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Le maire de Versailles cause Trianon avec Aillagon

Bernard Hasquenoph |

Louvre pour tous | 19/12/2008 | 21:27 |


François de Mazières est intervenu auprès de la direction du château pour obtenir le retour de la gratuité des jardins de Trianon. Peine perdue devant une course à la commercialisation.

MINI-SOMMAIRE
-  Lettre du maire de Versailles
-  Envoyez un mail de protestation au Château
-  Réponse standard que vous recevrez

Frédéric Taddeï - Vous venez d’arrêter la gratuité qui touchait le Hameau de la Reine à Versailles ? Jean-Jacques Aillagon - Ah non, Versailles n’a jamais été gratuit.
Sur le plateau de « Ce soir ou jamais » FR3 | 17.11.08

19.12.08 | UNE AUGMENTATION DE 50%, c’est le cadeau de Noël de la direction du château aux habitants de Versailles pour pouvoir accéder toute l’année aux délicieux jardins de Trianon... les après-midis seulement, puisque les matins, quelle que soit la saison, ils resteront fermés, ce qui est plus que stupide pour des jardins.

Depuis toujours accessibles gratuitement, ils sont devenus définitivement payants depuis le 1er novembre 2008. Comme si cela ne suffisait pas, l’abonnement annuel au « Domaine de Marie-Antoinette » dont ils font partie - carte créée pour les habitués - passe, à partir du 23 décembre, de 20 à 30€ sans aucune justification ni explication.

C’est ce que vient nous confirmer François de Mazières, maire de Versailles, dans la lettre qu’il nous a adressé aimablement le 15 décembre [1]. Le sachant partisan de la gratuité d’accès à ces jardins, nous avions sollicité son intervention auprès de la direction du château pour qu’elle revienne sur sa décision [2]. En vain, ce qui ne nous surprend pas compte-tenu de l’état d’esprit de ses dirigeants [3]. Nous tenons néanmoins à remercier Monsieur de Mazières pour ses efforts et pour son « écoute attentive ».

Par ailleurs, nous avons toutes les raisons de penser, qu’en avril 2009, le prix d’entrée du « Domaine de Marie-Antoinette » augmentera aussi. Selon nos informations, le tarif plein pourrait passer de 9 à 10€, le tarif réduit de 5 à 6€. A court ou à long terme, les jardins du Grand Trianon deviendront également payants. Pour le reste...

Cette politique tarifaire exponentielle menée par la direction du domaine de Versailles, cherchant à tout rentabiliser, confirme le but uniquement commercial de la mise sous douane des jardins de Trianon initiée en 2006 par Christine Albanel. Ce qui est en totale contradiction avec sa mission de service public. En guise de certitude absolue, la raison invoquée par la direction de l’établissement pour s’opposer à la requête de monsieur le maire : « la situation budgétaire du château » ne permet pas le retour à la gratuité. C’est clair.

DES LIEUX FRAGILES EN DANGER
Ceux qui pensent naïvement que l’éradication progressive de la gratuité des jardins de Versailles va avoir pour effet de mieux les protéger du vandalisme qui sévit notamment contre les statues du parc se trompent lourdement. Car, en ce qui concerne les jardins du Petit Trianon - qui ne compte d’ailleurs que très peu de statues [4] - c’est plutôt l’inverse qui risque de se produire.

Lieu relativement épargné jusque là par les hordes de touristes qui arpentent tout le long de l’année le château, le fragile Hameau de la Reine va voir débarquer désormais des centaines de milliers de visiteurs. C’est en tous cas ce qu’espère la direction de l’établissement qui fait tout pour. Christine Albanel, en son temps, l’avait suffisamment exprimé [5], les résultats ne se faisant pas attendre [6]. Il en est de même sous la présidence Aillagon qui a orchestré en ce sens la mise en scène de la réouverture du Petit Trianon en octobre dernier.

Ainsi les intérieurs des bâtiments entrouverts disséminés dans le jardin vont être de plus en plus à la merci de n’importe quel visiteur malintentionné ou inconscient - nous en avons déjà été témoin - puisqu’aucun personnel de surveillance n’est affecté à leur garde particulière. Quant aux jardins eux-mêmes, d’autant plus fragiles de par leur configuration à l’anglaise et champêtre, il va sans dire qu’ils ne peuvent que souffrir du piétinement des foules attendues. Paradoxalement, la gratuité traditionnelle d’accès à ces lieux liée à la relative confidentialité dont ils bénéficiaient jusqu’en 2006 les protégeaient bien mieux que la situation actuelle et à venir.

