SIGNEZ LA PÉTITION > Pour un accès libre aux jardins de Versailles et de Trianon
05.04.09 | RUDE WEEK-END pour le personnel de l’établissement public du château de Versailles affecté aux grilles d’entrée des jardins côté Bassin de Neptune et de ceux du Grand Trianon devenus brutalement payants. Face aux nombreuses protestations des promeneurs versaillais ou franciliens mis devant le fait accompli, les gardiens en uniforme ne pouvaient que répondre que telles étaient les nouvelles dispositions règlementaires.
Ca gueulait, certains s’en prenant maladroitement au « petit personnel » qui n’y pouvait mais alors que les décideurs étaient eux invisibles, à Venise ou ailleurs. D’autres mi-rieurs mi-rageurs parlaient Révolution, guillotine etc. C’est vrai que Versailles était plus ouvert sous la monarchie que sous l’ère républicaine [1] ! Encore plus depuis l’arrivée de Jean-Jacques Aillagon qui a suivi, en cela, les traces de Christine Albanel, sa prédécesseure qui déclarait que le palais des rois devenu palais du peuple devait entrer dans une logique d’entreprise. Le pire et le plus mal ressenti pour les visiteurs, c’est qu’on fêtait en ces premiers jours d’avril l’entrée en vigueur de la gratuité accordée par le président de la République aux jeunes et aux professeurs dans tous les musées et monuments nationaux. D’un côté on ouvre, de l’autre on ferme ! Où est la logique ?
BASSIN DE NEPTUNE
Mise sous douane, c’est le terme employé par les argentiers du château pour signifier qu’une zone devient payante. Dorénavant, pendant toute la durée des Grandes eaux musicales, les week-ends d’avril à octobre ainsi que les jours fériés, à quoi il faut ajouter les mardis - autre nouveauté - à compter du mois de mai où sera proposé une version sans mise en eau [2], les alentours du Bassin de Neptune en deça du parterre du Nord, accessible par les grilles de Neptune et du Dragon, seront d’accès payant. Manant, pour y passer, il te faudra bourse délier de 6 à 8 euros. Les riverains se consoleront avec une baisse, parait-il, du volume sonore de la musique en certains endroits pour moins gêner leurs oreilles.
En monétisant cette partie des jardins même par intermittence, la direction du château touche à une habitude très ancrée chez les versaillais qui passent naturellement par là pour rejoindre le parc et la route qui mène aux Trianons. Pas sûr qu’on s’y soumette si aisément. Il ne nous étonnerait que la municipalité soit saisie de la question et qu’il y ait quelques remous.
C’est tout aussi gênant pour les touristes et amateurs qui, après la visite du château, souhaitent se rendre au « Domaine de Marie-Antoinette » comme on les y encourage fortement. Pour cela, ils sont donc obligés de ressortir de l’enceinte du château, de passer par la ville, de contourner le Bassin de Neptune jusqu’à la grille de la Reine, boulevard de la Reine. Tout sauf pratique.
JARDINS DU GRAND TRIANON
Nous savions qu’à l’instar des jardins du Petit Trianon, la direction du château de Versailles avait l’intention de rendre payants ceux entourant le Grand Trianon inclus très improprement d’un point de vue historique dans l’espace commercial dénommé « Domaine de Marie-Antoinette » datant de 2006.
Il y a quelques jours nous dénoncions l’augmentation de son prix d’entrée instaurée en catimini pour le 1er avril sans savoir que les jardins du Grand Trianon allaient subir le même sort. Là encore, outre les touristes, les versaillais dont certains avaient l’habitude de passer par cette zone tranquille pour faire leur jogging ou en simples promeneurs ont découvert la nouvelle situation, non sans protestations pour le pauvre personnel aux grilles.
On ne voit pas bien d’autres raisons que commerciales à rendre payants des jardins dont une grande partie sont, du reste, aménagés des plus sommairement. Et, pour lutter contre les dégradations et le vandalisme, ce ne sont pas des murs qu’il faudrait mais plus de personnel de surveilllance.
Enfin, rappelons qu’en 2002, la direction du château avait tenté de rendre payant l’ensemble des jardins et du parc pour ensuite y renoncer face à la mobilisation des Versaillais. Pour les actuels dirigeants qui affirmaient le 14 juillet dernier lors d’un pique-nique républicain qu’il fallait « démocratiser Versailles », ce qui les gêne le plus en fait, ce sont les Versaillais eux-mêmes qu’ils soient de souche ou bien de coeur. Aboule le fric, le tiroir-caisse est par ici.
