07.04.09 | IL Y A PEU on se réjouissait que Jean-Jacques Aillagon ait mis un frein à la dérive marketing due à Christine Albanel, sa prédécesseure à la tête de l’établissement public. De même qu’on ne peut que le féliciter pour l’aménagement en cours de la place d’Armes grâce à une heureuse entente avec la nouvelle équipe municipale. Elle a déjà permis de débarrasser ce vaste espace qui précède le château des quelques baraques qui l’encombraient dont une boutique de souvenirs qui proposait, comme dans les foires, de tirer le portrait aux touristes en insérant la photo de leur visage dans des personnages en costume Grand Siècle (15€ single, 20€ twin). Très kitsch, très drôle... selon les goûts.
Si la place d’Armes fait aujourd’hui place nette pour retrouver un lustre digne de son environnement et accueillir la statue de Louis XIV déplacée suite au chantier de la grille royale, l’attraction foraine n’a, elle, pas totalement disparu puisqu’elle est maintenant proposée à l’intérieur du château, par le château, au bénéfice du château ! Un peu moins ship certes, un peu plus cher aussi (18€), Versailles oblige. Mais le procédé numérique, très simple pour qui maîtrise un minimum le logiciel Photoshop, est strictement le même.
UN STUDIO DANS LA SALLE DES CROISADES
Dans le couloir qui mène au bas de l’escalier qui monte jusqu’aux salles d’Afrique et de Crimée où se tient la magnifique exposition « Fastes de Cour & cérémonies royales », un élégant kakémono bien visible, imprimé recto verso,en français et anglais, invite le visiteur à lui tirer le « portrait en costume de Cour » pour 18€.
Dressée devant la porte s’ouvrant sur l’enfilade des salles des Croisades inaugurées en 1843 par Louis-Philippe, une petite table recouverte d’un sobre tissu noir sur lequel sont disposés des exemples de photos, une feuille de tarif. Une personne sympathique que l’on suppose être le photographe explique le procédé.
Dans la première des salles des Croisades, un mini-studio photo professionnel est installé : projecteur, parapluie réflecteur de lumière, appareil photo numérique relié à un ordinateur posé sur une table recouverte également d’un tissu noir et où opère une seconde personne. L’opération inédite dans le château - Pierre de Nolhac doit faire des saltos arrières dans sa tombe - plairait et les clients ne manqueraient pas.
L’initiative mercantile - on ne voit pas bien quelle autre motivation a pu inspirer la direction - est plutôt surprenante dans le cadre d’une exposition à la rigueur scientifique revendiquée. Elle amusera certains qui se plaisent tout autant à acheter dans la boutique gomme ou parapluie fleurdelysés, en choquera d’autres de la part d’un établissement public aussi prestigieux que le château de Versailles. La prochaine fois, on ne serait pas étonné d’être reçu par Marie-Antoinette et Louis XIV en personne. Comme on croise Minnie et Mickey dans les allées de Disneyland.
Avant, sur la place d’Armes
Aujourd’hui, dans le château
Exposition « Fastes de Cour & cérémonies royales » : tarifs, horaires, accès