:: Bernard Hasquenoph |

:: Louvre pour tous | 19/12/2008 | 21:27 |

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EN COMPLÉMENT

LETTRE DU MAIRE DE VERSAILLES

ENVOYEZ UN MAIL DE PROTESTATION AU CHÂTEAU
<h6>Hameau de la Reine, Versailles © Louvre pour tous</h6> Nous vous proposons d’envoyer un message de protestation à la présidence du Château de Versailles en cliquant sur le mail suivant presidence@chateauversailles.fr

Vous pouvez aussi faire un copier du texte ci-dessous pour le coller dans le corps de votre mail, ou vous en inspirer :

Monsieur le Président,
J’apprends que les jardins de Trianon sont devenus payants aussi à la basse saison et inacessibles le matin depuis le 1er novembre 2008.
Je vous demande de rétablir la gratuité d’accès à ces jardins, toute l’année et toute la journée, pour le bénéfice de tous.
Je vous prie, d’agréer, Monsieur le Président, mes salutations distinguées.

RÉPONSE STANDARD DU CHÂTEAU
Voici la réponse que vous recevrez certainement de la Direction du développement culturel du château. Si vous recevez une réponse différente, n’hésitez pas à nous la transmettre à info@louvrepourtous.fr :

"Chèr(e) M...,
M. Jean-Jacques Aillagon, Président de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles, a pris connaissance de votre courriel avec la plus grande attention et nous a prié de vous répondre, afin de porter à votre connaissance quelques informations au sujet de l’accès payant au Domaine de Marie-Antoinette.
En effet, le Domaine de Marie-Antoinette est fermé à la visite libre depuis le 1er novembre 2008 de façon permanente mais demeure ouvert après acquittement d’un droit d’entrée de 5 € offrant aussi l’accès au Grand Trianon et à l’ensemble des jardins en cette période de basse saison avec une entrée unique pour le Domaine de Marie-Antoinette, située au Petit Trianon [de 12 h à 17h (dernière admission)] puis en Haute Saison du 1er avril au 31 octobre sur la base d’un tarif de 9 € et avec deux points d’entrée, le 1er à la ferme côté Hameau de la Reine et le 2ème au Petit Trianon de 12h à 19h00 (18h pour les parties intérieures), comprenant la visite des châteaux de Trianon et du Hameau de la Reine avec la possibilité de visiter aussi le petit théâtre de la Reine, le pavillon français, le belvédère, la grotte, le rocher et la laiterie de propreté.
Notre commentaire : Des lieux visitables ? Pas vraiment. Le théâtre de la Reine, le pavillon français, le belvédère et la laiterie sont seulement visibles depuis leur seuil. Pour une visite du théâtre de la Reine, il faudra vous acquitter du tarif supplémentaire en visite-conférence (14€50 sans droit de visite du Domaine entier, 7,50€ avec droit d’entrée). La grotte est accessible selon les aléas de la météo. Le Rocher est un circuit intégré aux jardins.
Nous nous permettons de souligner la qualité et l’envergure des travaux de restauration réalisés tant sur le patrimoine bâti que sur le patrimoine végétal, restitué dans l’état où il était à la veille de la Révolution et formant un ensemble muséographique nécessitant sa préservation ayant entraîné la mise en place de ces nouvelles dispositions d’ouverture.
La restauration du Parc du Château rendue nécessaire par l’âge des arbres avait démarré en 1990, quand la tempête de 1999 vint accélérer les travaux, notamment sur le secteur des Trianons gravement endommagé. Ceux du jardin anglais initialement échelonnés sur trente ans furent ramenés à quelques années, sa destruction ayant été presque totale. Il fut décidé de lui redonner l’apparence qu’il avait au temps de la Reine. Sur la base de documents d’archives, les travaux durèrent de février 2002 à avril 2004. Le financement de l’ensemble de ces restaurations releva de subventions d’Etat. Suite à la tempête de 1999, il fut également fait appel à la générosité du public et au mécénat.
Les restaurations du patrimoine bâti, dans ce secteur, relève, à notre connaissance, uniquement du mécénat privé donc ne coûte rien à la collectivité : le petit théâtre de la Reine (World Monuments Fund France) ; le Petit Trianon, le Pavillon Français, le Belvédère, le Rocher (Société Montres Breguet) ; la Grotte (Friends of Vieilles Maisons Françaises) ; restitution du Pavillon Frais (The American Friends of Versailles).
On attend toujours la preuve de frais d’entretien supplémentaires depuis la fin de tous ces travaux.

