03.11.08 | SI CE N’EST PAS de la collusion d’intérêt, ça y ressemble. Jean-Jacques Aillagon, bien qu’ayant quitté en juin 2007 la direction du Palazzo Grassi, à Venise, propriété du milliardaire François Pinault, pour prendre les rênes de l’établissement public du château de Versailles, siège toujours, depuis, au sein de son conseil d’administration [1].
Voilà une nouvelle qui va conforter l’opinion de ceux qui accusent le président du domaine de Versailles, pour avoir seulement un temps dirigé le palais vénitien, de chercher à valoriser les collections d’art contemporain de F.Pinault qui a prêté six des dix-sept oeuvres de Jeff Koons exposées actuellement dans le château du Roi-Soleil.
Lors de la conférence de presse du 10 septembre, jour de l’inauguration de l’événement où F. Pinault n’est apparu que tard, au dîner de gala, loin des journalistes, J.J. Aillagon se disait offensé par ces critiques, jugeant « désobligeant » et injuste le procès d’intention qu’on lui faisait. Répondant que l’artiste américain n’avait pas attendu Versailles pour que ses oeuvres atteignent des sommets en salle de vente, il considérait avec raison ne pas avoir à renoncer à exposer telle ou telle oeuvre du fait que sa côte financière puisse en être augmentée et, parce qu’appartenant à un collectionneur privé, elle se retrouve peut-être ensuite sur le marché. Certes, mais la situation n’est-elle pas différente quand l’on est toujours personnellement lié à son propriétaire comme c’est le cas ici ?
Un mélange privé/public des plus ambigüs que Jean-Jacques Aillagon semble affectionner particulièrement pour qui se souvient qu’au printemps 2002, le même, alors président du Centre Pompidou et pas encore ministre, remettait au même Jeff Koons la légion d’honneur au nom du président Chirac, non sous les ors de la République mais dans les locaux parisiens de la maison de ventes Christie’s en présence de son propriétaire, le même François Pinault [2].
N’est-ce pas toujours Jean-Jacques Aillagon qui, trois ans plus tard, pressenti par la municipalité de Venise pour prendre la direction du Palazzo Grassi, informa l’homme d’affaires que le palais était en vente ? En juin 2007, quittant l’Italie pour prendre les rênes de Versailles, il n’excluait pas d’exposer des pièces de la collection Pinault à Versailles. On parlait déjà d’y monter le Split-Rocker...
Site Internet du Palazzo Grassi
Nous avons déjà consacré un article à l’exposition JEFF KOONS VERSAILLES. Nous en préparons un second sur ses aspects marketing que nous publierons très prochainement.
[1] Interrogé sur cette question, le Palazzo Grassi nous a transmis le dossier de presse de l’exposition en cours à Venise dans lequel on trouve la liste des personnes composant son conseil d’administration. Celle-ci apparaît aussi sur son site Internet : Page d’accueil > Palazzo Grassi > Equipe.
[2] « Jean-Jacques Aillagon châtelain » par Azimi Roxana, JOURNAL DES ARTS n° 262 | 22.06.07