Très intéressante nouvelle exposition du Louvre-Lens, « L’Histoire commence en Mésopotamie » qui met en scène une civilisation plurimillénaire occupant grosso modo l’Irak actuel, qui a pétri nos imaginaires et nos savoirs plus qu’on ne le croit. Longtemps oubliée et légendaire, elle fut redécouverte au 19e siècle, suscitant choc et fascination, irriguant les arts jusqu’à aujourd’hui, de la peinture à la pop, en passant par la BD comme le rappelle le début très attractif de l’exposition. Attendez-vous à avoir « Rivers of Babylon » dans la tête.
Trop méconnue et empreinte de mystère, cette civilisation est pourtant à l’origine d’une multitude d’innovations et de concepts qui ont révolutionné l’humanité. On peut en dresser un inventaire à la Prévert : l’alphabet et l’écriture (avec le cunéiforme, qui se détache des idéogrammes), la division du temps (par soixante), les villes (son architecture est splendide, évoquée ici par la scénographie, par de très belles maquettes de palais et d’une superbe reconstitution 3D), le système administratif et les textes de lois (avec le Code de Hammurabi), mais aussi les rois, des mythes fondateurs repris ailleurs comme le déluge dans la Bible, sans oublier l’irrigation et la charrue qui vont bouleverser l’agriculture, les produits laitiers, le tissage, la roue, le tour de potier, la brique moulée, la voûte, les matières vitreuses, la bière et le vin !
L’exposition principalement constituée d’objets du Musée du Louvre parisien - qui, en 1847, ouvre le premier musée assyrien au monde, résultat des fouilles françaises pionnières en Irak - bénéficie également de quelques prêts d’autres musées, mais n’a pas été réalisée « en étroite collaboration avec le Musée national d’Irak » comme l’annoncait pourtant en 2015 le Président Hollande au Louvre-Lens même, où il est revenu cette année pour l’inaugurer.
Journée un peu bousculée, du fait de la visite, calée au dernier moment, du président de la République accompagné comme il se doit de la ministre de la Culture, Audrey Azoulay. Militaires dans les rues adjacentes, rares badauds dans les environs. François Hollande, un « président normal » qui nous restera invisible, du fait de conditions de sécurité maximales, état d’urgence oblige. La veille, on nous avait demandé de venir avec notre carte d’identité, sinon point d’entrée. Mais arrivés aux portes du bâtiment, même le personnel ne pouvait pas aller plus avant. Il nous aura fallu attendre dehors une vingtaine de minutes que le Président termine son discours. Heureusement qu’il faisait beau. On admira l’architecture et le parc paysager, pas si endormi pour la saison à voir cette prairie fleurie. Quand plus tard, nous nous retrouvâmes dans le grand hall avec d’autres invités en ce jour de vernissage de l’exposition, une haie de plusieurs dizaines de gardes du corps vint se dresser, regards déterminés et oreillettes discrètes, pour empêcher quiconque d’aller vers la Galerie du temps où l’on comprit qu’Il était. C’est alors qu’on vit passer en trombe Jack Lang, Monique à ses basques, pour le rejoindre.
Dommage, le célèbre bistrot friterie Chez Cathy, situé juste en face du musée, était fermé ce jour-là. Du coup, on nous a emmené déjeuner ailleurs, à un endroit tout aussi bien, où l’on a pu manger local. Vu aussi en face, l’ensemble de maisons ouvrières, clôturées par de larges panneaux, qui doivent être transformées en hôtel 4 étoiles. Non sans polémique puisque, propriété d’un bailleur social, les locataires furent priés de partir pour être relogés. Certains, âgés et là depuis des décennies, résistèrent un temps. Si l’on comprend la nécessité de doter les environs d’un parc hôtelier qui manque cruellement, traiter ainsi les habitants laisse perplexe.
Conditions du voyage de presse, selon notre règle de transparence :
Mardi 1er novembre 2016, sur invitation du Louvre-Lens : transport (train, taxi), visite guidée, déjeuner, tote bag avec documentation et goodies.