Liste des musées et monuments nationaux gratuits pour les jeunes 18-25 ans, professeurs et enseignants > cliquez ici
26.09.08 | LE 30 JANVIER 2008, dans le cadre de la réforme sur l’enseignement artistique à l’école, la ministre de la Culture annonçait en accord avec son collègue de l’Education, que la gratuité d’entrée dans tous les musées et tous les monuments nationaux dépendant de la Culture et de l’Enseignement supérieur, serait accordée, dès la rentrée 2008, à tous les professeurs de l’enseignement scolaire et agricole, à titre professionnel et personnel, et non pas seulement dans le cadre d’une visite scolaire [1].
L’automne est là et force est de constater que la mesure est loin d’être appliquée partout. C’est même la plus grande confusion qui règne, tant chez les professeurs à la recherche de l’information que dans les établissements culturels concernés ou au ministère même.
Si nous avions mis en évidence, à l’époque, qu’il s’agissait en fait d’une fausse bonne nouvelle puisque, si les professeurs ne bénéficiaient effectivement plus de la gratuité dans les cent monuments nationaux depuis 2004 sur décision du même ministère mais seulement de tarifs réduits, il en allait différemment de la trentaine de musées nationaux qui leur accordaient déjà presque tous ce droit d’évidence pour les professionnels du savoir et de la culture qu’ils sont au quotidien [2].
Tous à l’exception de quelques établissements réfractaires, et non des moindres, qui ont, pour certains, depuis l’annonce de la ministre, régularisé la situation d’eux-mêmes en accordant effectivement la gratuité de leurs collections permanentes aux enseignants : le Centre Pompidou, le musée des Arts et Métiers, le musée Gustave Moreau et le musée du Quai Branly depuis le 1er août bien que l’information n’apparaisse toujours pas sur son site Internet mais cela ne saurait sans doute tarder.
Restent les mauvais élèves faisant mine d’ignorer la décision ministérielle : le Musée Guimet qui n’accorde toujours que le tarif réduit aux professeurs, le Musée Rodin qui leur propose une carte pro à tarif préférentiel, et les derniers de la classe, à savoir les deux plus importants établissements culturels et historiques de France : le musée du Louvre qui ne propose aux enseignants qu’un laissez-passer sous conditions et le château de Versailles ne leur accordant qu’un tarif réduit, établissement pourtant présidée par Christine Albanel elle-même avant qu’elle ne devienne ministre [3]. Enfin le cancre absolu : le Muséum national d’Histoire naturelle et sa Grande Galerie de l’Evolution qui ne propose pas même de tarif préférentiel aux enseignants alors que l’ensemble dépend du ministère de l’Education [4] !
Pour ce qui est du Centre des Monuments Nationaux, on refuse simplement de répondre à notre demande d’information mais il semblerait que les nombreux monuments sous sa tutelle n’appliquent pas la décision. C’est le cas par exemple du Château de Vincennes.
Au ministère de la Culture, c’est l’embarras. Contacté, on nous répond avec un peu de confusion que l’application de la mesure a été retardée - alors qu’elle l’est déjà dans certains établissements - pour être incluse finalement, pour des questions budgétaires, dans l’annonce prochaine des conclusions tirées de l’expérimentation de la gratuité des musées menée dernièrement.
Pas vraiment une surprise. Comme nous l’analysions alors, l’annonce de la gratuité pour les enseignants, politiquement porteuse bien que déjà partiellement appliquée, nous apparaissait comme une mesure paravent dans le but de masquer l’abandon programmé d’une promesse électorale irréfléchie du candidat Sarkozy. Car à quoi bon décider une gratuité catégorielle quand on vise théoriquement la gratuité pour tous ?
Affaire à suivre...
[1] Il n’était alors pas précisé si cette gratuité concernait uniquement les collections permanentes des établissements ou serait étendue aux expositions temporaires, ce qui serait cohérent. De même, pourquoi cette gratuité réservée aux enseignants en activité exclurait ceux à la retraite ?
[2] Lire notre article « Musées gratuits pour les profs, une vraie fausse joie ».
[3] Il est intéressant de noter que tous les musées nationaux ayant supprimé ces dernières années la gratuité pour les enseignants sont des Etablissements publics à caractère administratif (EPA), statut les rendant semi-autonomes financièrement et leur faisant oublier quelque peu, comme on le voit ici, leurs missions de service public.
Nous avons contacté par mail tous les établissements qui, à l’annonce de la ministre, n’accordaient pas la gratuité aux enseignants. Seuls ceux qui ont régularisé depuis leur situation nous ont répondu à l’exception de la direction du développement culturel du château de Versailles qui nous a fait savoir qu’il n’était « pas encore informé de la nouvelle tarification qui sera appliquée ».
[4] De même, qu’en est-il de la Cité des Sciences et de l’Industrie qui dépend conjointement du ministère de la Culture et de celui de la Recherche avec un statut encore différent : établissement public national à caractère industriel et commercial (EPIC) ? Actuellement les enseignants peuvent bénéficier d’une gratuité pour une journée si ils viennent avec une lettre de leur établissement spécifiant que c’est pour préparer une visite. Il existe également un pass-enseignants offert à tout enseignant organisateur d’une sortie.