04.05.12 | EN JANVIER DERNIER, au-delà de la situation particulière du musée d’Orsay qui interdit la pratique depuis mars 2010 entraînant protestations et incompréhension, nous lancions l’idée de réunions de réflexion, de concertation et de dialogue sur la place de la photo au musée, question qui, dans les années à venir écrivions-nous alors, va de toutes façons se poser de manière toujours plus forte, de par l’évolution technologique, la miniaturisation des appareils et leur généralisation massive dans la population. Plutôt qu’un problème, ne faut-il pas y voir un formidable outil de démocratisation culturelle, une fois la pratique intégrée harmonieusement à la vie du musée ou monument comme certains déjà le font ? Plusieurs acteurs concernés à différents niveaux s’associèrent à notre démarche et le 20 février, nous adressions une lettre commune au ministre de la Culture. Le 16 avril, la Direction générale des patrimoines y répondit favorablement (lire ci-dessous), ce dont nous nous réjouissons vivement puisque, du point de vue qui est le nôtre, c’est la première fois que des visiteurs sont associés directement à une réflexion sur la vie des musées.
Vendredi 4 mai, s’est tenue dans les locaux du ministère la première réunion de ce groupe sous l’égide de Jacqueline Eidelman, Chef du département de la politique des publics à la Direction générale des patrimoines. Elle a réuni 25 personnes. Outre les signataires de la lettre, étaient présents une quinzaine de représentants de différents services du ministère de la Culture, de la Réunion des musées nationaux (RMN), du Centre des monuments nationaux (CMN), du Centre de recherche et restauration des musées de France (C2RMF), du musée du Louvre (service Études et Recherche)... Ensemble, nous avons défini un calendrier des réunions à venir qui devront traiter de l’ensemble des sujets soulevés par la question : pratiques des visiteurs, gestion de l’espace muséal, actions de médiation par la photo & vidéo, expérience du personnel et des agents de surveillance, sécurité des oeuvres, droit et règlement, utilisation des images et diffusion sur Internet... Y seront conviés tous les acteurs concernés : représentants des musées, personnels, conservateurs, juristes, sociologues, techniciens etc.
A l’issue de ces réunions, sera élaborée une charte du bon usage de la photo au musée qui prenne en compte les pratiques des visiteurs, les conditions de travail des personnels, le droit de l’image et la sécurité des oeuvres.
Ministère de la Culture
Direction générale des patrimoines
Le 16 avril 2012,
Messieurs
Serge CHAUMIER, Muséologue, professeur des universités
Julien DORRA, OrsayCommons, co-organisateur de Museomix
Bernard HASQUENOPH, Louvre pour tous, OrsayCommons
Rémi MATHIS, Président de Wikimedia France
Jean-Michel RAINGEARD, Président de la Fédération Française des Sociétés d’Amis de Musées (FFSAM)
Messieurs,
Dans votre lettre en date du 20 février, vous avez attiré l’attention du Ministre de la culture et de la communication sur les nouvelles pratiques photographiques et filmiques des visiteurs dans les musées et monuments. Votre mobilisation sur ces questions n’est pas étrangère à l’interdiction réaffirmée de toute pratique photographique ou filmique par un grand établissement muséal parisien.
Il est évident que les avancées technologiques, la miniaturisation des appareils, leur intégration dans les téléphones portables et la généralisation de leur utilisation parmi la population, ont changé les manières de visiter les établissements patrimoniaux. Et nombre de professionnels de la médiation s’en félicitent, considérant que ces pratiques constituent un mode créatif d’appropriation et de partage des oeuvres de culture. Pour autant, ces comportements nouveaux peuvent parfois générer des problèmes non seulement à l’échelle des visiteurs mais également en ce qui concerne les conditions de travail des personnels. Des questions quant à la diffusion des images sur Internet sont également soulevées. Et celles relatives aux conditions optimales de préservation de l’intégrité des oeuvres ne sont toujours pas entièrement élucidées.
