05.10.09 | Depuis la parution, hier, d’un article signé Henry Samuel dans le très britannique DAILY TELEGRAPH révélant outre-Manche l’ouverture prochaine d’un McDonald’s dans les sous-sols du Louvre, c’est un tsunami médiatique dans le monde entier. De Grande Bretagne en Russie, d’Italie en Norvège, de la Corée aux Etats-Unis [1]. Jusqu’à une dépêche de l’Associated Press. Partout sauf en France.
L’article d’origine, nous citant et reprenant certaines de nos informations publiées il y a une semaine dans « McDo au Louvre, une faute de goût », donne la parole à Didier Rykner de la TRIBUNE DE L’ART qui se déclare aussi choqué : « McDonald’s is hardly the height of gastronomy. Today McDonald’s, tomorrow low-cost clothes shops ». L’article anglais fait également état d’un mécontentement parmi le personnel du musée et cite un anonyme conservateur au bord de l’apoplexie : « This is the last straw. This is the pinnacle of exhausting consumerism, deficient gastronomy and very unpleasant odours in the context of a museum ».
La presse internationale s’étonne et s’amuse du paradoxe de voir encore des réfractaires au Roi du Hamburger dans un pays qui y fait ses meilleurs chiffres après les Etats-Unis. Dans le royaume où la cuisine a été hissée au rang d’Art. La honte. Une entreprise florissante qui fête cette année ses trente ans de présence dans l’hexagone, « un des premiers recruteurs de France » selon LES ÉCHOS « mais en fait à 80% à temps partiel ». Roi de la Précarité...
Face à ce soudain intérêt pour un sujet qui, en France, n’intéresse quasi personne, excepté une brève du MONDE.FR, la direction du Louvre a dû produire fissa un communiqué rassurant, où elle déclare que le projet présenté par McDonald’s « est conforme à l’image du musée », l’entreprise ayant « pris le plus grand soin pour assurer la qualité du projet, tant en termes culinaires et esthétiques ». On a hâte de voir. Sa présence, parmi d’autres comptoirs de cuisines du monde proposés à cet endroit du Carrousel du Louvre, correspondrait... au segment américain.
Plus intéressant, l’explication donnée par le mystérieux conservateur sur l’endroit curieusement en retrait qu’on nous a indiqué sur place comme l’implantation de ce futur McDo. En surplomb d’un hall immense et vide longeant une partie des fortifications anciennes du Louvre. Ce serait pile l’endroit où devraient s’ouvrir des caisses dans le cadre d’un nouvel aménagement de l’accueil du musée : « Once this happens, the first thing visitors will likely see when they arrive are big golden arches ». Tout s’explique.
MARIO RESCA S’INSPIRE DU LOUVRE
Plus glauque, il semble bien que le DAILY TELEGRAPH ait été mis sur la piste du McDo Louvre par Mario Resca, le très controversé super manager des musées italiens, nommé à ce poste par le gouvernement Berlusconi, ancien numéro 2 de McDonald’s Italie. Le 3 octobre, le journal anglais lui consacrait un article où la vulgarité du personnage s’étalait dans toute sa crudité. Celui-ci déclarait notamment : « I see visitors as customers, clients. When you come to one of my museums, you are a guest and your needs should be satisfied. I want double-digit growth in visitor numbers ». L’homme qui veut livrer Herculanum à des soirées privées ne manque pas de projets pour faire de l’argent avec les trésors historiques italiens. Avec pour modèle... le musée du Louvre ! « You go to the Louvre and you find Mona Lisa T-shirts, Mona Lisa fridge magnets, Mona Lisa spoons. And the Mona Lisa is Italian ! The French do marketing much better than us » indique-t-il. Puis, rajoutant platement, encouragement suprême à sa politique culturelle business, que « Paris has given permission for a McDonald’s to open up inside the Louvre ». Le personnage a au moins le mérite de la franchise. Nos grands directeurs de musées français, sous leurs airs de grands princes érudits, valent-ils mieux ? Pas sûr.