailles, cette rénovation imminente était mise en avant, comme un signe de son bon bilan [36]. Et puis... rien. En septembre, un internaute lui posait directement la question sur son blog, M. Aillagon répondait évasif »Pour Latone, ça avance..." [37]. Puis... rien. On ne nie pas les efforts de M. Aillagon pour trouver les fonds nécessaires à la restauration de cet élément du domaine mais le résultat est là. Rien. (En juin 2012, la nouvelle présidente du domaine, Catherine Pégard, faisait savoir qu’un mécène avait enfin été trouvé)
La Maison de la Reine, au Hameau, restauré et modifié sous Napoléon, pourrit littéralement sur place depuis des années, son escalier extérieur étant totalement effondré, offrant un bien triste spectacle aux visiteurs.
Là encore, on sait bien que M. Aillagon n’est pas resté les bras croisés mais, force est de constater, malheureusement sans résultat. En mars 2009, Judith Benhamou-Huet, dans sa chronique mondano-artisitique des Echos, revenant d’un dîner en l’honneur des donateurs du Château de Versailles, rapportait que « désormais l’un des problèmes les plus aigus est celui du Hameau de la Reine. Merveille des merveilles, Disneyland du XVIIIe siècle, la reconstitution du petit village propret désiré par la jeune femme qui voulait jouer à la fermière comme on jouerait à la poupée, tombe en lambeaux ». Cet été, M. Aillagon faisait savoir, par presse interposée, l’urgence de venir en aide à cet élément insigne du domaine, en y organisant un dîner mondain de mobilisation avec « une vingtaine de fidèles », comme le rapporte en extase le chroniqueur du beau monde Bertrand De Saint Vincent dans Le Figaro (avec moultes erreurs), en présence de l’incontourable Maryvonne Pinault qui, si l’on en croit le journaliste, a bien failli traverser le plancher. Même M. Longuet, ministre de la Défense, était là. Pourquoi ? on ne sait pas mais il était là.
Enfin les grilles de l’Orangerie et la grille d’Honneur du Château, rouillées et brisées par endroits, sont dans un état général lamentable [38] :
A cet égard, le fait, sous la présidence Albanel, d’avoir dirigé en 2006 une entreprise mécène indécise vers la reconstitution ex nihilo de la grille Royale pour 3,5 millions d’euros plutôt que vers la restauration d’éléments existants tels que ces grilles anciennes, laisse tout aussi songeur quant au souci d’entretien du domaine, et ce n’est pas le seul cas de ce type [39] Etrange sens des priorités.
Si M. Aillagon, désormais sur le départ, se vante modestement d’avoir levé, durant ces quatre années à la tête du château de Versailles, pas moins de 50 millions d’euros de mécénat dont il ne donne aucun détail - et même encore 15 millions pour l’année 2011 pas encore terminée -, force est de constater que, malgré cela, aucun de ces trois chantiers de restauration urgente au coût global de 15 millions d’euros n’a trouvé preneur [40]. Idem pour les autres projets de restauration qui attendent faute d’argent [41].
C’est peut-être pour cela que, dans une interview récente où on lui posait la question de savoir quels étaient les chantiers dont il était le plus fier, il s’arroge ceux programmés et négociés par ses prédécesseurs même s’il y a participé d’une manière ou d’une autre, y compris en tant que ministre, ne serait-ce qu’en les inaugurant : la galerie des Glaces, le Petit Trianon, la « restitution » de la grille Royale [42]. Quant à la remise en état des toitures et la restauration de l’Opéra royal qu’il cite dans sa réponse, travaux ô combien nécessaires, c’est l’Etat qui a pris en charge leur financement [43]. Finalement, les chantiers de restauration réalisés ou négociés sous son mandat n’auront pas été si nombreux, malgré le « bilan flatteur » que lui attribue la presse les yeux fermés [44]. Peut-être que ses successeurs récolteront ce que lui a semé. Souhaitons alors qu’il n’ait pas à souffrir de l’ingratitude de ne pas être cité.