La Direction générale des patrimoines entend répondre positivement à la demande que vous formulez de création d’un groupe de travail prenant en charge le traitement de ces questions. Il visera notamment l’élaboration d’une charte de bonne conduite et des règles de civilité dans l’espace public du musée où les contraintes des établissements seraient ménagées et l’horizon d’attentes des publics respecté. Il réunira des représentants des domaines de compétence concernés au Ministère de la culture et de la communication et dans les établissements patrimoniaux, des représentants des publics usagers et des sociétés d’Amis de musées ainsi que des universitaires. Un panel de musées dont les pratiques en la matière sont diverses participera à cette réflexion.
Jacqueline Eidelman, Chef du département de la politique des publics de la Direction générale des patrimoines, est chargée d’organiser et d’animer ce groupe de travail dont les conclusions devront m’être transmises à l’automne.
La première réunion de ce groupe de travail aura lieu à la Direction générale des patrimoines :
le 4 mai de 14h30 à 17h30,
salle DGLFLF, Sème étage
6 rue des Pyramides, 75001 Paris
Veuillez recevoir, Messieurs, l’expression de ma haute considération.
Le Directeur général des patrimoines
Philippe BÉLAVAL
Copie à : Monsieur Hilaire Multon, Conseiller auprès du Ministre, Marie-Christine Labourdette, directrice adjointe chargée des mus"es, Isabelle Maréchal, chef du service du patrimoine, François Muller, chef du département de la communication de la direction générale du patrimoine, David Richard, responsable du Département infonnation communication, Christophe Vital, président de l’Association Générale des Conservateurs (AGCPF).
Il est évident que le fait de devoir passer à travers les sas de sécurité « Vigie Pirate » est également une solution déguisée de maîtriser les flux horaires, mais est-il (et, dans les années à venir sera-t-il) suffisant ? La solution d’une réservation anticipée sur Internet, telle que la pratique l’Alhambra depuis plusieurs années ne me semblant pas totalement satisfaisante car beaucoup trop rigide.
Le problème majeur étant également que quoique l’espace muséal du Louvre ou de Versailles soit énorme, la majorité des visiteurs ne sont là que pour voir des oeuvres ou des salles bien déterminées : Grands appartements et galerie des glaces à Versailles ; Vénus, Victoire et Joconde au Louvre et même si l’on tente parfois de leur proposer une visite « autre » qui, j’en suis sûre, les surprendrait positivement, il n’en reste pas moins qu’il est impossible de faire l’impasse sur le « must ». Je vous souhaite donc beaucoup de courage et d’énergie pour trouver des solutions conciliant liberté, sécurité, respect et démocratisation.
Il est grave de penser que l’on ne puisse pas réguler les flux sur les sites parisiens, ne serait-ce que pour des questions de sécurité, tant des oeuvres que des personnes. Il faut bien imposer une limite. Le Centre Pompidou le fait par un système de jauge (le bâtiment est soumis à des règles drastiques de sécurité). A Versailles, il y a eu des tentatives dans ce sens, dispositif défait par l’équipe Albanel/Tardieu. Les choses ont empiré depuis.
Je ne pense pas qu’il soit possible de réguler les flux sur les sites parisiens (Versailles a d’ailleurs essayé et a échoué...), la France est, selon les années, le 1er pays visité au monde et la majorité des visiteurs est largement étrangère. Je n’ose imaginer la réaction du Japonais ou de l’Australien à qui l’on viendrait dire que l’accès sur site est refusé pendant son séjour parisien car la fréquentation du site en question est trop importante...
Je n’ai jamais dit que le photographe ne pourrait pas être amateur d’art, simplement que j’ai remarqué, ainsi que mes collègues d’ailleurs, que l’interdiction de prendre des photos entraînait plus de calme et de respect des sites visités. Pourquoi ? je n’ai pas la réponse, je ne suis pas psychologue...
