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Le musée d’Orsay interdit les photos

Louvre pour tous |

Bernard Hasquenoph | 11/06/2010 | 11:22 | 4 commentaires


A l’instar du Louvre qui avait tenté l’expérience avant d’y renoncer, le musée d’Orsay interdit depuis peu photos et films, même sans flash... pour augmenter la vente de cartes postales ?

Consultez notre dossier complet « No photo au musée d’Orsay », rejoignez le groupe OrsayCommons sur Facebook et continuez à protester sur le livre d’or virtuel du musée d’Orsay.

« Lors des grandes expositions, nous empruntons des œuvres qui ne nous appartiennent pas ; dans ce cas-là, bien évidemment, les photos sont interdites, explique-t-on à la Réunion des musées nationaux. Mais les collections nationales publiques, qui sont la propriété de l’Etat ou de la municipalité, appartiennent à chacun. » LE PARISIEN | 04.07.10
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© Bernard Hasquenoph

11.06.10 | IL N’Y A PAS LONGTEMPS, le Louvre s’y était essayé. En vain. Après avoir interdit durant quelques mois toutes photos dans la partie la plus visitée du palais, le musée y avait renoncé [1]. Par impossibilité de faire appliquer la mesure. D’un point de vue humain, les gardiens devenaient fous à courir après tout le monde, comme d’un point de vue technologique, chaque téléphone portable comportant désormais un appareil photo. Le musée d’Orsay argue du même prétexte pour éradiquer ce geste ô combien contemporain : des problèmes de circulation dus aux prises de vue des visiteurs. Phénomène d’embouteillage qui ne gêne plus du tout la direction du musée dans les espaces d’exposition temporaire à succès où pourtant la photo, de manière constante, est interdite. Là, aucune mesure n’est prise et il devient infernal, compte tenu de la densité de la foule, de visiter ce type d’exposition. Pas plus qu’elle n’est gênée par des visiteurs plantés devant un tableau, l’audioguide à l’oreille.

A l’heure des blogs où chacun fait partager sa passion et ses voyages, de la multiplication des sites de partage de photos, des pages de fans sur Facebook, autant d’initiatives qui vont dans le sens d’une démocratisation culturelle, le musée d’Orsay surfe complètement à contre-courant et se referme sur lui-même. C’est d’autant plus drôle que les musées multiplient les visites privées de blogueurs pour qu’ensuite ceux-ci fassent la promotion des lieux, avec force photos. Dans le même temps, l’établissement public du Château de Versailles remet ses prix aux photographes amateurs ayant participé à son concours « Reflets de Versailles » et le Muséum de Toulouse organise pour la seconde année un concours photo.

Quand le Louvre, en 2005, avait tenté l’interdiction, Didier Rykner de LA TRIBUNE DE L’ART, tout en dénonçant l’illécité de la mesure pour des oeuvres appartenant au patrimoine public, avait tout de suite pointé sa vraie raison : « protéger encore davantage la manne que représentent les droits photographiques ». Et inciter le visiteur lambda à acheter toujours plus de cartes postales dans les boutiques du musée, l’une des ventes les plus substantielles.

Au musée d’Orsay, défiguré par les affichettes d’interdiction se dressant tous les dix mètres, l’absurde veut qu’on ne peut même plus prendre en photo, ni filmer le bâtiment lui-même, ce hall de gare incroyable, avec sa verrière et son horloge impressionnante. Fini.

Dans un tract datant d’avril 2010, la section CGT du musée d’Orsay explique bien la situation et montre comment la direction prend prétexte du confort des agents de surveillance dont les conditions de travail sont actuellement très difficiles du fait d’importants travaux dans le musée, pour imposer une mesure liberticide, le syndicat rappelant deux évidences :

1 - Le musée est un lieu public, pas une propriété privée. Les visiteurs paient de leurs deniers les acquisitions d’oeuvres (20 % des recettes de billetterie), la propriété est donc collective. Chaque visiteur est copropriétaire des acquisitions de l’État : l’enrichissement des collections est redevable à sa contribution (sans parler des impôts sur le revenu). De quel droit lui interdire radicalement toute prise de vues à usage personnel dans un monument historique qui relève du domaine public ? C’est une mesure liberticide, qui fait encore reculer d’un cran la tolérance envers les petites libertés élémentaires. Elle interdit désormais à un amateur d’art de conserver l’empreinte visuelle de ses visites culturelles, à un étudiant d’illustrer son mémoire de master, à un lycéen de personnaliser son devoir d’histoire des arts, à une famille de se photographier devant la maquette de l’Opéra ; à des enfants de s’entrephotographier devant l’Ours blanc de Pompon, etc.
2 – C’est une atteinte à la liberté d’expression. Une photographie, même amateur, est définie par le code de la propriété intellectuelle comme une oeuvre de l’esprit. L’interdiction fait obstacle à la primauté du droit à l’information, qui concerne aussi les blogueurs reconnus pour diffuser de l’information. La Cour de justice en fait même une valeur constitutionnelle en déclarant que cette liberté des blogs contribue « à l’échange d’idées et d’opinions indispensable à une société démocratique ».
Pour lire le tract entier : cliquez ici

