21.05.10 | EXCLUSIF - Ce haut fonctionnaire de 45 ans, actuellement numéro deux de l’Inspection générale des finances, s’apprête à sortir un livre sur « les coulisses » de l’établissement public du Château de Versailles dont il fut l’administrateur général du temps de la présidence d’Albanel de 2003 à 2007, ville à laquelle il est doublement attaché puisqu’il y est né.
On a hâte de lire les mémoires de celui qui se donne sobrement le titre de Surintendant du Château - et Christine Albanel c’était Louis XIV ? - ouvrage, à lire le peach de l’éditeur, qui se présente déjà comme un beau conte de fée historicisant avec son lot d’anecdotes croustillantes :
Il faudra donc attendre le 10 juin pour lire la vérité de M. Tardieu sur Versailles, ce qui sera sans doute un témoignage intéressant sur la manière dont on gère aujourd’hui un tel domaine. Concernant un inspecteur de finances de métier, on se demande quel intérêt il y a à connaître le point de vue sur des questions d’ordre artistique, historique ou patrimonial. Tendance actuelle à la prise de parole publique sur ces sujets par des personnes sans aucune compétence ni qualification au détriment des gens de métiers relégués dans l’ombre : conservateurs, historiens, chercheurs... D’Alain Baraton, « le jardinier » anti-Lenôtre de Versailles qui se prend pour Alain Decaux jusqu’à la plupart des présidents des grands établissements publics culturels qui, bien qu’énarques ou politiques, se complaisent à se mettre en avant sans complexe comme s’ils étaient guides ou critiques d’art.
De quoi rappeler aussi aux hagiographes de M. Aillagon qu’il y a eu un Versailles avant lui. Et une grande continuité dans les choix de gestion. Car il y a peu de chance que l’opuscule de 252 pages rende compte de la dérive commerciale de Versailles qui s’est amplifié durant le règne conjoint de Christophe et Christine avec l’explosion du prix d’entrée (+ 80%), l’inauguration du faussement nouveau Domaine de Marie-Antoinette et le début de la fin de l’accès gratuit aux jardins de Trianon, la vente forcée pour tous les visiteurs payeurs de l’audioguide à 6€, le dépôt comme marque à l’INPI de noms de personnages ou lieux historiques qui ont fait la gloire de la France, la tentative de lancement d’un vin Marie-Antoinette qui s’avérera être de la vulgaire piquette, enfin l’exploitation du faux-vrai parfum de la dernière reine de Versailles... On a l’embarras du choix dans les exploits de ce duo professionnel de choc. Qui sévit ensuite Rue de Valois.
HADOPI-TF1 L’HOMME PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE
Car, ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Christophe Tardieu prépare un second livre. Cette fois, lié à la suite de sa carrière dont on aurait pu penser qu’il préférerait la laisser dans l’ombre. On se souvient qu’après Versailles, il suivit la reine Christine quand elle quitta le Château-PME pour être nommée en 2007 ministre de la Culture et de la Communication par le nouveau président de la République Nicolas Sarkozy. Nommé pour sa part directeur-adjoint de cabinet de la ministre, le nom de Christophe Tardieu reste tristement attaché à l’épisode Hadopi-TF1 qui enflamma les médias en mai 2009. Et pour cause. Révélé par plusieurs médias, c’est lui qui transmit à la chaîne privée le fameux mail anti-Hadopi de Jérôme Bourreau-Guggenheim que ce responsable du pôle innovation web de TF1 avait adressé personnellement à sa députée Françoise de Panafieu sans penser qu’il pourrait, grâce à ces deux honorables personnages, se retrouver sur le bureau de sa direction et entraîner son licenciement. D’où un procès aux Prud’hommes. Episode ultra-médiatisé en plein débat sur la loi Hadopi, qui curieusement n’apparaît pas dans la fiche de Christophe Tardieu apparue récemment sur Wikipédia et qui signale la publication de ses deux livres.
Suspendu durant un mois de ses fonctions après que sa ministre eût refusé sa démission, essuyant pas mal de noms d’oiseaux sur Internet, il ne cesse depuis d’être promu par une République pas rancunière et irréprochable façon Sarkozy : médaille de l’Ordre des Arts et Lettres en octobre 2009, nomination par décret présidentiel à la tête du conseil d’administration du Centre national de la danse en août 2009, nomination au poste de numéro deux de l’Inspection générale des finances par Christine Lagarde en décembre 2009 ... carrière fulgurante. La rumeur l’a dernièrement cité comme pouvant faire partie du staff de la prochaine présidence de France Télévisions, dans l’entourage d’Alexandre Bompard.
Au risque de réveiller un épisode pas très glorieux de sa carrière - à moins qu’il ne s’en explique enfin -, Christophe Tardieu tente donc le diable en publiant, cette fois pour la fin août, un livre intitulé « Internet et libertés » aux très sérieuses éditions du CNRS. Retour et réflexion sur la loi Hadopi. Il s’y fera pédagogue et assez étrangement moraliste pour rappeler « quelques grands et simples principes » :
Avec un tel teasing, on espère au moins reçevoir, en service de presse, le premier ouvrage qu’on se fera un plaisir de chroniquer. Le second est à envoyer directement à Jérôme Bourreau-Guggenheim. Dédicacé bien sûr.