Quant à la gratuité des musées, je pense qu’il ne faut pas se leurrer : frais,charges, entretien, restauration et achat d’oeuvres doivent bien toujours être effectués,s’ils ne sont pas financés pour une partie grâce à l’achat de billets d’entrée, nous le paierons par un autre biais... Bien à vous également
Guide-interprète nationale depuis maintenant 30 ans, j’ai suivi l’évolution du tourisme « de masse » et si je me réjouis d’une fréquentation plus active des musées et sites, je suis contre l’utilisation d’appareils photos en intérieur.
Outre le fait de manque de respect envers les oeuvres, cela engendre bien souvent désordres et bousculades, avec des commentaires constamment interrompus par des « photographes » n’hésitant pas à nous demander de nous déplacer (dans le meilleur des cas)et le plus souvent à nous pousser. L’ambiance des musées ressemblent de plus en plus souvent à celles de halls de gare ou de galeries commerciales et je me demande souvent où se trouve la part de l’amateur d’art dans tout ceci. Il y a 2 ans, le Louvre a interdit les photos pendant une très/trop courte période et le musée a été alors d’un calme olympien...
Je n’ai parfois en face de moi qu’une armada d’appareils photos,tablettes et vidéos, si visiter Versailles ce n’est qu’être l’oeil collé derrière sa vidéo et voir son film une fois chez soi, quel est l’intérêt de venir sur le site ?? Je rappelle fréquemment à mes groupes qu’ils ont toutes les photos qu’ils veulent sur les sites Internet des Musées qui sont en général très bien faits.
Merci pour votre message mais ne croyez-vous pas que le vrai problème est la surfréquentation des grands musées et leur difficulté (ou incapacité) à gérer raisonnablement les fluxs ? Un visiteur photographe est-il gênant dans une salle calme ? Je ne le crois pas. Personnellement, je me refuse à opposer les « bons » visiteurs qui seraient les vrais amateurs d’art et les autres sous prétexte qu’ils photographient. Bien à vous
A Londres, on peut photographier dans tous les musées d’Etat hormis la National Gallery (Peinture), en revanche, ils sont tous d’entrée gratuite. La France a perdu l’entrée gratuite intégrale, l’entrée gratuite ponctuelle certains jours du mois, elle est en train de perdre l’autorisation de photographier.
Je le déplore car, que l’entrée soit payante ou gratuite, mon plaisir est divisé par deux à la sortie des (rares) musées qui interdisent la photographie. Vous avez remarqué que les Japonais rêvent de se faire photographier devant leur tableau préféré. Combien de Japonais fait venir en France et entrer au Louvre celui qui s’exhibe photographié devant la Joconde ? A ce propos visitez cette page de Shakira : http://pinterest.com/shakira/my-personal-museum-mi-museo-personal/ ou sa page Facebook : http://www.facebook.com/photo.php ?fbid=10151257374014560&set=a.142708799559.109364.5027904559&type=1&theater (Source : Beaux Arts Magazine d’octobre 2012).
Si problème de copyright il y a, pourquoi l’usage privé se trouve-t-il mis au rang de l’usage public ? Serait-ce à cause de la déficience de rigueur dans la défense que doit exercer l’ayant droit sur le copyright ?
L’interdiction de photographier aurait pour but de booster les ventes de reproduction ? Je crains qu’elles ne le soient pas pour autant : le support papier est en voie de disparition et il n’est qu’un piètre ersatz face au choc émotionnel produit par la visite. Le visiteur ira donc puiser légalement ou non sur Internet ses images s’il en veut...
Paradoxe ultime qui n’excuse pas l’interdiction de photographier : le Musée d’Orsay est sur Google Art... (http://www.googleartproject.com/collection/musee-dorsay-paris/)
Avant les musées avaient l excuse du flash, mais désormais , n’importe quel petit appareil peut photographier sans flash, je crois plutot que ce qui va coincer , c’est la vente de livres....d’ailleurs nous sommes en démocratie, nous payons des impots pour l’entretien etc des musées publics et pour publier sur un blog une image, il faut repayer !!!! Tout est a revoir
voilà une bonne nouvelle et vaut mieux tard que jamais A bientôt JA