03.07.2007 | EXPÉRIMENTER la gratuité des musées afin d’en mesurer les conséquences, telle est la volonté du Premier ministre, François Fillon, exprimée lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée.
Cette déclaration vient pourtant contredire la position de sa propre ministre de la Culture, Christine Albanel, qui, le 29 mai dernier, quelques jours seulement après sa nomination, avait déclaré au micro de France INTER : « Je ne suis pas sûre que ce soit la bonne idée » car « elle peut être porteuse d’effets, je pense, assez pervers ». En disant cela, elle allait elle-même à l’encontre d’une des mesures phares en matière culturel du candidat à la présidentielle Nicolas Sarkozy. Dans l’interview, Mme Albanel allant même jusqu’à nier la réalité de la promesse contre toute évidence.
Maintenant, devant une telle cacophonie quoi penser ? N’est-ce pas une manœuvre dilatoire pour que le projet ne voit jamais le jour ? Et Mme Albanel en tant que ministre de la Culture est-elle la mieux placée pour mener une expérimentation à laquelle manifestement elle ne croit pas ?
Pour notre part, si nous défendons toujours l’idée généreuse d’une gratuité des musées pour tous, nous restons hostiles à son financement par une augmentation des ressources du mécénat comme le préconisait le programme UMP. Avec le danger d’une privatisation toujours plus grande de la gestion des musées. En complète contradiction avec ses missions fondamentales de conservation et de transmission qui n’ont rien à voir avec une quelconque exigence de rentabilité. Ceci, afin d’en éviter les dérives préjudiciables pour les œuvres elles-mêmes et leur connaissance, comme on les voit déjà poindre à Versailles ou à Fontainebleau.
La gratuité des musées ne peut en soi résumer une politique de démocratisation culturelle. Pour prendre sens, elle ne peut que s’accompagner d’actions de sensibilisation et d’éducation des publics et d’un renforcement des personnels d’accueil et de médiation. Ce qui n’est pas évoqué ici et qui demanderait un véritable engagement de l’Etat.
Enfin, nous sommes étonnés quand le Premier ministre affirme que « la gratuité des musées (…) provoque de vifs débats au sein du monde de la culture » car pour notre part, nous déplorons justement plutôt leur absence criante.