BUDGET DES EXPOSITIONS CONTEMPORAINES AU DOMAINE DE VERSAILLES
et vous omettez une des conséquences probables : LE PRIX EXORBiTANT DES SPECTACLES DONT LES SPECTACLES DE MUSIQUE A L OPERA OU A LA CHAPELLE ROYALE ! VIVE LA CULTURE POUR TOUS !!! Une version concert à la chapelle royale (avec un petit orchestre baroque) : 70 euros en dernière catégorie. Les concerts les moins chers- rares- sont à 50 euros en dernière cat. idem pour les opéras, troisième et dernière catégorie pour un opéra VERSIONS CONCERT (donc sans coût de mise en scène) : 50 euros. a la cité de la musique, les places vont de 2O à 35 euros (prix d’une cat 1). les jeunes payent 9 euros. OU dans un opéra de province avec pourtant une mise en scène (ex montpellier pour un opéra de mozart : 25 euros) En plus, les offres d’abonnement de versailles spectacles ne concernent que les cat 1 ! les plus riches ont le droit à une réduction !!!!! ou alors carte VS à acheter à pas moins de 60 euros pour 15 euros de réduc par sepctacle. Rentable au bout de 5 spectacles ! on a intére^t à être riche même quand on est un professionnel ou grand amateur de musique !!!! déjà que vous payez la carte un an à versailles pour avoir le droit de promener vos enfants le samedi ds le parc et le chateau quand vous habitez versailles et que c’est votre square !!! (coût de la carte 1 an à versailles : 50 euros par pers. mais vous repayez pour la carte opéra qui pourtant est redondante pour l’entrée dans certains endroits du parc- mais certains endroits seulement d’où le recours aux 2 cartes- le samedi où il y a les grandes eaux....bref, la démocratie culturelle à versailles, j’attends de voir !
Petite précision concernant l’interview d’Europe 1 ; Mr Brunner n’est pas (encore ?) directeur du château... ! Il est directeur de la « filiale » Château de Versailles Spectacles (CVS), c’est Madame Saule qui est directrice de l’établissement.
Oui, Europe 1 indique n’importe quoi dans la présentation de son reportage. Nous avions rectifié ces informations dans notre article. Merci à vous.
Excellent article.
Vous devriez interpeller les membres du conseil d’administration de l’établissement public du château de Versailles : que du beau monde, mais jamais de questions qui fâchent pendant les séances de ce conseil qui n’est dans les faits qu’une chambre d’enregistrement !
Pourtant n’est-ce pas le rôle premier des administrateurs que d’exiger des dirigeants de l’établissement public :
la transparence et la sincérité des comptes, notamment ceux du mécénat et de la politique d’exposition d’art contemporain ;
le rappel aux missions premières fixées par décret, lorsque des budgets considérables sont affectés à des missions secondaires voire hors périmètre telles que l’art contemporain, et que le patrimoine s’écroule comme le bassin de Latone ou le mur d’enceinte du parc royal ;
une politique claire d’affectation des bénéfices de la filiale à 100% Château de Versailles Spectacles, qui aujourd’hui ne rapporte aucun dividende à sa maison mère l’établissement public, dont les redevances versées à la maison mère sont à géométrie variable afin de la soustraire à l’impôt sur les sociétés (voyez ses comptes : 12,2M€ de CA en 2010 pour un résultat net de ... moins de 10K€ ! un vrai travail d’orfèvre-fiscaliste...), et dont les opérations vache-à-lait (les grandes eaux et les jardins musicaux) ne servent qu’à financer les déficits de l’art contemporain et du spectacle vivant... décidés par la maison-mère.
Merci Pollux. Bien d’accord avec vous et puisque vous semblez très bien informé, n’hésitez pas à nous envoyer d’autres infos en off. Au plaisir
je suis très étonner( par les dirigeant du château de Versailles) qu’ils ne savent pas tenir les comptes des dépenses ! vue la qualité des personnages qui dirige. ils prennent les gens pour des imbéciles. je suis contre les expositions d’arts moderne qui non rien a faire dans ce lieu,j’aime le moderne mais pas dans le joyaux Versaillais. en ce qui concerne les travaux de réfection des grilles,un massacre ! ils serait temps de changer les hommes en place pour en mettre de plus capable.... un simple amoureux de Versailles qui se désespère de tant de fautes commises par des maladroits .
[1] Pour le coût des expositions d’art contemporain, voir la suite de l’article. Budget des expositions classiques à Versailles comprenant à la différence des événements contemporains le coût en personnel autour de 250 000 euros (scénographie, transports et assurances, personnel, communication, catalogue) : Quand Versailles était meublé d’argent en 2007-08 : 2 millions d’euros ; Louis XIV en 2009-10 : 1,5 millions d’euros ; Sciences en 2010-11 : 2,2 millions d’euros (Sources : document officiels de l’EPV)
[2] Nombre d’oeuvres contemporaines exposées à Versailles : Jeff Koons : 17 ; Xavier Veilhan : 8 dont un ensemble de 9 sculptures ; Takashi Murakami : 22 ; Bernar Venet : 7 dont une à Marly.
