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Château de Versailles, la dérive commerciale... jusqu’à l’illégalité ?

Bernard Hasquenoph |

Louvre pour tous | 9/07/2009 | 11:38 | 6 commentaires


En moins de dix ans, la tarification du domaine national de Versailles a explosé. Pour fonctionner, l’établissement culturel use de pratiques commerciales contestables en oubliant ses missions de service public

24.03.10 | Pour mettre en perspective l’article qui va suivre, lire « Versailles intouchable évasif Aillagon »

09.07.09 | EN PRÉAMBULE, il est bon de rappeler que le domaine national du Château de Versailles et de Trianon, site classé sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO, est soumis à de multiples obligations qui le protègent et en déterminent les missions de service public. Il est d’abord un musée, défini, en France, par le Code du Patrimoine comme suit : « toute collection permanente composée de biens dont la conservation et la présentation revêtent un intérêt public et organisée en vue de la connaissance, de l’éducation et du plaisir du public ». Mieux, il est reconnu par l’État « Musée de France » selon la loi du 4 janvier 2002 [1], label qui determine ses missions énoncées dans le même code : « Conserver, restaurer, étudier et enrichir [ses] collections ; Rendre [ses] collections accessibles au public le plus large ; Concevoir et mettre en oeuvre des actions d’éducation et de diffusion visant à assurer l’égal accès de tous à la culture ; Contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu’à leur diffusion » [2].

« Les droits d’entrée des musées de France sont fixés de manière à favoriser leur accès au public le plus large. »
Loi n°2002-5 du 4 janvier 2002, art. 7


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Cour d’honneur, Versailles, mai 2009 © Louvre pour tous

Constitué depuis 1995 en Établissement public à caractère administratif (EPA) placé sous la tutelle du ministère de la Culture, son statut juridique lui confère une autonomie de gestion administrative et financière, l’établissement étant tenu de financer son fonctionnement sur ses ressources propres issues principalement de la billetterie, de la location d’espaces, des concessions commerciales et du mécénat [3]. Autonomie relative puisque l’établissement reste sous l’entier contrôle de l’Etat, notamment à travers un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens que son président est amené à signer avec son autorité de tutelle, concernant « la politique scientifique et culturelle de l’établissement public, ses activités et ses investissements » [4].

C’est le conseil d’administration de l’établissement constitué de représentants de l’Etat, de personnalités choisies, d’un conservateur du château, de représentants du personnel et du maire de Versailles [5], qui délibère chaque année sur la « politique tarifaire de l’établissement et fixe les droits d’entrée, les tarifs des prestations annexes » [6]. Sa politique commerciale reste statutairement subordonnée à ses missions d’ordre « pédagogique » qui, après celles de protection et de valorisation du site ainsi que d’enrichissement des collections, l’obligent à « assurer dans les châteaux, musée et domaine dont il a la charge, et par tout moyen approprié, l’accueil du public le plus large, d’en développer la fréquentation, de favoriser leur connaissance et celle de leurs collections, de concevoir et mettre en oeuvre des actions d’éducation et de diffusion visant à assurer l’égal accès de tous à la culture » [7].

Un souci fondamental de démocratisation culturelle qui doit inspirer jusqu’à la grille tarifaire comme l’énonce clairement l’article 7 de la loi de 2002 : « les droits d’entrée des musées de France sont fixés de manière à favoriser leur accès au public le plus large », la condition d’égalité d’accès au service public des musées n’étant plus, depuis 1922, la gratuité mais celle d’un prix abordable par le plus grand nombre.

Si le Château de Versailles, comme établissement public, n’a pas vocation à faire des profits, il n’en reste pas moins que, de par ses activités commerciales, principalement d’organisateur de visites et d’expositions, il est assimilé à un prestataire de services de loisirs [8]. À ce titre, il est soumis au Code du Tourisme ainsi qu’au Code de la Consommation qui protége le client des éventuels abus et tromperies du commerçant. Même si aujourd’hui on constate juridiquement un flou relatif sur le sujet [9], on ne voit pas comment un organisme d’Etat pourrait s’exonérer d’obligations imposées à la première supérette venue ? Plus que toute autre, l’institution publique ne doit-elle pas tendre à l’exemplarité ? Dans cette optique, le respect dû à l’usager l’oblige plus encore à respecter en lui le client. Tel est l’angle de notre enquête.

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Place d’Armes, Versailles, avril 2009 © Louvre pour tous

Méthodes & repères - Par un souci de clarté, notre enquête porte uniquement sur la tarification des visites individuelles, avec pour référence le tarif plein Haute saison. Les visites de groupe et commentées mériteraient certainement une autre étude. Pour réaliser celle-ci, nous nous sommes basé en premier lieu sur notre expérience personnelle de visiteur régulier du domaine de Versailles, nos dernières visites ayant eu précisément pour but de constater les faits rapportés ici, accompagné pour l’une d’elles d’une journaliste (mai, juin, juillet 2009) : constat de visu, en interrogeant des membres du personnel, en menant un entretien plus poussé avec une chargée d’information culturelle, par photos et en téléphonant plusieurs fois aux numéros téléphoniques mis à la disposition du public par le Château et la société Château de Versailles Spectacles. Par ailleurs, nous avons consulté les documents et services suivants : dépliants et supports de communication du Château de Versailles collectés depuis plusieurs années ; sites Internet du Château de Versailles et de Château de Versailles Spectacles ; sites Internet d’autres musées ; textes législatifs (Code du patrimoine, Code de la consommation, loi n°2002-5 du 4 janvier 2002, décret n°95-463 du 27 avril 1995 portant création de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles) ; ouvrages divers ; articles de presse ; documents syndicaux ; rapports d’activités du Château de Versailles de 2001, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007 (tous ont disparu du site Internet du Château à la prise de fonction de M. Aillagon. Progrès, le nouveau site Internet mis en ligne mi-juin 2009 permet le téléchargement du seul rapport 2007) ; « Enquête qualité : les musées et monuments s’engagent – juillet 2008 » Comité régional du tourisme (CRT) Paris Ile-de-France ; contact avec l’organisation UFC Que choisir. Enfin, nous remercions les personnes qualifiées qui ont bien voulu discuter avec nous de ces sujets.

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Caisse du château Versailles, 22.05.09

PAS D’EXPO SANS CHATEAU - Vendre un pack de bouteilles d’eau en refusant d’en vendre une seule est illégal, tout le monde sait ça. Ordinairement on appelle le procédé une vente liée, dans le Code de la Consommation une vente subordonnée et la pratique s’appliquant aussi bien aux produits qu’aux services est interdite par l’article L 122-1 [10]. Pourtant cela ressemble fort au billet conjoint Château + Exposition (15€) proposé par le Château de Versailles encore il y a peu sans qu’il soit possible de ne payer que pour la seule exposition. Curieux. D’autant plus curieux que l’inverse était possible : payer uniquement pour visiter le Château (13,50€), un supplément de 1,50€ étant alors demandé à la personne qui, au cours de sa visite, changeait d’avis en souhaitant accéder aussi à l’expo. De là à dire que le valeur d’une exposition à Versailles, c’est 1,50€... De fait, avec ses 15€ l’expo, soit dix fois plus que ces 1,50€, Versailles reste de loin le plus cher sur ce marché en France [11].

Vendre un billet combiné est concevable, et peut être légitime au regard du même article du Code de la Consommation, quand l’exposition est intégrée indissolublement au circuit général de visite. Quand par exemple les oeuvres composant l’exposition sont présentées temporairement dans les Appartements du roi, comme ce fut le cas, en 2008, pour « Jeff Koons Versailles » sans supplément de prix d’ailleurs (13,50€) ou juste avant avec « Quand Versailles était meublé d’argent » (15€). Effectivement, là, impossible de faire autrement [12]. Peut-être aussi quand l’exposition, bien que présentée dans un espace séparé n’est accessible qu’en empruntant le circuit de visite du château. Beaucoup d’expositions, à Versailles, sont de cette espèce et ne font d’ailleurs l’objet d’aucun supplément de prix. On pense par exemple aux photographies de Karl Lagerfeld présentées en 2008 dans les appartements de Madame de Maintenon ou à l’exposition « Louis XV en campagne » qui se tenait au même moment dans la Salle des Gardes du Roi. Pour toutes ces expositions, il est généralement indiqué, sur les supports de communication, que « la visite de l’exposition est incluse dans la visite du château », en l’espèce généreusement offerte, ce qui semble normal.

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Entrée et sortie de l’exposition Fastes de Cour, entrée du circuit de visite du château porte de gauche, juin 2009 © Louvrepourtous

Mais la situation d’aujourd’hui n’est pas celle-là. Ces derniers mois, deux expositions se sont tenues conjointement au château de Versailles. L’une, « Fastes de Cour & Cérémonies royales » du 31 mars au 28 juin 2009, l’autre toujours en cours « La Guerre sans dentelles » depuis le 12 mai jusqu’au 7 septembre 2009. Les deux étaient présentées dans des espaces nettement indépendants du circuit général de visite. La première, dans les Salles d’Afrique et de Crimée, au premier étage de l’Aile Nord, accessibles du rez-de-chaussée depuis la galerie de pierre basse, exactement à l’endroit d’où démarre de son côté le circuit du château. La seconde, dans la Galerie des Batailles, au premier étage de l’Aile du Midi, présentée peu commodément tout à la fin du circuit de visite bien que facilement accessible directement par l’Escalier des Princes ou par l’Escalier de la Reine.

