24 juin 2010 | UNE PERFORMANCE SANS INVITATION à la presse, ni cérémonie. Mardi dernier, La Poste située dans le forum du Centre Pompidou depuis vingt ans a été démontée pour laisser place à un trou béant. Cette destruction fait suite à la fermeture du comptoir de vente décidée brutalement à la mi-mai et qui avait entraîné une mobilisation d’une partie du personnel du Centre, notamment de la BPI. Seul sursis obtenu, l’employée de la Poste reclassée ailleurs devait être remplacée provisoirement jusqu’au 30 juin. Promesse non tenue. Qui s’en étonnera ?
Pour les responsables de La Poste de la rue Saint-Denis, à Paris, dont elle dépendait, ce n’est pas une fermeture stricto sensu puisque devraient subsister au moins pendant un an les automates de pesage et d’affranchissement du courrier, les opérations d’envoi de recommandés et de colis étant supprimées. Le retrait d’argent disparaîtra sans doute lui aussi faute de personnel pour l’alimenter. Au bout d’un an, une évaluation décidera du sort des quelques automates restants au regard de leur rentabilité. On ne trouvera plus alors qu’une misérable boîte au lettre. Scénario d’ores et déjà bouclé.
La décision incomberait à la direction de la Poste qui, en 2009, au regard du loyer annuel de 29 000 euros pour quelques mètres carrés, décida de se retirer des lieux, jugeant le point de vente pas assez fréquenté, donc non rentable [1]. Devait-il l’être ? Pourtant cette mini-Poste customisée Ruedi Baur exécutait environ 80 opérations par jour pour 100 à 150 personnes de toutes nationalités, tout en rendant de précieux services aux mille cinq cents travailleurs du Centre, permanents ou de passage.
On ne peut pas dire que la direction du Centre Pompidou se soit battue pour empêcher le départ de ce service au public, logique pour un établissement qui revendique 5 millions de visiteurs par an. Cependant, c’est l’intervention de la directrice générale Agnès Saal qui aurait permis le maintien des quelques machines automatiques en sursis [2]. Maintenant que La Poste est retirée, le Centre prétend n’avoir dans l’immédiat aucun projet de remplacement alors que le Forum est en phase de réaménagement. On ne serait pas étonner d’y voir fleurir un jour ou l’autre un commerce absolument indispensable. Comme Ladurée au Château de Versailles.
D’AUTRES SERVICES MENACÉS À PARIS
Car le problème ne se pose pas qu’à Beaubourg mais dans d’autres musées et sites touristiques qui voient peu à peu disparaître les services au public.
La Poste du musée du Louvre que l’on trouve dans l’allée du Grand Louvre situé dans le centre commercial du Carrousel sous la tutelle de l’établissement public ne devrait pas survivre au projet de réaménagement des espaces d’accueil du public. La direction du Louvre ayant proposé un nouvel emplacement jugé inapproprié par le groupe, La Poste aurait décidé de se retirer. Déjà, dans cette allée initialement réservée aux boutiques et services annexes du musée, l’implantation en décembre 2006 d’un Starbucks Coffee avait créé un certain émoi. Nous en avions parlé dans notre article relatif à l’ouverture d’un McDonald’s dans le Carrousel. Passé complètement inaperçu, encore présent l’année dernière place de la pyramide inversée toujours dans le Carrousel, un kiosque Office de Tourisme Paris délivrant notamment des billets SNCF a disparu définitivement au profit d’une boutique Mariage Frères certainement beaucoup plus lucrative [3].
Mais, à Paris, dans d’autres sites culturels et patrimoniaux, la fermeture de Postes serait programmée, notamment celles de la Cité des Sciences de la Villette et de la Tour Eiffel qui s’est déjà vue éjecter du prestigieux premier étage en 2007 pour atterrir, avec moins d’opérations proposées, dans le pilier sud. On le voit, la tendance, dans les sites patrimoniaux, va à l’élimination des services au public. Une curieuse manière d’accueillir les millions de visiteurs qui viennent chaque année dans le pays dont on dit qu’il est la première destination touristique au monde. Tout sauf un progrès.
Je viens d’apprendre que la poste du musée du Louvre ferme à la fin de l’année... dans quelques jours. C’est une perte immense, je suis triste et révoltée.
[1] Initialement, le loyer, selon le dernier contrat signé le 12 mai 1999 entre le Centre Pompidou et La Poste prévoyait un loyer de 20 000 euros (montant alors en francs) et une augmentation de 1000 euros par an. Le contrat était reconductible tacitement tous les 5 ans.
[2] « Le bureau de Poste va fermer à Beaubourg » par Boris Cassel, LE PARISIEN | 13.05.10
[3] Ce point d’accueil Office de Tourisme Paris ouvert 7 jours sur 7 de 10h à 18h résultait d’un partenariat avec l’Espace du Tourisme d’Ile-de-France.