[3] Budget des expositions d’art contemporain au Louvre : Yan Pei-Ming en 2009 : 36 906 euros dont 13 900 en mécénat & parrainage ; Contrepoint en 2007 : 140 896 euros dont 158 593 en mécénat & parrainage ( !) ; Sarkis en 2006 : 32 029 euros ; Candida Höfer en 2006 : 66 067 euros dont 54 000 en mécénat et parrainage ; Mike Kelley en 2006 : 13 786 euros dont 13 000 en mécénat & parrainge ; De la sculpture en 2006 : 12 213 euros ; De l’objet d’art à la sculpture en 2005 : 17 768 euros ; Contrepoint 2004 / 2 : 15 284 euros ; Contrepoint 2004 / 1 : 100 000 euros en mécénat / Budget des expositions classiques au Louvre (présentation, communication, surveillance, transport, assurances, divers) : Babylone en 2008 : 1 534 370 euros ; Mantegna en 2008 : 1 582 792 euros ; Les portes du Ciel en 2009 : 1 513 732 euros ; La renaissance Vénitienne en 2009 : 1 441 450 euros (Sources : différents rapports d’activités du musée du Louvre).
[4] Rapport d’activité 2008 du musée du Louvre, p.345 & 346.
[5] Depuis le premier Versailles Off en 2004, le commissaire de ces expositions était Laurent Le Bon, conservateur au Centre Pompidou puis directeur de Pompidou-Metz. Pour Bernar Venet, le commissariat a été confié à Bernard Marcadé, critique d’art, auteur, professeur d’esthétique et d’histoire de l’art à l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy, organisateur indépendant d’expositions.
[6] On ne trouve aucune indication précise, dans les documents officiels du Château, du budget consacré aux quatre premières éditions de Versailles Off, de 2004 à 2007. Un communiqué présentant la première édition fait état d’un budget entre 80 000 et 90 000 euros. Il semblerait en recoupant plusieurs informations, que le coût des premières éditions tournaient autour de 100 000 euros. J.-J. Aillagon, dans une interview accordée à La Tribune de l’Art, en 2008, indique un coût de 300 000 euros.
[7] Les milieux intégristes versaillais soutenus par l’archevêque local et le maire de l’époque, Etienne Pinte, s’enflammèrent contre la présence de ces robes haute couture dans la Chapelle, la jugeant « sacrilège ». Le 7 octobre 2006, premier soir du Versailles Off, il y eut une mini-manifestation à l’entrée de la Chapelle et selon le Château des heurts violents qui l’obligèrent à en fermer l’accès au public. Christine Albanel publia ensuite une tribune dans Le Figaro - « À Versailles, la liberté de créer à été bafouée » - et reçut le soutien de Christophe Girard, adjoint à la culture de la Mairie de Paris et initiateur de la Nuit blanche.
[8] Interview de J.-J. Aillagon, LES INROCKS | 08.09.11.
[9] « Les expositions comme celles de Koons, Veilhan ou Murakami sont hors budget prévu pour les acquisitions et se font grâce à des mécènes et des personnes extérieures, qui ne sont pas nos partenaires habituels. » Béatrix Saule, directrice générale du domaine national du château de Versailles, VERSAILLES PLUS N°36 | 10.10 / « Si, à Versailles, on dépouillait la conservation et la mise en valeur du patrimoine pour faire des expositions d’art contemporain, ce serait, d’une part, absurde et, d’autre part, contestable, car notre première mission, c’est, je le répète d’assumer notre responsabilité à l’égard du patrimoine dont nous avons la charge. » Jean-Jacques Aillagon, LA TRIBUNE DE L’ART | 29.08.08.
[10] Une citation parmi d’autres : « La stratégie culturelle des grands lieux du patrimoine est un vrai débat. Versailles doit rester un lieu culturel vivant et ne pas être plongé dans le formol. » Jean-Jacques Aillagon, AFP | 10.09.08.