Pourtant, pour visiter chacune de ces expositions, à leur démarrage, un seul billet était en vente à 15€ comprenant sous l’appellation Château + Exposition en réalité une offre triple : Château + Expo Fastes de Cour + Expo Guerre sans dentelles. Le public était-il suffisamment informé en amont de la nature de l’offre ? Pas au regard des visuels et affiches qui ne faisaient la promotion que d’une seule exposition sans mentionner l’offre conjointe, ni même indiquer de prix. Ce n’est qu’en consultant le site Internet par la vente en ligne ou en interrogeant le numéro de téléphone mis à la disposition du public qu’on pouvait en être informé. D’ailleurs, selon la chargée d’information culturelle que nous avons interviewée, il y a eu de nombreuses plaintes sur ce point, ce qui ne nous étonne pas, ayant nous-même été témoin sur place de la colère d’une visiteuse, le mail reçu d’une autre visiteuse que nous publions allant également en ce sens.

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Site Internet du Château de Versailles, capture d’écran 22.05.09
Réservation en ligne, billet Chäteau + Expo © DR

Preuve supplémentaire de l’indépendance de ces expositions par rapport au circuit général de visite, un étrangement nommé Forfait culturel Exposition et Audioguide à 7 € était proposé aux publics exonérés du droit d’entrée ordinaire pour pouvoir accéder aux deux expositions qui n’appliquaient aucune gratuité pour aucun public, pas même pour les journalistes, du jamais vu. Telle était la situation lors de notre visite du 22 mai. Mais, en y retournant un mois plus tard, nous avons constaté que l’exposition Guerre sans dentelles ne faisait plus l’objet d’une tarification supplémentaire et avait été intégrée à la visite du Château sur décision, nous a-t-on dit, de M. Aillagon. Si nous saluons une décision qui nous semble logique compte tenu du fait que cette exposition s’intègre à un espace censé faire partie de l’offre muséale du château, encore aurait-il fallu répercuter l’information en amont, ce qui n’est pas toujours pas le cas actuellement sur le site Internet du château qui n’annonce pour cette exposition… aucune condition de visite (corrigé sur le site le 09.07.09 après la publication de notre enquête mais pas sur la réservation en ligne) ! Ne restait donc plus que l’offre combinée Château + Fastes de Cour, situation qui a duré jusqu’à la fin de l’exposition, ce qui nous semble totalement illégal.

Qu’une offre combinée, nécessairement avantageuse pour le visiteur, soit proposée, tout le monde s’en félicite. Mais si la configuration des lieux le permet, il doit être possible de s’offrir une seule de ces prestations conformément à la loi, à un prix évidemment moindre, comme cela se pratique généralement dans tous les musées [13]. Et comme ce fut d’ailleurs le cas, à Versailles même, en seulement 2006 avec l’exposition Splendeurs de la Cour de Saxe qui se tint exactement dans les mêmes salles que Fastes de Cour pour moitié moins, soit 8€ [14]. Qu’en sera-t-il pour la prochaine exposition sur Louis XIV qui doit se tenir à partir d’octobre probablement au même endroit que Fastes de Cour dans l’Aile Nord du Château ? Pour l’instant, nous n’en savons rien. 30.08.09 | Nous savons maintenant que l’exposition Louis XIV appliquera le même principe : billet unique Château + Exposition à 15€.

AUDIOGUIDE POUR TOUT LE MONDE
Là encore ne s’agit-il pas de vente liée – pratique donc illégale - quand toutes les formules de visite du domaine, du passeport Grandes Eaux Musciales (25€) jusqu’au simple billet Château (13,50€), proposent - imposent plutôt - un audioguide « compris dans le prix du billet » alors qu’il s’agit en fait d’un service supplémentaire payant, non indispensable à la visite [15].

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Salon de l’Oeil-de-Boeuf, Versailles, avril 2009 © Louvre pour tous

Si, généralement, son contenu est validé par les équipes scientifiques des musées, objet, technologie et réalisation sont le plus souvent fournis par des prestataires extérieurs qui, parfois, gèrent eux-mêmes sur place la distribution du matériel auprès des visiteurs, en mettant à disposition leur propre personnel. Cela semble être le cas du Château de Versailles qui est sous contrat depuis plusieurs années avec le leader mondial de l’audioguidage, la société Antenna Audio comme nombre de musées en France [16] (depuis le 1er avril 2010, le marché est passé à la société SYCOMORE).

La pratique majoritaire dans les musées est de proposer ce service en supplément de la visite - on parle d’ailleurs en l’occurence de location d’audioguide - comme au musée du Louvre (6€), à Orsay (5€), au Centre Pompidou (5€), au Quai Branly (5€). Telle était bien également la pratique à Versailles jusqu’en juillet 2006, quand, sous la présidence de Christine Albanel, l’audioguide fut imposé à toutes les visites payantes du château à l’occasion d’une refonte de la grille tarifaire sans que cela ne soit spécialement plébiscité par le public. Bien au contraire puisque, selon une enquête interne datant de 2006, l’audioguide arrivait même en dernier du souhait des visiteurs (16%) comme mode de médiation [17]. Le billet Château augmenta alors de 69%, passant de 8€ à 13,50€. On comprend mieux maintenant pourquoi.

Une preuve encore que le service de l’audioguide est bien indépendant de l’offre d’une visite au Château c’est qu’il est toujours proposé isolément, au tarif de 6€ sous l’appellation de Forfait culturel Audioguide, aux publics bénéficiant de gratuités, qui ont donc la liberté d’y souscrire ou non [18]. En soustrayant cette somme du billet Château à 13,50€, le prix réel d’une visite de base à Versailles serait donc 7,50€… comme en 2005 [19] .

LE PASSEPORT AUGMENTE LES PRIX
Si, au regard du Code de la consommation, la pratique commerciale du forfait est régulière, elle peut ne pas l’être par son contenu et constituer alors une tromperie au sens de l’article L121-1 du Code de la consommation. Appliquée au Château de Versailles, par sa généralisation, elle s’oppose à l’une des missions essentielle de service public de l’établissement : y favoriser l’accès de tous par des prix abordables. Or, sous prétexte de faciliter la visite, on assiste, à Versailles, depuis moins de dix ans à une augmentation ahurissante du droit d’entrée par le biais de la forfaitisation, l’administration du Château s’efforçant d’imposer comme la norme la formule de visite la plus chère.

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Galerie des Glaces, Versailles, avril 2009 © Louvre pour tous

C’est en 2000, sous la présidence de l’énarque Hubert Astier (1997-2003) que la formule « Passeport un jour » était lancée, permettant d’accéder pour 20€ à tous les espaces du domaine ouverts à la visite libre. Ceux-ci, éparpillés sur plusieurs hectares dans le domaine de Versailles, étant plus nombreux qu’aujourd’hui : Grands Appartements du château, musée de l’Histoire de France, musée du Parlement, musée des Carrosses dans la Grande Ecurie de l’autre côté de la place d’Armes, jardins historiques autour du château, Grand & Petit Trianon à 1,5km de là [20].

Hubert Astier, ex-conseiller de plusieurs ministres de la Culture de droite, secteur dont il fut un temps secrétaire national au RPR [21], n’avait pas pour habitude, dans ses déclarations publiques, d’user de la langue de bois. C’est bien lui qui déclara au sujet de Versailles : « l’établissement public vit vraiment dans une logique d’entreprise privée » [22] ! Contrairement à ses successeurs, il ne cherchait pas à enrober ses choix pragmatiques sous de nobles prétextes, c’est le moins qu’on puisse dire.

Or, selon ce patron décomplexé, le « Passeport un jour » n’avait pas été créé pour offrir aux visiteurs qui le souhaitaient l’accès à l’ensemble du domaine de Versailles mais plus prosaïquement pour renflouer les caisses de l’établissement en mal d’argent [23]. Car, effectivement, vouloir profiter en une même journée de tous les espaces de visite inclus alors dans le Passeport était matériellement impossible. Ce qui devait constituer ce qu’on appelle dans le langage courant une « tromperie sur la marchandise », d’autant plus qu’il semble que le Passeport, entre 2000 et 2002, était même plus cher que la somme des espaces proposés à la visite, ce qui constituait sans doute une seconde infraction.

Savamment présentée, la formule, pour des publics en situation de faiblesse car essentiellement étrangers donc peu à même d’en discuter l’intérêt et la plupart du temps ignorant l’étendue du domaine, ne pouvait que rencontrer le succès. D’autant que la formule offrit pendant longtemps l’appréciable avantage d’être coupe-file, curieuse manière de régler le problème des files d’attente aux caisses, problème infernal à Versailles. Pendant des années, grâce au Passeport, les plus fortunés purent passer devant les plus pauvres condamnés à faire parfois la queue durant des heures, dehors, par tous les temps. Ce privilège achetable contrevenait clairement au principe d’égal accès de tous à un service public. Imaginerait-on, aux urgences d’un hôpital, un passe-droit pour les plus riches [24] ?

Qu’importe, le Château misa sur ce nouveau produit qui, dès sa première année, rapporta à l’établissement plusieurs millions d’euros [25]. Pourquoi renoncer à une telle manne dans la nouvelle logique de dirigeants devenus essentiellement gestionnaires ?