SIGNEZ LA PÉTITION > pour un accès libre aux jardins de Versailles et de Trianon
TÉMOIGNAGE D’UN VISITEUR
Maintenant depuis le 1er avril, hélas et pour une durée plus pérenne, les jardins du grand Trianon sont aussi inclus dans le Marie-Antoinette’s land et par conséquent payants. Toutes les grilles sont désormais fermées, au bout du petit canal, et à côté du Jardin du Roi.
Hier, 2 avril, devant le tollé des promeneurs, rendons hommage à la pauvre gardienne qui a su essuyer toutes les invectives qu’elle ne mérite pas à vrai dire, mais qu’il serait judicieux qu’elle transmette à ses supérieurs.
Parmi les promeneurs furieux, une exception, une sociétaire qui son badge à la boutonnière, précisait même que c’était honteux d’admettre n’importe qui dans « cette oeuvre d’art qu’est le parc » et qui, à l’instar des édifices religieux qui le font eux pour des questions de respect sacré, jetait l’opprobre sur les joggeurs et les visiteurs en short !
M. Allaigon avait aussi disait-elle soulevé le problème : ne faut-il pas interdire le parc aux joggeurs ?
Voici donc la philosophie de la gestion de Versailles. D’un côté des milliards pour refaire à l’identique, saupoudrés par des mécènes aux goûts discutables ; des initiatives contestables comme la grille royale, et de l’autre, une volonté qui se précise d’années en années, de réserver le domaine aux seuls esthètes capables de le comprendre.
Grands parents du week-end promenant en famille vos petits enfants, amoureux sur les pelouses des bords de l’eau, petits scouts du dimanche, mamans du mercredi après-midi, toutous qui à chaque arrivée au grand parc gémissez de joie, Président de la République venant partager votre félicité au milieu du bon peuple... les jours de bonheur vous sont comptés. Bientôt viendra le temps où tel un sanctuaire que le Roi lui-même n’aurait jamais osé imaginer, le château et son parc seront réservés quelques heures aux hordes de touristes venus déverser leur argent, munis de leur pass Disneyland-Domaine de Marie-Antoinette ( quelle revanche sur l’Histoire que cette pauvre Reine éclipse ainsi toute sa famille), en attendant que les grilles se referment sur les favoris du maître seuls admis à « apprécier dans sa splendeur » cette oeuvre d’art.
Signé : Louis XIV au secours…
Je suis né en 1944 au Chesnay, non loin de la porte Saint Antoine. j’ai passé une grande partie de mon enfance à jouer dans les jardins du château, y compris au hameau Marie Antoinette totalement libre d’accès à l’époque, ainsi qu’à l’arboretum que des jardins « ouvriers » rendaient populaires et gratuits. Aujourd’hui, on me vole mon univers en le grignotant chaque jour à coup d’Euros....Désormais, il me reste quelques photos et des souvenirs, car je refuse de fouler ces allées. Adieu Versailles.
Depuis le 1er novembre 2010, l’accès au Bassin de Neptune est « momentanément » fermé. Il n’est même plus question d’en payer un droit d’entrée, plus personne n’y peut entrer.C’est fermé. Au motif que le Bassin de Neptune n’est pas le jardin public de Versailles. Certes, mais les Versaillais se sentent bien floués et ce jardin était un des seuls lieux où les étrangers pouvaient partager un peu d’ espace avec les versaillais. Maintenant c’est vide, à longueur de journées.Même les touristes ne s’y aventurent plus. C’est triste, c’est tout. Merci M.Aillagon.
[1] Sous l’Ancien Régime, tout à chacun pouvait entrer dans les jardins de Versailles librement ainsi que dans le château où seule une tenue convenable était exigé.
[2] Le Parisien du 04.04.09, sous la plume de Matthieu Suc, indique que cette nouveauté est censée « répondre à une demande des voyagistes, soucieux de profiter de la fermeture des musées parisiens ». On penche plutôt pour une recherche éffrénée de recettes de la part de Versailles Spectacles dirigée par Laurent Brunner.