Première grande expo du Musée Unterlinden à Colmar après son total relooking par les architectes Herzog & de Meuron, « Otto Dix - Le Retable d’Issenheim » est un choc humain autant qu’esthétique. Otto Dix (1891-1969), ce peintre allemand trop méconnu en France, s’est confronté toute sa vie au Retable d’Issenheim, fleuron du musée, chef d’œuvre du début de la Renaissance placé à l’origine dans une commanderie pour malades et considéré comme l’ancêtre de l’Expressionnisme. Transposition, réinterprétation, réminiscence, technique picturale imitée même...
Des codes chrétiens du Retable, Dix le sceptique les transmute en messages universels. A rebours du courant de l’abstraction, sa peinture figurative est bouleversante d’humanité, souvent dérangeante pour l’œil et l’esprit, car traversée de tous les crimes et cris de la terrible époque qui fut celle de sa génération : horreur de la Première Guerre mondiale, refus du nazisme - considéré comme artiste « dégénéré », il est chassé de l’école où il enseignait et ses oeuvres retirées des collections publiques -, exil intérieur pour échapper à la répression... Enrôlé de dernière minute dans l’armée allemande, il se retrouvera prisonnier à Colmar où un lieutenant français le reconnaissant, adoucira sa condition, lui permettant d’aller peindre tous les jours dans l’atelier d’un artiste local... et de revoir le Retable. Après la guerre, Dix poursuivra une carrière singulière, reconnu aussi bien en RDA qu’en Allemagne de l’Ouest, repoussant toujours plus la frontière entre laideur et beauté, tradition et modernité. Pour une fois, la formule n’est pas usurpée.
En profiter pour visiter les très belles et riches collections de ce musée.
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5 octobre 2016, agence anne samson communications : train, visite guidée, déjeuner, catalogue et documentation.