En 2001, façon de rendre l’offre encore plus incontournable, un partenariat était scellé avec la SNCF qui proposera à ses guichets, jusqu’en 2008, le « Forfait Loisirs - Château de Versailles » comprenant le billet aller-retour Paris-Versailles et le « Passeport un jour » par un personnel spécialement formé pour le vendre [26]. De même, on pourra l’acheter en amont via la FNAC et la RMN.

En 2003, succédant à Hubert Astier à la présidence du Château, Christine Albanel, ex-plume du président Jacques Chirac, poursuivit la même stratégie commerciale que son prédécesseur. On pourrait dire même en l’aggravant puisque sans souci aucun de démocratisation. En 2004, pour quatorze mille euros, une caisse dédiée à la vente exclusive du Passeport était installée le long du pavillon Gabriel dans la cour d’Honneur du château « afin de favoriser l’impact coupe-file de ce produit qui constitue l’un de ses principaux intérêts » tandis que bannières et panneaux étaient installés en amont des circuits de visite du domaine pour vanter les mérites de la formule. Le personnel d’information et de caisse était envoyé en formation « vente-conseil » pour savoir en démontrer tous les avantages [27]. Enfin, le Passeport était mis en avant sur tous les supports de communication du Château, en tête de liste des formules de visite : dépliant, brochure, panneaux en caisse… ce qui est toujours le cas.

Vers l’extérieur, une campagne de communication autour de ce produit était menée auprès des agences de tourisme et de la presse [28] ; des espaces publicitaires étaient achetés pour toucher des publics ciblés comme sur le plan des Galeries Lafayettes en direction des touristes asiatiques et russes [29].

En clair, l’établissement organisait ni plus ni moins qu’une mise en concurrence interne - en l’occurrence déloyale [30] - entre ses différents formules de vente, en vue d’attirer vers la plus chère le maximum de clients qu’il serait indécent d’encore appeler, dans ce contexte, usagers [31]. En 2003, la concurrence se fit également sentir du côté des visites de groupe organisées par les « excursionnistes », en nette diminution car « moins attractives » pour les publics européens du fait de la formule Passeport vendue par le Château [32].

En 2005, résultat de cette stratégie marketing intensive, la direction de l’établissement pouvait crier victoire en se félicitant du niveau record des ventes de la formule Passeport « grâce aux efforts d’information et de vente consentis par les chargés d’information culturelle et les caissiers-contrôleurs du château » avant de conclure : « Ce constat devrait conduire l’Établissement public à généraliser ces billets de type »forfait« qui ont l’avantage de faciliter aux visiteurs l’accès aux différents circuits (billets coupe-file), de simplifier la gestion de l’accueil et de générer de substantielles recettes ». On mesure le poids de ce dernier argument.

Un cri de victoire qui, au sein de l’établissement, n’était pourtant pas partagé par tous puisque la CGT Château de Versailles n’hésitait pas à qualifier le Passeport, dans son bulletin, de « grande arnaque sachant que beaucoup de parties du Château sont fermées soit par raison saisonnière, soit (le plus souvent) par manque d’effectif » ce dont ne se vantait pas la direction [33]. De ce fait, pour le syndicat, la généralisation du « fameux passeport » ne pouvait qu’entraîner qu’« un large mécontentement des visiteurs » dont le personnel, comme d’habitude, ferait les frais. Plus grave, la CGT dénonçait le manque d’information des usagers achetant le passeport via la SNCF affirmant notamment que « trop souvent les enfants et les personnes handicapées payent le tarif plein, alors qu’ils ont la gratuité de l’accès aux collections » [34] !

Enfin, côté satisfaction du public, comme on pouvait le supposer, c’était plutôt l’échec avec, en 2004, seulement 40% des détenteurs du Passeport s’étant rendus, au cours de leur journée de visite, jusqu’aux Trianons, soit 60% de visiteurs qui, certainement faute de temps ou morts de fatigue, avaient renoncé à « rentabiliser » leur billet [35].

Ce constat négatif ne freina en rien la direction du Château qui, en 2006, à l’occasion d’une « profonde modification de sa grille tarifaire dans le sens d’une forfaitisation et d’une plus grande simplification » censée répondre « à des attentes fortes »(sic) du public, ne devait donc plus proposer que trois formules de visites intégrant toutes l’audioguide comme on l’a vu, entraînant au minimum un doublement des prix et, dans la foulée, rendant payants en haute saison les jardins de Trianon : un billet Château à 13,50€ (8€ avant juillet 2006, 7,50€ en 2005), un billet Domaine de Marie-Antoinette à 9€ (5€ pour les Trianons et jardins gratuits en 2005) et un passeport Château + Domaine de Marie-Antoinette à 20€ (25€ en week-end avec Grandes Eaux).

Or, en 2006, le Passeport, maintenu au même prix depuis son origine, couvrait pourtant trois fois moins d’espaces de visite : les musées des Carrosses et du Parlement avaient fermé, le musée de L’Histoire de France, faute de personnel, était rarement accessible et les jardins historiques, payants depuis 2002, étaient redevenus gratuits, « les revenus [étant] trop faibles au regard des coûts de fonctionnement » [36]. Résultat, à 20€, le Passeport était beaucoup plus cher que la somme des espaces visitables ( Château 8€ / Grand et Petit Trianon 5€). Probablement pour lui assurer une apparence de compétitivité, on le gonfla artificiellement en y intégrant en 2005 l’audioguide (6€), puis, en 2006, le pseudo nouvel espace de visite Le Domaine de Marie-Antoinette qui justifia d’augmenter l’entrée des deux Trianons de 5 à 9€ [37]. Ainsi le Passeport à 20€ pouvait apparaître gagnant par rapport aux offres cumulées (tarifs 2006) du Château / Audioguide (13,50€) + Domaine de Marie-Antoinette (9€).

Si, aujourd’hui, en 2009, le Passeport ne nous semble plus constituer, comme à son lancement, une tromperie de par la diminution des espaces à visiter, cela n’est vrai que si le visiteur arrive tôt le matin comme il lui est conseillé sur la réservation en ligne depuis le site Internet du Château [38]. Mais on peut s’interroger sur la pertinence et la légalité de continuer à vendre la formule l’après-midi jusqu’à 15h, soit trois heures trente avant la fermeture des lieux [39]…

D’ailleurs, d’eux-mêmes, certains caissiers ou chargés d’information culturelle refusent « en secret » d’en faire la promotion au-delà de midi, estimant que c’est du « vol » ce en quoi on ne peut que leur donner raison [40].

On le voit, depuis sa création, le Passeport est non seulement « le sésame qui ouvre la porte à trois cents cinquante ans d’histoire » comme le vante sa publicité mais surtout une formidable « pompe à fric » pour l’établissement, formule qui ne profite pas toujours aux visiteurs, loin s’en faut. Tout sauf service public.

LA SITUATION SOUS AILLAGON
Malgré toute l’estime que nous avons pour Jean-Jacques Aillagon, pas seulement pour l’attention bienveillante qu’il a bien voulu nous témoigner à plusieurs reprises mais pour le souffle culturel certain qu’il donne à Versailles, force est de constater que depuis sa prise de fonction à la présidence du Château en juin 2007, la politique commerciale initiée par ses prédécesseurs ne s’est pas infléchie. Loin de là. S’éloignant toujours un peu plus de sa mission de service public, le domaine de Versailles devient de plus en plus cher, de moins en moins accessible au plus grand nombre, avec une offre tarifaire se complexifiant avec certaines formules semblant contrevenir au Code de la consommation.

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Cour d’honneur, Versailles, mai 2009 © Louvre pour tous

C’est d’autant plus fâcheux que cela va à l’encontre des promesses contenues dans le projet Grand Versailles lancé en 2003 par le ministre de la Culture de l’époque qui avait nom Aillagon, notamment pour « mieux accueillir les publics avec une offre de visite plus large et plus lisible, et une simplification des modalités d’accès » comme il le rappelait lui-même lors de sa première conférence de presse en tant que président du domaine de Versailles en décembre 2007 [41]. Mieux, la restitution contestée de la fameuse grille Royale devait constituer « la clef de voûte du redéploiement de l’accueil du public au Château puisque, dans le cadre des travaux du Grand Versailles, les entrées principales seront regroupées et se feront par les deux pavillons monumentaux :pavillon Gabriel pour les groupes et pavillon Dufour pour les individuels ». Or, au niveau des files d’attente, trois jours sur six d’ouverture, en haute saison, cela reste l’enfer. Les week-ends et les mardis, jour de fermeture des musées parisiens, il n’est pas rare de constater des files d’attente de deux heures avant de pouvoir atteindre les caisses pour encore deux heures d’attente avant d’entrer dans le Château, y compris pour les personnes ayant acheté leurs billets en amont, par exemple sur Internet [42].

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Baraquement provisoire, pavillon Dufour, juillet 2008 © Louvre pour tous

Pourtant, en juillet 2008, dans l’attente de la libération prochaine d’espaces dans le pavillon Dufour, y était accolée une structure en bois provisoire très design censée « abriter deux cent personnes à la fois qui bénéficient de conditions d’accueil plus confortables, notamment une diminution du temps d’attente, une offre complémentaire de services et une protection contre les intempéries et le soleil ». L’auteur de ces lignes extraites de la conférence de presse de J.-J. Aillagon 2009 devrait recevoir une palme de la fiction littéraire tellement la réalité est à l’opposé de sa description, ayant expérimenté le dispositif nous-même plusieurs fois. Mi 2009, des caisses manuelles et automatiques ainsi qu’un comptoir d’information étaient installées dans l’Aile des Ministres Sud sans rien résorber non plus. D’autres travaux prévus dans cette aile et la libération définitive d’espaces dans le pavillon Dufour permettront-ils d’enrayer le phénomène ? Si on l’espère, on en doute [43].