[11] « Je suis d’ailleurs parfois moi même indisposé par l’excès d’attention, je vous le dis très franchement, qu’on porte aux expositions contemporaines à Versailles et j’aimerais que toutes les expositions suscitent finalement la même ferveur universelle mais la nature humaine est ainsi faite qu’elle se porte plus volontiers sur ce qui fait débat que sur ce qui traduit tout simplement l’accomplissement d’un devoir. » Jean-Jacques Aillagon, colloque « Exposer l’art contemporain dans les monuments historiques » (13:00), INP | 07.10.10.
[12] En amont de l’exposition Murakami Versailles, interrogé sur cette éventualité, Jean-Jacques Aillagon avait déclaré : « Pour l’instant, j’attends que ce projet se conclue positivement. Mais le fait que le Qatar considère qu’une présentation préalable de l’exposition à Versailles soit importante est un signe très positif. », « Versailles - Des stars et le Qatar » par Roxana Azimi, LE JOURNAL DES ARTS | 04.09.09.
[13] « J’aime cette exposition parce qu’elle est gaie, elle est colorée, fleurie, parfois même coquine. Elle me plaît beaucoup. Elle n’entraîne aucune dégradation du site. Ce que l’on dit moins, c’est la couverture médiatique énorme, une couverture internationale qui séduit le mécénat d’entreprise, ce sont déjà d’importantes promesses de dons qui permettront demain d’entretenir au mieux le château et les jardins. » Alain Baraton, chronique « L’art moderne dans les jardins classiques. Murakami à Versailles, FRANCE INTER | 26.09.10. Le qualificatif de »jardinier de Versailles" communément attaché à Alain Baraton est en réalité impropre puisque il ne l’est seulement de Trianon et du parc de Versailles et pas des Jardins historiques autour du Château qui sont sous la direction de Joël Cottin beaucoup plus discret et certainement plus intéressant.
[14] Interview de J.-J. Aillagon, JDD | 03.09.11.
[15] AFP | 09.06.10.
[16] « Ouverture artistique et patrimoine - Entretien croisé Jean-Jacques Aillagon et Laurent Brunner », propos recueillis par Antoine Pecqueur, LA TERRASSE n°185 | 02.11.
[17] Article 2, point 6, Décret n° 2010-1367 du 11 novembre 2010 relatif à l’Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles / Il s’agissait des Productions du Roi-Soleil dans laquelle travaillait la compagne de l’ancien président du domaine de Versailles, Hubert Astier. Lire « Embrouilles au château » par Angélique Negroni, LE FIGARO | 09.06.04 ; « L’ex-président du château entendu par la police » par Stéphane Sellami, Le Parisien | 17.11.05 ; « Astier menait bien la vie de château à Versailles » par Vincent Noce, Libération, 21.11.05.
[18] Selon La Lettre de Nodula, bulletin rédigé par le cabinet d’avocats Roland Lienhardt qui alimente sur Internet un « Petit Bréviaire de la corruption au ministère de la culture et de la communication et dans ses dépendances », la société Château de Versailles Spectacles serait ni plus ni moins qu’illégale, argumentaire développée dans une note-> consacrée à Christine Albanel, affirmation à ce jour, à notre connaissance, non contredite.
[19] « Le conseil d’administration extraordinaire de l’EPV du 16 octobre 2003 a décidé la création d’une filiale, la SASU château de Versailles Spectacles (CVS), qui est apparue comme l’outil le plus adapté à une gestion événementielle souple et dynamique permettant à l’actionnaire de jouir d’un droit de regard sur l’activité. Cette délibération de création a été arrêtée par le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie le 23 décembre 2003. » Rapport d’activité EPV 2003.
[20] « Le Carrosse est une des installations originales commandées à Xavier Veilhan par le domaine national de Versailles (par le biais de la société Château de Versailles Spectacles) pour l’ensemble du site. C’est celle que le CNAP a choisi de produire. » Rapport d’activité du CNAP 2009, p.20.
[21] Rien à voir avec les services annexes que l’établissement concède à des sociétés extérieures (Ladurée, Angelina, le petit train, etc.) dont, aux dernières nouvelles, le président du Château n’est pas le dirigeant
[22] Laurent Brunner a été directeur artistique du Festival Perspectives de Saarbrücken-Moselle et directeur du Carreau, scène nationale de Forbach et de l’Est-mosellan.