Enfin, selon la direction, même les visiteurs seraient satisfaits de l’interdiction qui leur est faite ! Aussi n’hésitez pas à vous plaindre, sur place auprès du personnel, en écrivant sur le livre d’or à disposition au comptoir d’information à l’entrée du musée ou sur le livre d’or virtuel sur son site Internet si les messages ne sont pas censurés. Et, par sécurité, envoyez-nous copie de vos messages de protestation à contact@louvrepourtous.fr.

INFO REPRISE DANS
THE FASTER TIMES :: 11 août 2010 :: « The Rise of the Happy-Snappers » by Caroline Rossiter
FOTOCRAZIA :: 12 juin 2010 :: « La foto difesa dal sindacato » par Michele Smargiassi
LA TRIBUNE DE L’ART :: 13 juin 2010 :: « Les photographies sont désormais interdites au Musée d’Orsay » par Didier Rykner
ARTCLAIR.COM :: 14 juin 2010 :: « Photos et films sont désormais interdits aux visiteurs à Orsay »





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:: Bernard Hasquenoph | 11/06/2010 | 11:22 | 4 commentaires

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VOS COMMENTAIRES


16.12.2011 | MoooB |

Je me sens tout à fait concernée par votre démarche et vos évidences décrites ci-dessous :

1 - ... « Elle interdit désormais à un amateur d’art de conserver l’empreinte visuelle de ses visites culturelles, à un étudiant d’illustrer son mémoire de Master, à un lycéen de personnaliser son devoir d’histoire des arts, à une famille de se photographier devant la maquette de l’Opéra, à des enfants de s’entrephotographier devant l’Ours blanc de Pompon, etc... »

2 – C’est une atteinte à la liberté d’expression. Une photographie, même amateur, est définie par le code de la propriété intellectuelle comme une oeuvre de l’esprit. L’interdiction fait obstacle à la primauté du droit à l’information, qui concerne aussi les blogueurs reconnus pour diffuser de l’information. La Cour de justice en fait même une valeur constitutionnelle en déclarant que cette liberté des blogs contribue « à l’échange d’idées et d’opinions indispensable à une société démocratique ».

J’ajouterais qu’en diffusant nos visions très personnelles et artistiques en qualité de créatif, nous ajoutons une dimension ludique et partagée ! En communiquant sur les réseaux sociaux, nous stimulons souvent l’envie de découvrir l’exposition que nous mettons en valeur par notre pertinence créative ! Ainsi nous créons de l’animation, autant que l’expo rend vivant le musée ! et en plus nous faisons de la pub gratuite !!!

Par ailleurs pour les personnes atteintes d’un handicap, c’est un complément participatif et socialisant. Surtout pour le handicapé à caractère « cognitif », la photo est une action visuelle extrêmement importante pour ancrer dans sa mémoire ses émotions et garder à disponibilité ses impressions, les faire revivre à son rythme sans se déplacer (fatigabilité) et les partager. Son vécu garde ainsi une trace valorisante grâce à ses propres photos qu’il y fait.

Aussi je souhaite me joindre à vous pour ce combat !

Bernard Hasquenoph / Louvre pour tous, le 16/12/2011, à 00:06 |

Bienvenue MoooB :)


30.05.2011 | |

Si vous voulez enrichir votre bibliographie, je vous conseille l’article d’Anne-Laure Stérin « Un musée peut-il interdire de photographier » publié dans la revue Documentaliste Sciences de l’information volume 48 n°1 paru le 20 avril 2011.

Bernard Hasquenoph / Louvre pour tous, le 7/06/2011, à 20:24 |

Merci à vous. Nous avons bien entendu eu connaissance de cette brillante démonstration que nous avons notamment signalée dans cet article http://www.louvrepourtous.fr/La-Federation-des-Amis-de-musees,662.html


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NOTES

[1] La mesure entra en application le 14 septembre 2005 et concernait la Galerie d’Apollon, l’ensemble des salles de peintures du 1er étage de l’aile Denon (salles de peintures italiennes, espagnoles et françaises) et le palier où est exposée la Victoire de Samothrace. Nous ignorons la date exacte du rétablissement du droit de photographier.



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« La fonction du musée est de rendre bon, pas de rendre savant. » Serge Chaumier, Altermuséologie, éd. Hermann, 2018
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