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File d’attente et entrée Aile Ministre Sud, juillet 2009 © Louvrepourtous

En novembre 2008, la commercialisation du domaine s’est intensifiée avec la mise en paiement toute l’année désormais des jardins du Petit Trianon suivis par ceux du Grand Trianon en avril 2009 tandis que le billet Domaine de Marie-Antoinette incluant l’ensemble augmentait de 12 à 20% selon la saison tout en étant fermé le matin [44]. Autre extension de la commercialisation du domaine, l’accès au Bassin de Neptune, au pied du parterre Nord, devint payant les week-ends d’avril à octobre 2009, durant les Grandes Eaux Musicales (8€) se tenant dans les jardins historiques du Château. Grandes Eaux prolongées cette année les mardis de mi-mai à juin suivis des Jardins Musicaux (sans grandes eaux mais toujours à 8€) jusque fin septembre « pour répondre à une demande des voyagistes, soucieux de profiter de la fermeture des musées parisiens » ce jour-là [45]. Cette dernière manifestation, inédite, est un véritable scandale puisque son caractère payant n’est justifié que par la musique diffusée par des baffles déjà en place pour les Grands Eaux Musicales, habile manière pour rendre peu à peu les jardins payants et à un prix très élevé.

Si l’on peut s’insurger de voir peu à peu les jardins devenir payants à Versailles au nom d’une très ancienne tradition, on peut aussi s’étonner de devoir payer au final deux fois si l’on considère que leur coût est déjà inclus dans les droits d’entrée divisés en deux grandes saisons, le tarif Basse saison en étant inférieur à celui Haute saison se justifiant par des jardins ne révélant toute leur splendeur qu’aux plus beaux mois de l’année.

Cette éradication de la gratuité d’accès aux jardins qui ne va pas sans protestions est d’autant plus inquiétante qu’en ce qui concerne le Petit Parc (les jardins historiques entourant le château), elle s’accompagne d’une privatisation progressive de l’espace public, les Grandes Eaux Musicales comme les Jardins Musicaux du mardi lancés cette année n’étant pas des offres de l’établissement lui-même mais des manifestations proposées par la société de droit privé Château de Versailles Spectacles créée en décembre 2003 par C. Albanel, société « chargée de la réalisation, de la promotion et de la commercialisation de spectacles et manifestations sur le site du château, du musée et du Domaine National de Versailles. » qui en est l’unique associé [46].

De fait, les réductions et gratuités ayant cours au Château en tant que musée public ne s’y appliquent plus, ou seulement selon le bon plaisir de ses dirigeants, différenciant chaque manifestation sans aucune logique autre, imagine-t-on, que financière [47].

Encore plus inquiétante, la possibilité merveilleuse de faire une « visite nocturne » du Château certains samedis de juin à septembre, entre 18h30 et 21h, grâce à la formule « Parcours du Roi » est proposée par Château de Versailles Spectacles au tarif exorbitant de 15€. Soit deux fois plus cher que le même circuit en journée (13,50€) puisque sans l’audioguide (6€) ! Rappelons que les Nocturnes proposés dans les grands musées comme le Louvre ou Orsay sont à un tarif inférieur à celui de la journée. A Versailles, la visite se déroulant dans les Appartements du Roi qui constituent une partie des collections permanentes du Château est abusivement assimilée à un spectacle. Ainsi elle échappe à l’ensemble des réductions et gratuités pratiquées dans ces mêmes espaces en journée, comme celle, par exemple, accordée depuis peu aux jeunes européens de moins de 26 ans et aux enseignants [48].

Si l’on admet que les Grandes Eaux constituent traditionnellement, à Versailles, un spectacle à part entière, conférer ce statut au Parcours du Roi, visite ordinaire du Château mais en soirée, ainsi qu’aux pompeusement nommés Jardins Musicaux par la simple présence de musique diffusée par baffles est inadmissible et constitue une dangereuse entorse à l’accès d’espaces muséaux publics.

[Paragraphe rajouté le 24.07.09] - De même, on peut s’interroger sur la fermeture quasi permanente du musée des Carrosses pourtant toujours bel et bien existant, inaccessibilité qui contrevient aux missions essentielles de l’établisssement public. Ce musée créé en 1851 par Louis-Philippe en même temps qu’il décidait de l’aménagement du château en musée de l’Histoire de France se situait à l’origine à Trianon. En 1985, on le transféra en face du Château, de l’autre côté de la place d’Armes, dans la Grande Ecurie construite par Jules Hardouin-Mansart entre 1679 et 1685, splendides galeries voûtées abritant autrefois les écuries de selle du roi et de la Cour. La collection comprend aujourd’hui 600 véhicules et objets des XVIIIe et XIXe siècles : carrosses, berlines, traîneaux, chaises à porteurs, harnachements, selles... Ces dernières années, ce musée, malgré des restrictions de visite aux seules après-midis de week-ends, était cependant ouvert toute l’année au public au tarif de 2€. En 2006, sous Albanel, l’administration, s’asseyant sur ses obligations statutaires, annonça donc son intention de le fermer complètement au public « en raison de sa faible fréquentation » [49]. Ce qui advint en 2007. Depuis, il est ouvert très exceptionnellement, lors des Journées du Patrimoine par exemple, six jours en 2009 [50]. Pourtant le lieu est toujours entretenu et l’activité muséographique continue sous la houlette d’un conservateur en chef qui lui est spécifiquement attaché en la personne de Chantal Waltisperger : restaurations d’objets (le traîneau « aux Roseaux » et harnachements en 2006, six selles en 2007), inventaire des collections jamais réalisé jusque là mené depuis 2006, mises au point de nouveaux supports de présentation, recherches historiques... Tout un travail dont le public ne profite pourtant pas.

Autre dérive, la complexification des formules de vente. Si nous sommes sévère sur le passage de C. Albanel à la présidence du Château, la grille tarifaire mise en place en 2006 avait au moins le mérite de la simplicité avec ses trois formules de base. Aujourd’hui, on en dénombre plus de dix compte tenu des différentes possibilités incluses dans chacune d’elles dont le nombre a doublé sans vraiment de logique. Cela rend illisible l’offre tarifaire du domaine et extrêmement difficile les efforts d’explication du personnel pour des visiteurs venant du monde entier [51], ce qui aggrave certainement le phénomène monstrueux des files d’attente évoquées plus haut et le renoncement à venir de certaines personnes.

Ce à quoi il faut ajouter des formules d’abonnement annuel restreint à certains espaces du domaine (Domaine de Marie-Antoinette 30€, Petit Parc 20€), le Château se refusant à faire la promotion de la carte de membre de la Société (reconnue d’utilité publique) des Amis de Versailles qui permet pourtant d’entrer librement durant un an au Château, au Domaine de Marie-Antoinette et dans les jardins pendant les Grandes Eaux (prix de base : 60€), plus un certain nombre d’autres avantages, et dont le coût contribue depuis cent ans à des actions d’intérêt général comme la restauration et l’enrichissement des collections du domaine.

Pour les publics bénéficiant de gratuités et de réductions, nous l’avons vu, c’est une véritable jungle puisque, selon les formules émanant soit de l’établissement public soit de Château de Versailles Spectacles, les critères d’application diffèrent sans aucune logique apparente.

Enfin, en 2009, un nouveau pas a été franchi avec l’impossibilité de visiter l’exposition « Fastes de Cour » sans acheter le billet conjoint Château, ce qui en explose le prix et constitue probablement, comme nous l’avons montré en début d’enquête, une infraction au regard du Code de la consommation.

Dans ce quasi chaos, le Passeport à 20€ continue d’être le produit phrare du domaine et, jusqu’en 2008, ses détenteurs bénéficiaient toujours d’une entrée prioritaire par le Pavillon Dufour quand les visiteurs à billet simple devaient entrer par le Pavillon Gabriel. Courant 2009, sans qu’on sache la raison réelle de cette décision, l’égalité (devant les files d’attente) a été rétablie puisque tous les visiteurs individuels pénètrent désormais par cette dernière entrée. Cependant le Passeport reste vendu jusqu’à 15h sans que les visiteurs ne soient officiellement dissuadés de l’acheter quelques heures seulement avant la fermeture des lieux.

Ainsi, le Passeport, fer de lance d’une stratégie mercantile, continue inexorablement sa progression. Cependant, malgré les efforts acharnés de promotion, il ne parvient pas à supplanter la vente de billets simples restant largement majoritaires (en 2007, 2 495 110 billets Château pour 526 095 Passeports) démontrant le relatif intérêt du public pour ce produit. Qu’en serait-il sans promo ?

Passeports 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
En nombre 37 969 52 418 171 240 201 685 266 549 402 290 426 427 526 095
Chiffres émanant des rapports d’activité du Château de Versailles

Au regard de l’augmentation de ventes de billets, l’agressive politique commerciale menée depuis dix ans semble avoir porté ses fruits, question vitale pour un établissement sommé de vivre sur ses ressources propres. En 2007, les droits d’entrée, toutes formules confondues, représentaient 75 % des recettes de fonctionnement de l’établissement quand leur volume avait augmenté de 17 % par rapport à 2006 et de 39 % par rapport à 2005 [52].