[23] Les expositions « classiques » proposées par le Château de Versailles entrent dans le cadre de ses missions d’éducation du public. Malgré les déclarations fracassantes de Jean-Jacques Aillagon - « Nous avons le devoir d’ouvrir le patrimoine du château à la création contemporaine » (Conférence de presse, Versailles | 09.09.10) -, exposer de l’art contemporain n’entre absolument pas dans les missions statutaires de l’établissement public. Pour contourner le problème, le contrat de performance signé en décembre 2007 par Christine Albanel a posé comme objectif de « développer une approche plus transversale de l’offre culturelle », ce qui permet, avec une formulation aussi vague, à peu près tout (Objectif 3.6, Rapport d’Activité EPV 2009, p.28). D’autres « manifestations » de CVS sont contestables : Les Jardins musicaux (les Grandes Eaux sans les eaux !), manière de rendre payants les jardins les mardis de la belle saison ou le Parcours du Roi devenu la Sérénade royale, simple visite du château en « nocturne » mais sans les réductions et gratuités applicables en journée agrémentée de quelques danses depuis 2010 pour faire figure de spectacle.
[24] Entretien par Anne Kerner, EDGAR | oct.-nov. 2009.
[25] Fabienne Faure, AFP | 09.09.09.
[26] AFP | 09.06.10 ; Pascale Mollard-Cheneboit, AFP | 09.09.10 .
[27] « L’exposition coûte environ 2,5 millions d’euros, comme les autres expositions à Versailles. L’essentiel des coûts est occassionné par le transport, le montage, et l’assurance des oeuvres. L’exposition a bénéficié d’un très large mécenat d’une organisation culturelle du Qatar (la Qatar Museums Authority), dans le cadre de son programme international — Doha est capitale culturelle 2010. » J.-J. Aillagon, LIBÉRATION | 15.09.10 ; lors de ce tchat, nous avons nous-même posé deux questions dont celle-ci à laquelle on ne nous a pas répondu : « M. Aillagon, vous indiquez que l’exposition Murakami Versailles a couté 2,5 millions d’euros en étant principalement mécénée par le Qatar. A hauteur de combien ? et qui a financé le reste ? ».
[28] « L’exposition a coûté près de 2,5 millions d’euros, dont 1,57 million d’euros apportés par un mécénat du Qatar qui présentera après Versailles une exposition Murakami. » Sabine Gignoux, LA CROIX | 09.09.10
[29] « L’art abstrait encercle le Roi-Soleil » par Valérie Duponchelle, LE FIGARO | 01.04.11 / « Bernar Venet au château de Versailles, le making of » par Valérie Duponchelle, LE FIGARO | 24.05.11.
[30] AFP | 25.05.11
[31] Depuis le premier Versailles Off en 2004, personnels du Château ayant participé aux événements d’art contemporain (liste non exhaustive établie grâce aux rapports d’activités) : le service presse en relation avec l’agence Opus 64, en charge des relations presse de la filiale CVS, le bureau des activités éducatives (rédaction de documents pédagogiques pour les enseignants, élaboration de parcours pour les familles), guides-conférenciers, bureau de la logistique pour l’approvisionnement des différents points du domaine en supports de visites spécifiques, rédaction de ces supports de visite, service Marketing, partenariats médias et nouveaux médias pour le suivi de la réalisation de sites Internet dédiés comme pour Veilhan Versailles, agents de surveillance.
[32] Décret n° 2010-1367 du 11 novembre 2010 relatif à l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles (JORF n°0263 du 13 novembre 2010), art. 2.
[33] GROSSES TÊTES, RTL | 30.08.11 / Déclaration du même accabit : « Votre critique serait pertinente si nous étions par ailleurs négligent à l’égard de ce patrimoine, si on ne le restaurait pas, si on ne l’entretenait pas, si on ne l’enrichissait pas. Or, je suis, je pense, tout à fait assidu à ces devoirs. » Jean-Jacques Aillagon, Débat avec Philippe Tesson, Vidéo LE FIGARO MAGAZINE | 23.09.08
[34] Conférence de presse sur le Grand Versailles, Christine Albanel, présidente de l’établissement et Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture | 30.10.03.
[35] conférence de presse J.-J. Aillagon | 09.02.10.
[36] « Versailles : Darcos va-t-il détrôner Aillagon au château ? », LE PARISIEN Yvelines | 29.04.10.
[37] Blog J.-J. Aillagon | 16.09.10
[38] « L’ensemble des grilles du domaine présente un état de conservation très dégradé » lu sur le site Internet du Château.