Nous tenons également à vous préciser que l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles ne reçoit pas de subvention de fonctionnement de la part de l’Etat et que c’est donc le produit de ces visites qui finance l’entretien du site et l’accueil du public.
S’il est exact que l’établissement du Château de Versailles est tenu de financer son fonctionnement (salaires, entretien, réparation, information du public…) sur ses ressources propres (billetterie, location d’espaces, concessions commerciales, mécénat), l’Etat le subventionne pour financer ses investissements (enrichissement des collections, travaux, restaurations…), notamment au travers de l’important programme du Grand Versailles (100 millions d’euros).
Conscients des problèmes que ce dispositif peut occasionner aux riverains, nous vous rappelons par ailleurs qu’un abonnement de 20€ (30€ au 23/12/08) - Pourquoi cette augmentation de 50% ? - permet aux visiteurs d’accéder en toute saison à ce musée de plein air et aux Châteaux des Trianon. Enfin nous vous précisons que nous appliquons un tarif réduit à partir de 17h en haute saison et que de même qu’au Château, les jeunes de moins de 18 ans sont exonérés de droit d’entrée tout comme les jeunes de moins de 26 ans détenteurs de la carte Imagine R.
Encore heureux !
En espérant que ces éléments de réponse vous donneront satisfaction, veuillez agréer, chèr(e) M…, nos salutations les meilleures.
Denis Verdier-Magneau
Directeur du développement culturel"


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NOTES

[1] Le maire de Versailles nous a répondu très rapidement, en quinze jours seulement. Sa courtoisie et son sens citoyen tranche avec le mépris de Jean-Jacques Aillagon, président de l’établissement public du château de Versailles, qui n’a jamais daigné répondre à notre lettre du 27 février 2007 qui était, pourtant, tout ce qu’il y a de plus poli.

[2] Notre lettre au maire de Versailles a été publiée dans le mensuel VERSAILLES PLUS | 12.08 ainsi que celle d’un riverain se plaignant de la même chose.

[3] D’une parfaite mauvaise foi, Jean-Jacques Aillagon a été jusqu’à nier sur le plateau de « Ce soir ou jamais » FR3 | 17.11.08, le domaine de Versailles ait pu être gratuit, notamment le Hameau de la Reine : « Frédéric Taddeï : Vous venez d’arrêter la gratuité qui touchait le Hameau de la Reine à Versailles ? Jean-Jacques Aillagon : Ah non, Versailles n’a jamais été gratuit ».

[4] « L’Amour taillant son arc dans la massue d’Hercule » sous le dôme du Temple de l’Amour, copie de Bouchardon ; quatre bustes autour de la Laiterie dont un seul est accessible ; les sphinx entourant le Belvédère sont tous des copies fin XIXe, restaurés depuis.

[5] « Ce site était sous-fréquenté. Sur quatre millions de visiteurs payants par an, 300 000 seulement s’y rendaient. » Christine Albanel, présidente du domaine national de Versailles, « Au pays charmant de Marie-Antoinette » par Marie-Douce Albert, LE FIGARO | 15.10.07

[6] « le Domaine de Marie-Antoinette qui comprend le Petit Trianon, les jardins et diverses fabriques qui l’environnent a attiré 280 000 visiteurs sur la seule haute saison (juillet à octobre) et près de 550 000 personnes sur l’ensemble de l’année 2006 soit une progression de 46% par rapport à 2005. », in Rapport d’activité 2006 de l’Établissement public du musée et du domaine national de Versailles, p.222



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« La fonction du musée est de rendre bon, pas de rendre savant. » Serge Chaumier, Altermuséologie, éd. Hermann, 2018
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