Bien sûr, la présidence du Château ne manquera pas de souligner que les recettes récoltées grâce aux entrées n’enrichissent personne et profitent avant tout aux visiteurs en étant investies dans l’organisation d’expositions ou dans des chantiers de restauration [53] Certes mais quid de sa mission essentielle de démocratisation ? Les visiteurs ne sont-ils pas des gogos quand on les force à acheter des services que, peut-être, ils ne désirent pas ? Où est la mission de service public ? Enfin, quand cette course à l’augmentation des recettes se fait hors la loi comme nous le pensons, on peut penser que le système est dévoyé.

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Versailles, côté Jardins, avril 2009 © Louvre pour tous

Un descriptif de la situation tarifaire en 2009 ne serait pas complet sans évoquer les frais annexes à la visite, notamment les moyens de transport mis à la disposition des visiteurs dans l’enceinte du Petit Parc et qui permettent de se rendre jusqu’aux Châteaux de Trianon : petit train et voitures électriques (les deux sont, ceci dit en passant, extrêmement laids). Indispensables pour les personnes à mobilité réduite, handicapées ou âgées, ces frais sont à leur charge malgré des réductions accordées [54]. Est-ce normal pour un service public alors que dans le même temps il faut reconnaître que le domaine a fait beaucoup d’effort pour faciliter la visite des personnes handicapées en général [55] ? Que ces services soient sinon payants – on peut le comprendre d’autant qu’il s’agit de concessions privées – mais encore faudrait-il en informer clairement les visiteurs, ce qui n’est pas le cas ni sur le plan d’orientation général, ni sur le guide 2009-2010, ni sur le site Internet du Château. D’autre part, il semble que les détenteurs du Passeport bénéficient d’une réduction sur le petit train ce qui constituerait une entorse au principe d’égalité à un service proposé par un établissement public, fut-il délégué à un privé. Enfin, ces services ne sont pas accessibles librement durant les Grandes Eaux, l’accès des Jardins devenant alors payants.

DÉFAUT D’AFFICHAGE OU PUBLICITÉ MENSONGÈRE ?
Nous avons souvent dénoncé les problèmes d’information au Château de Versailles, notamment au niveau du Domaine de Marie-Antoinette en relevant, par exemple, jusqu’à trois horaires différents de visite selon le support d’information, problèmes récurrents que confirme la chargée d’information culturelle interviewée. Si, pour un service public, cela traduit un manque certain de respect de l’usager, au regard du Code de la consommation, cela constitue ni plus ni moins qu’une infraction pénale pouvant aller du défaut d’affichage [56] jusqu’à la publicité trompeuse ou mensongère [57].

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Grille du Château de Versailles, avril 2009 © Louvre pour tous

Résultat d’une désorganisation chronique des services ou volonté délibérée de tromper le visiteur, nous ne saurions rien affirmer mais force est de constater que la question est toujours d’actualité, même avec le nouveau site Internet du Château à l’élégante interface en fonction depuis le 9 juin dernier [58]. En tout état de cause, cela reste indigne d’un établissement d’une telle notoriété.

La liste serait longue d’irrégularités relevées. Nous nous bornerons à citer ici quelques exemples. Sur place, nous avons constaté, comme à peu près dans tous les musées, l’absence d’affichage, dans l’entourage des caisses (aussi bien dans l’Aile des Ministres Sud qu’au rez-de-chaussée du Château), de la liste des gratuités et réductions accordées à certains publics. En revanche, cette liste est bien disponible au format PDF sur le site Internet du Château de façon assez lisible, depuis le page Billets et tarifs, à l’exception de la situation lors d’exposition temporaire tarifée comme Fastes de Cour qui n’est pas renseignée, peut-être parce qu’aucun public si ce n’est les enfants de moins de dix ans n’échappe au tarif plein [59] ! Pire, durant toute la durée de cette exposition, la page Réservation en ligne informait faussement que ces gratuités s’y appliquaient tout en laissant entendre que l’autre exposition Guerre sans dentelles était payante pour tous alors que, comme on l’a vu, elle avait été finalement incluse dans le billet d’entrée au Château. Pour cette dernière exposition, le site Internet n’indique désormais aucune condition de visite (corrigé sur le site le 09.07.09 après la publication de notre enquête mais pas sur la réservation en ligne) !

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Site Internet du Château, juin 2009 © DR

Enfin, sur le site Internet du Château, on peut s’étonner que les réductions horaires applicables à tous (après 15h pour le Château, après 16h pour le Domaine de Marie-Antoinette) n’apparaissent pas directement sur la page Billets et tarifs sous le tarif plein comme c’est le cas sur les panneaux en caisse où est affichée d’ailleurs une liste incomplète des formules d’entrée par rapport à celle mise en ligne [information corrigée sur le site Internet vers le 05.11.09].

L’information se complexifie du fait de l’offre parallèle de « prestations » émanant non de l’établissement public mais de la société privée Château de Versailles Spectacles qui, pour les gratuités et réductions, applique des dispositions différentes pour chacune d’elles, comme nous l’avons évoqué plus haut, information que l’on ne peut trouver que sur son propre site Internet www.chateauversaillesspectacles.fr. Ainsi, rien que pour la formule Parcours du Roi, nous avons eu trois sons de cloche différents selon le support : par téléphone, par mail, sur Internet.

De même, le tarif des Grandes Eaux Musicales (8€) ne se trouve pas sur le site Internet du Château mais sur celui de Château de Versailles Spectacles. Sur le site du Château, ce spectacle n’apparaît qu’inclus au Passeport Week-end (25€), ou pour les bénéficiaires de gratuités qu’avec le Forfait culturel Grdes eaux/Jardins musicaux et Audioguide (10 €), ce qui induit les internautes en erreur.

Pour obtenir une information précise, le site Internet reste au final très confus, confusion aggravée donc par cette bicéphalité de l’offre établissement public / société de spectacles. Tous deux possèdent d’ailleurs deux numéros de téléphone distincts auxquels on vous renvoie de l’un à l’autre quand on vous ne donne pas des infos contradictoires, celui du Château de Versailles aboutissant d’ailleurs de manière assez inattendue dans un centre d’appels à Poitiers. Le témoignage publiée d’une visiteuse en recherche d’information est suffisamment éclairant pour que l’établissement s’inquiète vraiment.

Autre problème d’information à Versailles, l’absence d’affichage d’une liste des espaces fermés « exceptionnellement » à la visite comme le musée du Louvre le pratique. Exemple : les galeries de l’Histoire de France (c’est quoi exactement ?) qui font partie de l’offre générale de visite de Versailles mais qui sont, en partie, pratiquement toujours fermées, la Galerie des Batailles étant exceptionnellement accessible avec l’exposition Guerre sans dentelles. D’ailleurs les galeries de l’Histoire de France n’apparaissent pas dans le billet Château sur la réservation en ligne alors qu’elles sont notées sur le dépliant Plan d’orientation.

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Hameau de la Reine, Versailles, février 2008 © Louvre pour tous

Au Domaine de Marie-Antoinette, des bâtiments indiqués comme « ouverts » sont en réalité très souvent fermés comme le Pavillon français à l’intérieur invisible derrière des volets de bois ou le Belvédère. Par manque de personnel de surveillance suppose-t-on. Outre le fait de ne pas informer les visiteurs de l’inaccessibilité d’éléments prévus à la visite, ce qui constitue déjà en soi un défaut d’affichage, le fait qu’ils le soient finalement plus souvent qu’exceptionnellement selon la formule consacrée, peut constituer une publicité trompeuse et mensongère. D’autant plus que l’accessibilité de ces éléments justifiait, selon la direction, la mise en paiement des jardins qui les abritent.

Le Domaine de Marie-Antoinette, invention marketing du temps de C. Albanel pour profiter d’un phénomène de mode, n’est qu’une zone de paiement incluant Grand et Petit Trianon ainsi que leurs jardins respectifs dont l’Histoire va de Louis XIV à Napoléon. L’appellation, en plus de brouiller la réalité historique – Domaine de Trianon aurait été à la rigueur plus juste – ajoute de la confusion quant à l’information délivrée aux visiteurs : horaires, accès, tarifs… Rien n’est clair. Et peut-être encore moins depuis que nos critiques ayant été prises en compte sur l’absurdité historique d’associer le Grand Trianon à la personne de Marie-Antoinette, son nom est désormais cité en plus du Domaine alors qu’il y est, administrativement, inclus. Il faudrait supprimer ce nom Domaine de Marie-Antoinette.

A cette confusion disons structurelle, s’ajoute une réelle désinformation au sujet des éléments visitables dans le Domaine de Marie-Antoinette et ce, depuis sa création en 2006. Pour les personnes qui ne connaissent pas les lieux, dépliants et site Internet laissent à penser que les fabriques dispersés dans les jardins ne seraient pas visibles en basse saison en n’étant pas explicitement cités comme en haute saison, ce qui est totalement faux.