[39] C’est ce que raconte Christophe Tardieu, administrateur du Château sous la présidence Albanel, dans son livre de souvenirs : « M. Monnoyeur contacte alors le château et demande s’il existe une opération spectaculaire qu’il pourrait financer. Nous avons précisément un projet magnifique à lui proposer : la restauration (sic) de la grille royale. Il se déclare preneur. » Le surintendant de Versailles, éd. du Moment, 2010, p.88. On pourrait dire la même chose de la reconstitution du bosquet des Trois Fontaines en 2004 plutôt préféré à la restauration du bassin de Latone, la reconstitution en 2010 des décors extérieurs du Pavillon frais lui-même reconstruit en 1980 dans les jardins de Trianon à la restauration du Belvédère, la reconstitution de la ferme du Hameau en 2004 et 2007 plutôt que la restauration de la Maison de la Reine.
[40] « Sous la présidence de M. Aillagon, le château a réuni 50 millions d’euros grâce au mécénat dont 20 millions en 2010. Pour 2011, la somme est de 15 millions (à fin août). » L’EXPRESS | 30.08.11. Il semblerait que cette somme recouvre de manière très large « l’ensemble des mécénats négociés en faveur des travaux, des acquisitions ou de la programmation » (conférence de presse J.-J. Aillagon | 14.12.10). Inclues des conventions qui semblent-ils n’ont pas été conclues comme celle concernant la restauration du Bassin de Latone, à hauteur de 6,5 millions d’euros.
[41] Projets de restauration en attente faute de financement. Au Château : le Cabinet d’Angle du Roi (1 000 000 €), le Cabinet de la Méridienne (600 000€), les grilles de l’Orangerie et la grille d’Honneur (4 220 000€), la Petite Orangerie (1 000 000 €), le Bassin de Latone (6 500 000 €) ; au Petit Trianon : la Laiterie de Propreté (580 000€), la Maison de la Reine (3 860 000€) Sources : EPV.
[42] « De quels grands chantiers êtes-vous le plus fier ? - Il y en a eu tellement : le chantier de la fin de la rénovation de la galerie des Glaces, le Petit Trianon, la restitution de la Grille royale… Il y en a eu d’autres moins visibles, comme la remise en état des toitures et des charpentes. C’est peut-être le chantier de la restauration de l’Opéra royal qui m’a le plus ému... » Interview J.-J. Aillagon, JDD | 02.09.11. Idem dans LE PARISIEN où, à la même question il ne sait pas trop quoi répondre | 17.09.11.
[43] L’Etat a pris en charge ces travaux dans le cadre du programme du Grand Versailles dont M. Aillagon avait certes annoncé le financement en tant que ministre de la Culture en 2003, ce qui est tout à fait à mettre à son crédit, mais dont il n’était pas du tout à l’initiative, ce qu’il ne précise jamais, puisque ce programme lui préexistait dans son élaboration, devant être lancé en 1999 quand la fameuse tempête dévastatrice à Versailles survint, entraînant sa suspension.
[44] Au cours du mandat de J.-J. Aillagon (2007-2011), outre les chantiers pré-cités, les restaurations suivantes ont été menées : restauration du Cabinet de Garde-robe de Louis XVI grâce au mécénat de Lady Michelham of Hellingly (négocié en 2006 sous la présidence Albanel), restauration et réinstallation de la statue équestre de Louis XIV grâce au mécénat de la Française des Jeux (négocié sous la présidence Aillagon), restauration de l’Antichambre du Grand Couvert de la Reine grâce au mécénat de Martell & Co (suite du mécénat démarré en 2007 avec l’exposition « Quand Versailles était meublé d’argent » négocié sous la présidence Albanel), annonce de la restauration du Belvédère pour 1M€ par le World Monuments Fund (négocié sous la présidence Albanel) et Vinci (négocié sous la présidence Aillagon), restitution du décor extérieur du Pavillon frais grâce aux American Friends of Versailles (suite du mécénat, lancement de la campagne de restauration de l’Etoile Royale grâce notamment au mécénat de Moët Hennessy et de la société Colas (négociés sous la présidence Aillagon), restitution du jet du bassin du Miroir au domaine de Marly.
[45] « Bernar Venet au château de Versailles, le making of » par Valérie Duponchelle, LE FIGARO | 24.05.11 ; « L’art abstrait encercle le Roi-Soleil » par Valérie Duponchelle, LE FIGARO | 01.04.11.