04.05.09 | DANS SON ÉDITION de mai 2009, le magazine municipal de Versailles dresse le bilan d’un an de mandature de son maire François de Mazières. Page treize, au volet Culture, il est fait état de la bonne entente du nouveau maire avec la présidence de l’Établissement public du domaine de Versailles - ce qui était loin d’être cas auparavant - ce dont il faut évidemment se réjouir.
Ainsi, au cours de l’année passée, la Ville et le Château se sont entendus pour une réouverture partielle et un amélioration d’accueil du public de la Salle du Jeu de Paume ; pour le retour de la statue équestre de Louis XIV sur la place d’Armes, emplacement qui semble satisfaire tout le monde, elle a été inaugurée il y a quelques jours ; pour le « réaménagement de l’allée centrale du château, avec le démontage des guérites qui entravaient la perspective du château ». Malheureusement, ce que le magazine municipal ne dit pas, c’est que le spectacle plutôt laid des voitures et cars devrait lui perdurer, la Ville touchant des dividendes sur leur stationnement.
Seule ombre au tableau, les jardins. Le magazine indique en gras : « Pour autant, le maire a marqué son ferme désaccord sur les nouvelles conditions d’accès payant au parc du Château, et obtenu une amélioration des conditions d’abonnement annuel intéressant directement les Versaillais ».
ACTIONS DU MAIRE
En effet, François de Mazières, durant la campagne municipale de mars 2008, s’était prononcé en faveur de leur gratuité d’accès. Interrogé sur ce sujet, il nous avait répondu très cordialement : « En tant que Versaillais grand amateur du parc du château, je comprends et partage votre attachement à ce merveilleux parc, notamment au domaine de Marie-Antoinette derrière le Petit Trianon. Nous plaiderons auprès du château pour revenir sur cet accès payant, mais c’est le château qui a le pouvoir de décision en la matière. ». Il faut savoir que le maire de Versailles siège, en cette qualité, au conseil d’administration du Château.
En décembre 2008, rappelant sa promesse de campagne à M. de Mazières, nous lui avions adressé un courrier pour lui demander d’intercéder auprès de la présidence du château qui continuait d’étendre sa politique de commercialisation des jardins de Trianon. Quinze jours plus tard, nous recevions une réponse chaleureuse. M. le maire nous faisait savoir qu’il était « personnellement intervenu à ce sujet auprès de Monsieur Aillagon et devant le conseil d’administration du Château. Cependant, compte tenu de la situation budgétaire du château, ma demande n’a pu être retenue. J’ai alors soumis la proposition de créer un abonnement annuel à 20€ pour accéder au Domaine de Marie-Antoinette, mais le conseil d’administration du château est resté sur un montant forfaitaire annuel de 30€. » Le maire concluait à l’absence de projet du Château de rendre payant le parc au-delà des Jardins, rappelant son attachement « à la gratuité de ce lieu de détente et de sport qui accueille chaque jour de nombreuses familles versaillaises ».
Loin de nous l’idée d’accabler M. de Mazières qui a toujours été courtois avec nous, nous répondant quand M. Aillagon nous ignorait [1], ce qui depuis a changé, mais force est de constater qu’il est de peu de poids face au rouleau compresseur de l’administration du Château. Et il est bon de préciser que l’abonnement annuel dont M. de Mazières revendique l’idée existait avant lui, depuis le lancement par Christine Albanel du « Domaine de Marie-Antoinette » en juillet 2006. Peut-être a-t-il plaidé pour le niveau de son montant. En vain, puisqu’effectivement cet abonnement est passé à 30€ le 23 décembre 2008 sans aucune explication.
LES PROJETS DE M. AILLAGON
Aujourd’hui que le Château continue sa politique de commercialisation des Jardins, au mépris des versaillais bien en droit de s’y estimer un peu chez eux autant que le sont les parisiens au jardin du Luxembourg, ne serait-il pas bon que les habitants se groupent autour de leur maire pour que tous ensemble, ils fassent entendre leur opposition au projet de M. Aillagon concernant les jardins par des actions plus visibles [2] ? Les versaillais sont de plus en plus nombreux à signer la pétition que nous avons initié, et leurs commentaires sont on ne peut plus parlant. Mais plus largement, les maires et les habitants des communes limitrophes habitués des jardins et du parc de Versailles ne devraient-ils pas se joindre pour faire entendre leur voix ? Nous pensons notamment au Chesnay.
Si le parc ne semble pas encore concerné par un projet de « mise sous douane », il en va autrement des Jardins historiques. Depuis le 4 avril, les promeneurs ont eu la bonne surprise de découvrir que l’accès au Bassin de Neptune, au pied du parterre Nord du Château, serait dorénavant payant durant les week-ends des Grandes Eaux, d’avril à octobre. Autre nouveauté, il le sera aussi, ainsi que l’accès à l’ensemble des Jardins, les mardis, à compter du mois de mai. Autant de signe préparatoire à la commercialisation complète des Jardins, 365 jours sur 365. Pour preuve, cet extrait de l’interview de M. Aillagon par Didier Rykner publiée en septembre 2008 sur le site LA TRIBUNE DE L’ART :
"M. Aillagon - Il faut d’ailleurs se préoccuper de la meilleure conservation du jardin en général. Les visiteurs doivent apprendre à faire la distinction entre le jardin qui est une sorte de château extérieur et le parc qui est un espace de promenade. Trop de visiteurs le considèrent comme une sorte de jardin public, quand ils y viennent avec leurs bicyclettes, leurs chiens souvent non tenu en laisse et leur ballon. C’est assez navrant.
Comment allez-vous faire pour empêcher cela ?
La meilleure solution serait d’inclure le jardin dans le périmètre du château pour bien distinguer entre le jardin et le parc. De toute évidence, le Ministère de la culture est, pour le moment, attaché au principe de non distinction entre le régime de visite du parc et celui du château. C’est dommage. Je le regrette. J’en prends acte. Il faut donc développer un effort accru de sensibilisation du public."
Manifestement, M. Aillagon est en train de convaincre le ministère...
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[1] Le 27 février 2007, nous avions adressé une lettre, pensons-nous polie, à M. Aillagon en tant que président de l’EPV sur ces questions. Nous n’avons jamais reçu de réponse.
[2] Si la question concerne au premier chef les riverains des jardins que sont les versaillais, elle concerne en fait tout le monde, tous les français et au-delà pour un site classé au Patrimoine mondial de l’humanité. A travers cet exemple, la question pourrait être : que voulons-nous faire de nos sites patrimoniaux ? Des sites ouverts ou fermés ?