RÉPRESSION DES FRAUDES ET COUR DES COMPTES
En conclusion, au cours de cette longue enquête, devant la quantité d’anomalies constatées susceptibles de constituer autant d’infractions à la loi – atteintes à ses missions de service public et pratiques commerciales trompeuses selon le Code de la consommation - nous avons décidé de saisir conjointement la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DCCRF) et la Cour des comptes, avec information au ministère de la Culture et à la présidence du Château de Versailles [60] . Nous espérons ainsi déclencher une enquête publique sur ces différentes pratiques et s’il s’avérait que certaines sont bien illégales, qu’elles soient remplacées par de nouvelles, respectueuses des visiteurs et de la loi.

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Escalier de la Reine, Versailles, avril 2009 © Louvre pour tous

D’ores et déjà, nous demandons la révision de la grille tarifaire de l’établissement public du domaine de Versailles et de Trianon : 8€ pour le billet Château au niveau des prix pratiqués dans les autres grands musées nationaux [61], 5€ pour le Billet Grand et Petit Trianon, 8€ pour une exposition temporaire séparée, audioguide en supplément, mise en place d’une visite nocturne du Château par l’établissement public à tarif réduit pour tous, suppression de la manifestation Parcours du Roi et gratuité de la manifestation Jardins Musicaux comme l’accès à tous les jardins. Libre ensuite au Château de proposer des forfaits cumulant plusieurs prestations à l’avantage des visiteurs. Enfin, nous demandons une information claire et complète sur tous les supports de communication du Château.

En saisissant la « Répression des fraudes » et la Cour des comptes, nous ne visons pas, si nos suspicions se vérifiaient, une condamnation pénale du Château de Versailles, ni de quel que musée que ce soit, certaines de ses pratiques se retrouvant ailleurs (Centre Georges Pompidou…) sans que, nulle part, il n’y ait, à notre connaissance, un tel cumul d’irrégularités. Pas plus que nous n’accusons Jean-Jacques Aillagon, actuel président du domaine, d’être personnellement responsable d’une situation dont il a hérité en partie. Mais, si nous estimons qu’il a insufflé un nouvel élan culturel au Château, force est de constater que la situation s’est aggravée sous son autorité.

Par notre action, nous voulons avant tout alerter les pouvoirs publics et l’opinion sur la dérive commerciale du plus précieux de nos musées et monuments, dérive qui, en allant à l’encontre de sa mission fondamentale de démocratisation culturelle, porte préjudice à tous ses visiteurs.

:: Bernard Hasquenoph |

:: Louvre pour tous | 9/07/2009 | 11:38 | 6 commentaires

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EN COMPLÉMENT


VOS COMMENTAIRES


16.02.2019 | OURO PRETO |

BONJOUR, Qu’en est-il de la responsabilité du Château et des services techniques quand j’ai effectué une chute violente en vélo sur la piste goudronnée entourant les grands bassins du parc ? Le 4 juin dernier (2018) les services techniques avaient placé une barre métallique en plein milieu de la piste,signalée à peine sur l’obstacle par une lisse blanche, invisible en sortie d’un double virage...Résultat : deux côtes cassées, hématomes sur tout le corps, 2 mois d’invalidité et vacances d’été foutues. J’ai réclamé via mon assurance un « precium doloris », avec à l’appui un dossier photos conséquent et une attestation d’une joggeuse qui a assisté à ma chute.L’assureur du château a fini, après maints échanges, par reconnaître une responsabilité partagée, ce que je n’accepte pas. Parmi les arguments avancés par leur assureur,le Château de Versailles est un domaine public, pour lequel s’applique un droit particulier me responsabilisant en cas d’accident. Ceci me paraît être extrêmement abusif.


13.01.2014 | dumP |

Que l’on paye à l’entrée ou non ça ne change rien. Si l’entrée était gratuite ça serait sur nos impôts ^^


9.04.2012 | Claudius |

Bonjour, Félicitations pour cet état des lieux concernant la visite du Château de Versailles. Quelle horreur. Je cherchais naïvement les zones d’accès (encore) libres du château mais je m’aperçois qu’au regard de votre article c’est peine perdue. Le château est devenu, lui aussi, le piège à touristes étrangers. Quel dommage. Les quatre heures de queue au départ, le manque d’information fiable et les tarifs finissent par calmer les plus téméraires. Ma petite famille et moi iront en forêt ou au bord de nos plages les week-ends à venir. Bien à vous.


2.01.2012 | gab |

La visite de belle maman pour les fetes fut l’occasion d’aller visiter ce château mais nous avons fait la GROSSE ERREUR de faire une réservation à l’avance. Nous pensions que cela nous permettrait de gagner du temps et / ou d’être sur une autre file d’attente : il n’en est rien. La file d’attente était de 2h dans le plus grand froid avec 2 enfants en maternelle. Et ces réservations internet (sur le site du château) ne pouvaient etre ni échangées / remboursées, ni vendues car nominatives. Résultat des courses : un visite dans un château bondé avec la peur de perdre des enfants qu’on ne peut porter sur la tete, en plus de ne pas avoir droit aux poussettes (et où j’ai attrapé une grippe de je ne sais quel continent) et des jardins invisitables. Si nous avions pu avoir un remboursement ou un échange, nous serions simplement revenu un autre jour dans de meilleures conditions afin de faire un visite agréable : leur business n’en a hélas que faire.

Visité en Décembre 2011

Bernard Hasquenoph / Louvre pour tous, le 3/01/2012, à 14:44 |

Merci Gab pour votre témoignage. Nous nous sommes permis de le poster également après l’article suivant qui le concerne encore plus directement : « Accueil du public, le chaos de Versailles »


26.04.2011 | Mag |

Que dire de la pratique plus que douteuse de vente de billets d’entrée sur internet ? Nous avons acheté 4 passeports d’une journée, (soit 100 euros !) et à la réception du mail de confirmation de commande, impossible d’imprimer nos billets suite à un problème informatique. Après avoir contacté le service client du château, nous nous sommes entendus répondre qu’effectivement leur site rencontrait un problème (mentionné nul part) et que nous devrons nous rendre à la caisse service clients internet pour obtenir nos billets. Malgrès le fait qu’une loi stipule que les clients qui commandent par correspondance disposent de 7 jours pour se rétracter aucune annulation ou remboursement n’est accepté par le château, nous devrons donc faire la queue alors que c’est ce que nous voulions éviter en passant commande sur le web !


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NOTES

[1] Loi n°2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, oeuvre de la ministre de la Culture Catherine Tasca du gouvernement Jospin.

[2] Code du Patrimoine, article L441-1.

[3] Néanmoins, c’est l’Etat qui prend en charge directement la rémunération des agents titulaires mis à la disposition de l’établissement et qui lui octroie des subventions lui permettant de financer ses investissements de fond (enrichissement des collections, travaux, restaurations...).

[4] Décret n°95-463 du 27 avril 1995 portant création de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles, article 6.

[5] Le conseil d’administration du château de Versailles, fixé par décret, est constitué, outre du président de l’établissement, de cinq représentants de l’Etat (le directeur des musées de France ou son représentant, le directeur du patrimoine ou son représentant, le secrétaire général du ministère chargé de la culture ou son représentant, le directeur du budget ou son représentant, le préfet des Yvelines ou son représentant) ; d’un conseiller d’Etat désigné par le vice-président du Conseil d’Etat et un conseiller maître désigné par le premier président de la Cour des comptes ; de cinq personnalités choisies en raison de leur compétence ou de leurs fonctions, dont une en raison de sa connaissance des publics des musées nationaux, désignées par arrêté du ministre chargé de la culture ; de deux membres des corps des conservateurs généraux ou des conservateurs du patrimoine, désignés par arrêté du ministre chargé de la culture, l’un parmi les conservateurs du musée de Versailles, l’autre parmi les conservateurs généraux chargés de mission à l’inspection générale pour les monuments historiques ; de trois représentants du personnel élus dans des conditions fixées par arrêté du ministre chargé de la culture ; du maire de Versailles. Décret n°95-463 du 27 avril 1995 portant création de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles, article 13).

[6] Décret n°95-463 du 27 avril 1995 portant création de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles, article17

[7] Décret n°95-463 du 27 avril 1995 portant création de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles, article 2.

[8] D’ailleurs, l’établissement le reconnaît explicitement dans ses conditions générales de vente en ligne, notamment dans son article 9.3 : « Conformément à l’article L 121-20-4 du Code de la Consommation, la vente de billets d’entrée dans un musée, assimilée à une prestation de services de loisirs... »

[9] Flou relatif si l’on se réfère à un arrêt du Conseil d’Etat qui, en 2001, donnant raison à un usager arguant du Code de la Consommation dans un litige avec un service public industriel et commercial, « prend pleinement en compte la nécessité d’assurer le respect, par les actes administratifs intervenant en matière de droit économique, de l’ensemble des règles, et pas seulement celles relevant du droit public, régissant les rapports des acteurs économiques entre eux » (Conseil d’Etat, Section, 11 juillet 2001, n° 221458, Société des eaux du Nord). Lire à ce sujet « L’usager d’un service public industriel et commercial est aussi un consommateur » par Benoit Tabaka, www.rajf.ogr | 13.07.01.

[10] « Il est interdit de refuser à un consommateur la vente d’un produit ou la prestation d’un service, sauf motif légitime, et de subordonner la vente d’un produit à l’achat d’une quantité imposée ou à l’achat concomitant d’un autre produit ou d’un autre service ainsi que de subordonner la prestation d’un service à celle d’un autre service ou à l’achat d’un produit. » Article L122-1 du Code de la Consommation.

[11] Tarifs des dernières grandes expositions en France : « Le Grand Monde d’Andy Warhol » au Grand Palais (11€), « Les Portes du Ciel » au Louvre (11€), David La Chapelle à la Monnaie de Paris (10€), Juliette Récamier à Lyon (8€), « Oublier Rodin ? » à Orsay (7,50€)...

[12] Faut-il pour autant faire payer un supplément ? pas si sûr.

[13] Pour exemple, le musée du Louvre présentait Les Portes du Ciel, accessible indépendamment des collections du musée. Deux offres étaient donc proposées : l’expo seule (11€) ou l’expo + musée (14€). D’autre part, le Louvre propose toute l’année des expositions plus petites, incluses dans la visite du musée sans jamais de supplément de prix.
En faisant nos recherches, nous réalisons que le Centre Pompidou est dans le même cas que le château de Versailles en ne permettant pas de s’acquitter du seul droit d’entrée pour la grande exposition du moment « Kandinsky » (12€) combinée de fait aux collections permanentes du musée d’Art moderne. A étudier...

[14] Dossier de presse de l’exposition.

[15] De même, le « Forfait culturel Exposition et Audioguide » à 7 € proposé aux publics exonérés du droit d’entrée pour accéder aux expositions, sans qu’il soit possible de ne pas souscrire à l’offre Audioguide, nous semble constituer une vente liée.

[16] La société anglosaxonne Antenna Audio se présente ainsi sur son site : « Depuis 20 ans, Antenna Audio est le principal fournisseur d’audioguidage et d’interprétation audiovisuelle pour les musées, les expositions, les sites historiques et les sites d’attractions touristiques de par le monde. Actuellement, nous distribuons chaque année plus de 20 millions de visites audio. Nous possédons un réseau de 16 bureaux en Europe, en Amérique du Nord et en Asie, et employons actuellement environ 350 personnes à plein temps. »

[17] Le Château de Versailles s’est prêté, en 2006, à une enquête du Baromètre des établissements culturels dont il ressortait que, « s’agissant de la forme des explications et informations, le public potentiel préférerait disposer d’une médiation sur le site, humaine (53% avec un conférencier) ou par audioguide (16%), plutôt que de s’en remettre à ses propres moyens (31%) » selon la présentation tendancieuse du Rapport d’activités de l’EPV Château de Versailles, 2006.

[18] En revanche, les publics bénéficiant de gratuités ou de réductions se voyaient imposer l’usage de l’audioguide pour pouvoir accéder à l’exposition « Fastes de Cour » avec le « Forfait culturel Exposition et Audioguide » à 7 €.

[19] En 2006, avant de passer à 13,50€, le billet était à 8€, ayant déjà été augmenté l’année précédente de 0,50€. Mais Versailles n’est pas le seul site culturel à imposer l’audioguide. D’autres établissements publics incluent désormais le service au prix du billet, même s’ils ne semblent pas nombreux, comme au musée de l’Armée aux Invalides, au musée du Moyen-Age/Cluny à Paris ou au château de Fontainebleau. Dans ces trois exemples, il s’agit bien d’un service supplémentaire et non d’un prêt gratuit puisqu’aux publics bénéficiaires de gratuité, on propose l’audioguide à 1€ la location. L’audioguidage est un service qui coûte très cher pour sa production et sa maintenance. Certains musées nationaux se tourneraient vers les collectivités territoriales ou les Conseils généraux pour le financer, nous ignorons lesquels. Mais est-ce légal pour autant ? Pas si sûr. Une chose est certaine, cela augmente le prix du billet pour le visiteur.

[20] Lieux inclus dans le Passeport (tarifs jusqu’en 2005) : Château (Grands Appartements, Musée de l’Histoire de France, Musée des carrosses) 7,50€, Grand Trianon & Petit Trianon 5€, Musée des carrosses 2€ (ouvert dans la Grande Ecurie en 1985 de l’autre côté de la place d’Armes, actuellement fermé), jardins payants en haute saison de 2002 à 2005 3€ (Petit Parc, 77 ha), Musée du Parlement 3€ (ouvert en 1995, fermé en mars 2006)

[21] N’en connaissant pas tous les aboutissants, nous ne nous étendrons pas sur les démêlés judiciaires qu’a connu M. Astier après avoir quitté la présidence du Château, précisément sur ses liens avec la société organisatrice de spectacles, les Productions du Roi Soleil (PRS), dirigée par sa compagne Caroline Courrière. Christine Albanel en arrivant à la présidence du Château rompit tout lien avec cette dernière société pour en créer une nouvelle : Château de Versailles Spectacles.

[22] « Comment j’ai réveillé Versailles » propos recueillis par Michèle Leloup, L’EXPRESS 31.07.03.

[23] « Comment j’ai réveillé Versailles » par Michèle Leloup, L’EXPRESS 31.07.03. Dans cette interview qui fait le bilan de sa présidence, Hubert Astier évoque « un manque à gagner d’environ 2,75 millions d’euros ». À la question de la journaliste qui lui demande « Comment l’avez-vous compensé ? », il répond « En lançant le Passeport à 20 euros, qui offre une visite complète du site sans attendre aux guichets, puis nous avons été obligé de faire payer l’entrée des jardins, à raison de 3 euros le ticket. Après un an d’exploitation, ces deux mesures ont renfloué les caisses de 4 millions d’euros ». On ne peut être plus clair.

[24] Les gratuités et réductions dont bénéficient certains publics dans les musées, créées comme des outils et des vecteurs de démocratisation culturelle, sont considérés en droit public comme des « discriminations » justifiées et dérogatoires au principe d’égalité de traitement entre usagers.

[25] Cf. note précédente.

[26] La SNCF a brutalement interrompu son partenariat avec le Château de Versailles fin 2008 déclarant y perdre de l’argent. La décision entraîna la colère non dissimulée de Jean-Jacques Aillagon qui, sur son blog le 14 janvier 2009, exprimait toute sa déception, évoquant « environ 200 000 billets par an » vendus par ce biais-là. Mais dans une lettre adressée à Guillaume Pepy, patron de la SNCF, il ramenait le chiffre à 156 000. Cf. « Le château de Versailles en veut à la SNCF » par Maxime Fieschi, LE PARISIEN | 19.01.09. Cependant, un partenariat perdure avec la SNCF mais avec la société Château de Versailles Spectacle pour une offre groupée Grandes Eaux Musicales et Nocturnes + train avec 25 % de réduction.

[27] La formation « vente-conseil » sera reconduite les années suivantes non seulement pour les caissiers mais aussi pour « une partie des chargés d’information culturelle »(sic), le personnel étant ensuite soumis à des entretiens d’évaluation «  afin d’être plus proche des réalités quotidiennes » (re-sic).

[28] « Un passeport contre les files d’attente. Pour les allergiques aux files d’attente et autres impatients, le château de Versailles propose désormais à ses visiteurs un » passeport un jour « … » in « Des attractions à Versailles » par M.S., LE PARISIEN Yvelines | 17.04.04.

[29] In Rapport d’activités 2003 : « Insertion d’une publicité présentant les avantages du passeport dans la version Asie/Europe de l’Est (Chine, Japon, Russie) du plan des Galeries Lafayette ». A moins d’être très bien renseignés, on ne voit pas comment ces publics pouvaient juger de la pertinence de cette formule de visite.

[30] Déloyale puisque l’effet coupe-file en servant clairement d’appât cherchait à détourner la clientèle susceptible de se contenter du billet basique. De même du fait que seul le Passeport était vendu dans le forfait SNCF.

[31] Le rapport d’activités 2006 reconnaît une concurrence en ce qui concerne les audioguides : «  Le billet passeport, qui donne accès à l’ensemble des circuits ouverts à la visite libre et à l’ensemble des commentaires audioguidés, a connu en 2006 une stabilisation de ses ventes. Cette stabilisation s’explique en particulier par la » concurrence « du billet château qui offre déjà l’accès à tous les circuits de visite du château avec audioguide ».

[32] Le rapport d’activités 2003 note : « En 1998, le bureau des Groupes en visite libre avait enregistré 42 507 réservations ; ce chiffre passe à 34 234 en 2003 soit une baisse de 19% ».

[33] TRAIT D’UNION n°24 par SCHADOV-CGT, mars 2006, compte-rendu du conseil d’administration de l’EPV du 10.11.05.

[34] Nous ne doutons pas que la direction ait, depuis, remédié à cette situation qui est aujourd’hui réglée, l’offre de la SNCF ayant été supprimée.

[35] Chiffre cité dans le Rapport d’activités de l’EPV 2004, p.111.

[36] RA EPV 2006.

[37] La direction du Château justifiait la mise en paiement du « Domaine de Marie-Antoinette » par notamment la protection des jardins restaurés et l’ouverture inédite d’espaces. La CGT Château de Versailles a une autre explication plus prosaïque et plus vraisemblable : « la Présidente décide de revenir sur la mise en paiement du petit parc, il sera à nouveau gratuit pour la saison 2006 ( ce qui correspond à la demande des versaillais). Par ailleurs, le dispositif se déportera au hameau de la Reine avec le pôle Marie-Antoinette. En clair on rétablit la gratuité au petit parc, pour instaurer le paiement sur le pôle Marie-Antoinette ! » Compte-rendu du CTP extraordinaire du 13 mai 2005, TRAIT D’UNION n°23.

[38] « Nous vous conseillons de venir sur le site dès le matin pour profiter pleinement de cette offre », peut-on lire.

[39] Sur place, le Passeport n’est réellement vendu que jusqu’à 15h parce qu’à partir de cette heure-là le billet Château passe au tarif réduit de 10€ et le Domaine de Marie-Antoinette à 6€ à partir de 16h. Cependant cette information n’apparaît nulle part.

[40] Enfin, pour profiter du Passeport à 25€ intégrant les Grandes Eaux, il faut avoir une connaissance fine des horaires d’ouverture des espaces et des animations, sachant que les principales mises en eau s’échelonnent entre 15h30 et 17h30 et que, depuis 2006, le « Domaine de Marie-Antoinette » n’est ouvert que l’après-midi, de 12h à 18h.

[41] Conférence de presse de J.-J. Aillagon, président du domaine de Versailles, 11.12.07.

[42] La lecture de la partie II de la conférence de presse 2007 - « Amélioration de l’accueil du public et des services » - est, de ce point de vue, plutôt édifiante. Sa première phrase est éloquente : « Recevant un public nombreux , le château de Versailles se doit de faire des progrès rapides et radicaux. Cette préoccupation majeure vise d’abord à limiter l’attente des visiteurs à ses différents points de passage : caisses, contrôles et accès. ». C’est tout le contraire qui se passe. Nous avons pu le constater nous-même en mai et c’est ce dont témoigne aussi la chargée d’information culturelle dans son interview.

[43] Dans son rapport d’activités 2007, le Château de Versailles rend compte, assez honnêtement, des résultats de moins en moins bons de l’enquête annuelle réalisée, depuis 2004, par le Comité régional du tourisme (CRT) Paris Ile-de-France sur l’accueil et l’information de 50 musées et monuments dont Versailles. Ces enquêtes sont réalisées à partir de visites-mystères menées par des enquêteurs du cabinet DMS comme cela se pratique dans le commerce. En 2006, le taux de conformité Qualité était globalement de 79%, de 73% en 2007. Versailles, sans révéler ses propres résultats, ce que se refuse aussi à faire le CRT pour chaque établissement, indique seulement, dans son rapport, qu’en 2007, le domaine se situait au-dessus de la moyenne : « Si les difficultés d’accès au musée ainsi que l’insuffisance des services sont pointées du doigt, les résultats de l’enquête sont particulièrement élogieux s’agissant de la qualité des dépliants d’aide à la visite, qualifiée d’excellente ». On ignore, en 2008, comment a été noté Versailles mais la note pour tous est encore en baisse selon le CRT qui indique un taux de conformation Qualité de 68%.

[44] A compter d’avril 2009, le billet d’entrée au « Domaine de Marie-Antoinette » a augmenté de 12% en haute saison, passant de 9 à 10€ quand le tarif réduit et le billet en basse saison augmentait lui de 20%, passant de 5 à 6€. Le tout pour un jour en moins de visite puisque depuis le « Domaine de Marie-Antoinette » est fermé le lundi comme le château, alors qu’il n’est déjà accessible à la visite que les seuls après-midis, y compris les jardins.

[45] « C’est reparti pour les Grandes Eaux musicales » par Matthieu Suc, LE PARISIEN Yvelynes | 04.04.09.

[46] Cette SASU (société par actions simplifiée à associé unique) dirigée actuellement par Laurent Brunner serait, selon La lettre de Nodula, bulletin juridique rédigé par le Cabinet d’avocats Roland Lienhardt spécialisé en droit de la Culture, ni plus ni moins qu’une société illégale !

[47] Quelques curiosités : les Grandes Eaux Musicales en journée accordent la gratuité aux moins de 10 ans alors que Grandes Eaux Nocturnes ne l’accordent que pour les moins de 6 ans quand les deux manifestations accordent un tarif réduit non pas à tous les jeunes de 18-25 ans mais aux seuls étudiants !
Informations du site Internet www.chateauversaillesspectacles.fr :
- Grandes Eaux Musicales : tarif réduit pour les moins de 18 ans, étudiants, familles nombreuses, détenteurs de la carte Vinci et un accompagnateur, invalides de guerre, personnes à mobilité réduite et un accompagnateur ; gratuit pour les moins de 10 ans.
- Grandes Eaux Nocturnes : tarif réduit pour les moins de 18 ans, étudiants, familles nombreuses, invalides de guerre, personnes à mobilité réduite et un accompagnateur ; Gratuit pour les moins de 6 ans.

[48] Parcours du Roi : gratuit pour les moins de 18 ans, demandeurs d’emploi, étudiants en architecture, histoire, histoire de l’art et archéologie, personnel Ministère de la Culture et un accompagnateur, membres adhérents des Amis de Versailles, journalistes titulaires de la carte de presse, personnes à mobilité réduite et un accompagnateur.
On voit bien au regard de cette liste de gratuités plus longue que celle appliquées par exemple aux Grandes Eaux que les dirigeants de l’établissement public et de la société privée de spectacles ont bien conscience de franchir la ligne jaune.

[49] « Compte rendu de la réunion sur les nouveaux circuits de visite et la nouvelle politique tarifaire en place au 1er Juillet 2006 » par le SHADOV-CGT, premier semestre 2006. Chiffres de fréquentations issus des rapports d’activités de l’établissement : 0 en 2007, 4 279 en 2006, 4 077 en 2005, 5 853 en 2004, 7 201 en 2003, 3 242 en 2002, 5 215 en 2001.

[50] Les 12 avril, 8 mai, 21 mai, 31 mai, 14 juillet, 15 août 2009, site Internet du Château.

[51] Le Passeport Haute saison, Le Passeport Basse saison, Le Passeport + Grandes Eaux, Le Château + Expo avant 15h, Le Château + Expo après 15h, Le Château avant 15h, Le Château après 15h, Le parcours du Roi, Les Châteaux de Trianon et Domaine de Marie-Antoinette Haute saison, Les Châteaux de Trianon et Domaine de Marie-Antoinette Basse saison, Les Châteaux de Trianon et Domaine de Marie-Antoinette après 16h, Le Château + Académie du spectacle équestre le jeudi, Le Château + Académie du spectacle équestre les week-end, Les Grandes Eaux Musicales, Les Grandes Eaux Nocturnes, Les Jardins Musicaux.

[52] R.A. Château de Versailles 2007.

[53] Encore que la programmation d’Art contemporain à Versailles reste discutable car non essentielle au domaine et des restitutions comme la grille Royale sont tout autant contestables. Dans les deux cas, si le financement par le mécénat reste majoritaire, une part non négligeable reste cependant à la charge de l’établissement.

[54] Parking payant devant le château, petit train Château-Trianons A/R 6€ (4,50€ pour handicapés, pas de tarif réduit pour les seniors), depuis 2004 véhicules électriques pour 4 personnes 30€/1h + 7,50€/ 15mn sup. (40% pour handicapé), voiture autorisée dans le parc 5€ (gratuit pour handicapés), vélos autorisés gratuitement, vélos en location 1⁄2h : 4.50 €,1h : 6.50 €…

[55] Participation à la mission « Culture et handicap » lancée en 2003 par le ministère de la Culture, création en 2004 d’un poste chargé des relations avec le public handicapé et comité de réflexion sur ces questions, formation « Accueil du public en situation de handicap » pour le personnel en 2005, offre culturelle spécifique avec visites conférences adaptées aux personnes sourdes et non ou mal voyantes, cheminement facilité depuis la place d’Armes jusqu’au Château à travers la cour d’honneur par une rampe d’accès, mise en place en 2006 d’un élévateur au parterre Nord, circuits de visite dans les jardins…

[56] « Tout vendeur de produit ou tout prestataire de services doit, par voie de marquage, d’étiquetage, d’affichage ou par tout autre procédé approprié, informer le consommateur sur les prix, les limitations éventuelles de la responsabilité contractuelle et les conditions particulières de la vente, selon des modalités fixées par arrêtés du ministre chargé de l’économie, après consultation du Conseil national de la consommation. » Article L113-3 du Code de la consommation.

[57] cf. Article 121-1 du Code de la consommation sur les pratiques commerciales trompeuses.

[58] J.-J. Aillagon le présente ainsi sur son blog : « Le nouveau portail de l’Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles est mis en ligne sur Internet. Réalisé par l’agence Nurun, il a bénéficié au cours des derniers mois, de la mobilisation de tous les services de l’Etablissement, et plus particulièrement, du travail et de la compétence du service nouveaux médias, dirigé par Laurent Gaveau sous l’autorité d’Ariane de Lestrange, service qui est à la fois le concepteur et le producteur de ce portail. Il ouvre de nombreux espaces d’informations et de prestations. C’est, en quelque sorte, » une nouvelle aile « du château qui s’ouvre ainsi ».

[59] Notre demande d’information à ce sujet précis, envoyée par mail le 22 mai à la direction des publics, est restée sans réponse.

[60] Si nous ne nous contentons pas d’adresser notre courrier à la direction du Château c’est parce que nous l’avons déjà fait par le passé en ce qui concerne le Domaine de Marie-Antoinette, sans recevoir aucune réponse de même qu’à certaines demandes précises à la direction des publics. Nos échanges publics avec M. Aillagon n’ont pas eu plus d’effets sur une modification de la politique commerciale de l’établissement.

[61] Musée du Louvre 9€, musée d’Orsay 8€, château de Fontainebleau 8€.



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